
Sur cette photo prise le 13 juin 2023, des enfants syriens jouent entre des tentes dans un camp de réfugiés à Saadnayel, dans la Békaa. Photo : Anwar Amro/AFP
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé mercredi soir qu’il « sera contraint de mettre fin à (son) soutien aux frais d’hospitalisation des réfugiés au Liban d’ici à la fin de l’année 2025. La décision, communiquée à L’Orient-Le Jour par un communiqué officiel, est justifiée par « d’importantes réductions de financement ». Elle a aussi été confirmée par un porte-parole du ministère libanais de la Santé.
« Cette décision fait suite aux coupes progressives que nous avons dû appliquer dans le programme de santé au cours des dernières années », explique l’agence de l'ONU, en soulignant qu’elle est « douloureuse » mais inévitable, faute de « financement adéquat et durable ». « Nous ne pouvons pas dépenser des ressources que nous ne possédons pas », insiste-t-elle.
Le HCR se dit pleinement conscient des conséquences : « Nous savons que cela exercera une pression supplémentaire sur un système de santé déjà saturé, ainsi que sur la santé et le bien-être des réfugiés vulnérables à travers le pays. » Il affirme toutefois vouloir continuer à collaborer avec le ministère de la Santé « pour plaider en faveur de ressources supplémentaires et explorer des solutions alternatives lorsque cela est possible ».
En mai 2024, le HCR avait déjà annoncé une baisse drastique de ses dépenses liées à sa couverture médicale, indiquant que sa prise en charge ne concernait plus que les hospitalisations d'urgence, où « un risque immédiat pour la vie » était avéré, déjà en raison de la baisse des financements internationaux.
Aujourd’hui, le constat est alarmant : « En avril 2025, le HCR n’est financé qu’à hauteur de 20 %, et les perspectives pour 2026 sont déjà très sombres », alerte l’agence, qui déplore « une baisse des financements d’une ampleur et d’une rapidité inattendues ».
Malgré ce désengagement, le HCR conclut son communiqué en assurant qu’il « reste fidèle à son engagement de rester et d’agir au Liban ».
« Responsabilités humanitaires »
Selon la chaîne libanaise LBCI, le ministre de la Santé Rakan Nassereddine a réagi à cette annonce en soulignant la nécessité pour la communauté internationale de ne pas se soustraire à ses « responsabilités humanitaires », rapporte la chaîne LBCI. Le Liban ne s'est pas soustrait à ses responsabilités au cours des quatorze dernières années en dépit de ses crises financières, économiques et sécuritaires majeures.
« Il y a moins de trois mois, le Liban a connu une nouvelle vague de déplacements, ce qui maintient le nombre de réfugiés à un niveau très élevé par rapport à la taille du pays et à la capacité de son système de santé à supporter de nouvelles charges importantes », a déclaré le ministre, faisant référence à l'arrivée de plusieurs milliers de réfugiés, majoritairement de confession alaouite, fuyant les tueries perpétrées sur le littoral syrien en mars dernier ayant fait plus de 1.700 morts civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Il a ajouté que le HCR a un rôle essentiel à jouer au Liban, en collaboration avec ses partenaires internationaux, pour trouver des solutions permettant de garantir une couverture médicale aux réfugiés et de soutenir les services de soins de santé primaires qui leur sont fournis.
Le nombre des réfugiés syriens officiellement enregistrés au Liban est de 722. 173, selon la dernière estimation du HCR datant du 31 mars 2025, mais le nombre réel des Syriens résidant au Liban est estimé à 1,4 million, alors que le HCR a cessé d'enregistrer de nouveaux réfugiés depuis mai 2015, ce qui contribue à l'écart entre les chiffres officiels et les estimations.
La majorité des réfugiés syriens au Liban ont fui la guerre civile qui a ravagé leur pays pendant 13 ans, causant la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Depuis la chute du dictateur Bachar el-Assad en décembre dernier, renversé par la coalition de rebelles islamistes menée par Hay'at Tahrir el-Cham (HTC), plusieurs centaines de milliers de réfugiés sont rentrés en Syrie, dont environ 400.000 en provenance de pays voisins, notamment du Liban.
Le manque de stabilité en Syrie, récemment marquée par plusieurs épisodes de violences confessionnelles, et les difficultés auxquelles fait encore face le nouveau gouvernement de Damas pour amorcer la relance de l'économie et la reconstruction des régions détruites, récemment allégées du poids des lourdes sanctions américaines, constituent encore des barrières au retour d'une partie de ces réfugiés.