
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, prononce un discours lors du sommet Philanthropie Asie à Singapour, le 5 mai 2025. Photo AFP/ROSLAN RAHMAN
L'accord historique sur la prévention et la lutte contre les pandémies est soumis cette semaine à l'adoption par les Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé dans un contexte de fortes restrictions budgétaires.
« À une époque de tensions géopolitiques croissantes et de changements sismiques, cet accord est la preuve que le monde est toujours uni », a assuré la co-présidente des négociations, Precious Matsoso, au premier jour de la 78e assemblée mondiale de la santé qui se tient jusqu'au 27 mai à Genève.
Les Etats-Unis se sont toutefois retirés des négociations à la suite de la décision de Donald Trump de quitter l'OMS. Le pays n'a pas envoyé de délégués à l'assemblée. Ni l'Argentine.
Mais les Etats-Unis et le gel américain de l'aide internationale sont dans tous les esprits.
L'accord pandémie doit être soumis à adoption mardi. « Un moment historique », a jugé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le texte, finalisé le 16 avril par consensus, instaure une coordination mondiale plus précoce et plus efficace à la fois pour prévenir, pour détecter et répondre au risque pandémique et ce de manière plus rapide.
« La pandémie de Covid-19 a été un électrochoc. Elle nous a rappelé avec brutalité que les virus ne connaissent pas de frontières, qu'aucun pays aussi puissant soit-il ne peut affronter seul une crise sanitaire mondiale », a relevé l'ambassadrice française pour la santé mondiale, Anne-Claire Amprou, qui a co-présidé les négociations.
Encore des négociations
L'accord a été présenté lundi aux délégués.
Il vise à garantir un accès équitable aux produits de santé en cas de pandémie. Le sujet avait été au coeur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s'accaparer les doses de vaccin et autres tests.
« L'équité n'est pas une option, c'est une véritable mesure du succès », a souligné le ministre de la santé égyptien Khaled Abdel Ghaffar, au nom des pays de la région de la Méditerranée orientale.
Par ailleurs, « en reconnaissant que la santé humaine, la santé animale et celle de l'environnement sont indissociables, nous agissons à la racine des pandémies » avec cet accord, a déclaré le ministre français de la Santé, Yannick Neuder, pendant l'assemblée.
Surtout, il établit un mécanisme « d'accès aux pathogènes et de partage des avantages » (PABS) « qui permet un partage très rapide et systématique des informations sur l'émergence de pathogènes à potentiel pandémique », selon Mme Amprou.
« En retour, tout ce qu'on appelle les contre-mesures médicales, c'est-à-dire les produits de diagnostic, les médicaments pour des traitements ou les vaccins, qui seront produits sur la base de cette information partagée, seront aussi partagés », en partie, par les entreprises qui décident d'y participer, explique une source diplomatique française.
Les détails du mécanisme doivent encore être négociés, d'ici mai 2026 afin que l'accord puisse être ratifié.
Aide américaine
La réorganisation de l'OMS et ses finances vont également accaparer l'assemblée mondiale de la santé.
L'administration Trump refuse de payer les cotisations convenues pour 2024 et 2025, tout en gelant pratiquement toute l'aide étrangère américaine.
Le chef de l'OMS a averti fin avril que les coupes budgétaires des Etats-Unis - historiquement de loin son plus grand donateur - laissaient les comptes de l'agence onusienne dans le rouge, la forçant à tailler dans ses opérations et son personnel.
« Nous sommes confrontés à un déficit salarial s'élevant à plus de 500 millions de dollars pour le prochain exercice » 2026-2027, a indiqué M. Tedros lundi.
L'OMS cherche à réduire de 25% les dépenses liées aux salaires, et a déjà annoncé réduire l'équipe de direction de 14 à 7 et le nombre de départements de 76 à 34.
« Prix d'un bombardier furtif »
Ces prochains jours, les pays devront se prononcer sur une augmentation des cotisations obligatoires à l'OMS de 20%. En 2022, ils avaient accepté de les porter progressivement à 50% du budget de base de l'OMS.
Le budget 2026-2027 doit aussi être adopté dans un contexte de recul de l'aide. L'OMS a revu ses ambitions à la baisse et demande 4,2 milliards de dollars, contre 5,3 milliards initialement.
Un budget « modeste » de 2,1 milliard par an, soit « le prix d'un bombardier furtif », selon M. Tedros, qui a souligné que l'OMS allait devoir trouver 1,7 milliard de dollars pour boucler son budget révisé, soit le budget d'un grand hôpital.
Une réunion de donateurs est prévue mardi. La Suisse a mis sur la table lundi 80 millions de dollars.
L'accord historique sur la prévention et la lutte contre les pandémies est soumis cette semaine à l'adoption par les Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé dans un contexte de fortes restrictions budgétaires.« À une époque de tensions géopolitiques croissantes et de changements sismiques, cet accord est la preuve que le monde est toujours uni », a assuré la co-présidente des négociations, Precious Matsoso, au premier jour de la 78e assemblée mondiale de la santé qui se tient jusqu'au 27 mai à Genève.Les Etats-Unis se sont toutefois retirés des négociations à la suite de la décision de Donald Trump de quitter l'OMS. Le pays n'a pas envoyé de délégués à l'assemblée. Ni l'Argentine.Mais les Etats-Unis et le gel américain de l'aide internationale sont dans tous les esprits.L'accord...