Une bénévole de Médecins du Monde à Lyon (France), le 31 mars 2022. NORBERT GRISAY / HANS LUCAS / AFP
La malnutrition aiguë dans la bande de Gaza est utilisée comme « arme de guerre » à travers le blocus imposé par Israël au territoire palestinien, alerte mardi l'ONG Médecins du Monde (MDM). Après 18 mois de guerre, la bande de Gaza a atteint des niveaux de malnutrition « comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées s'étalant sur plusieurs décennies » comme le Yémen ou le Nigeria, dit-elle.
Dans un rapport fondé sur les données de six centres de santé qu'elle gère à Gaza, MDM signale un lien entre la hausse des taux de malnutrition et la baisse des volumes d'aide entrant dans le territoire palestinien. En novembre par exemple, un pic de malnutrition infantile de 17% a été observé, une période qui coïncide avec une réduction importante de l'entrée d'aide humanitaire.
L'aide entre principalement par des points de passage situés entre la bande de Gaza et Israël. Celui de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, est inopérant depuis la prise de la ville par l'armée israélienne au printemps 2024.
Les volumes d'aide ont fluctué depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, mais les autorités israéliennes ont fermé les points de passage depuis le 2 mars disant vouloir ainsi contraindre le Hamas à libérer les otages. Le cabinet de sécurité israélien estime qu'il y a « actuellement suffisamment de nourriture » à Gaza. Sur le terrain, les ONG dénoncent une situation dramatique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a par exemple annoncé le 25 avril avoir « épuisé tous ses stocks ».
« Inaction »
« Nous ne sommes pas témoins d'une crise humanitaire mais d'une crise d'humanité et de faillite morale avec l'utilisation de la faim comme arme de guerre », juge Jean-François Corty, président de MDM. « L'inaction des Etats tiers qui ont les moyens de faire pression sur les autorités israéliennes pour qu'elles lèvent ce siège meurtrier est inacceptable et pourrait être assimilée à de la complicité au regard du droit international », poursuit-il.
Le rapport de MDM détaille l'effet domino de la diminution des réserves alimentaires, mais aussi de la destruction d'installations agricoles ou des systèmes d'assainissement, sur la crise de la malnutrition. MDM explique également qu'en avril 2025 près d'un enfant sur quatre et une femme enceinte ou allaitante sur cinq, parmi la cohorte examinée par ses équipes, étaient à la limite ou avaient dépassé le seuil de malnutrition aiguë. L'organisation précise ne pas pouvoir déclarer officiellement qu'une famine est en cours, faute de données complètes sur l'ensemble du territoire palestinien.
Lundi, un rapport IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) -- fruit du travail d'ONG, d'institutions et d'agences de l'ONU spécialisées faisant autorité -- a conclu que la bande de Gaza était confrontée à « un risque critique de famine », avec 22% de la population bientôt dans une situation « catastrophique ». Pour la période du 1er avril au 10 mai, le consortium, qui classe le niveau d'insécurité alimentaire selon cinq niveaux, a classé 1,95 million de personnes (93% du total) en situation de « crise » (niveau 3) « ou pire », dont 925.000 en niveau 4 (urgence) et 244.000 personnes en situation de catastrophe (niveau 5).
La malnutrition aiguë dans la bande de Gaza est utilisée comme « arme de guerre » à travers le blocus imposé par Israël au territoire palestinien, alerte mardi l'ONG Médecins du Monde (MDM). Après 18 mois de guerre, la bande de Gaza a atteint des niveaux de malnutrition « comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées s'étalant sur plusieurs décennies » comme le Yémen ou le Nigeria, dit-elle.Dans un rapport fondé sur les données de six centres de santé qu'elle gère à Gaza, MDM signale un lien entre la hausse des taux de malnutrition et la baisse des volumes d'aide entrant dans le territoire palestinien. En novembre par exemple, un pic de malnutrition infantile de 17% a été observé, une période qui coïncide avec une réduction importante de l'entrée...