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Au procès du féminicide de Chahinez, brûlée vive, l'accusé crie au complot

Un officier de police scientifique français se tient à côté de véhicules dans une rue de Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 24 mai 2023, lors d'une reconstitution des événements d'un meurtre présumé. Photo AFP / MEHDI FEDOUACH

Quatre ans après le féminicide retentissant de Chahinez Daoud, brûlée vive près de Bordeaux (sud-ouest de la France), le procès de son ex-mari pour assassinat s'est ouvert lundi à Bordeaux, l'accusé se disant victime d'un complot ourdi pour le « détruire ».

Mounir Boutaa, 48 ans aujourd'hui, est jugé jusqu'à vendredi devant la cour d'assises pour avoir tué, en mai 2021, son épouse qui cherchait à le quitter après avoir déposé plusieurs plaintes pour violences.

Il est accusé de lui avoir tiré une balle dans chaque jambe, d'avoir aspergé son corps d'essence et mis le feu avec un briquet, après avoir surveillé depuis l'aube la victime, âgée de 31 ans.

L'ouvrier maçon franco-algérien était sorti de prison fin 2020 après une condamnation pour des faits de strangulation et de menace avec un couteau sur son épouse.

Il avait interdiction d'entrer en contact avec Chahinez Daoud, qu'il avait connue en Algérie en 2015. Mais leur vie commune avait repris jusqu'en mars 2021, cette mère de trois enfants, dont deux issus d'une première union, déposant alors une nouvelle plainte.

Mais celle-ci fut mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d'être condamné pour violences conjugales, parmi une série de « défaillances » pointées ultérieurement par une enquête administrative.

« Des pros » 

Devant la cour lundi, Mounir Boutaa s'est dit victime d'un complot ourdi par « des pros » venus d'Algérie, une « association de malfaiteurs (...) réunis pour me voler, pour me détruire ».

« Ce sont des propos qu'il a toujours tenus » au cours de l'instruction, a commenté Me Elena Badescu, l'une de ses avocates. « Il pense exactement ce qu'il a dit à la cour. »

Mounir Boutaa a aussi accusé Chahinez « d'avoir eu un plan diabolique » à son encontre. « Elle cherchait à m'empoisonner », a-t-il dit, demandant aux magistrats « pourquoi son amant n'est pas présent ici ? ». Au début de l'enquête, il avait déclaré avoir voulu « punir » son épouse, sans la tuer, persuadé qu'elle lui était infidèle.

Il est « dans la continuité de son positionnement durant l'instruction », a estimé Me Julien Plouton, avocat de la famille Daoud, reprochant à l'accusé d' »inverser les rôles » et d' »imaginer des complots ».

Depuis le box, à la présidente qui lui demandait s'il se considérait comme « violent », l'accusé a répondu: « non », se décrivant comme un « gentleman », « gentil » mais parfois « têtu ».

Devenant nerveux au fil des échanges, il s'est dit « strictement innocent » des violences conjugales ayant précédé les faits, dénonçant des « mensonges » motivés « par l'argent ».

« Défaillances » 

La mère de la victime a passé les premières heures du procès sans regarder l'accusé. « Je ne peux pas voir l'assassin devant moi », avait-elle dit en amont.

Après la mort de Chahinez, ses deux parents sont venus dans le sud-ouest de la France s'occuper de leurs trois petits-enfants, âgés aujourd'hui de 16, 11 et huit ans.

Pour eux, « l'enjeu de ce procès, c'est qu'on s'attache au parcours de cet homme et à ce qu'a vécu Chahinez avant », a souligné Me Plouton, décrivant une situation « d'emprise », de « contrôle coercitif ».

Chahinez Daoud n'avait pas de téléphone grave danger, qui permet aux femmes se sentant menacées d'être mises en relation avec un policier en appuyant sur une simple touche, et son conjoint ne s'était pas vu attribuer de bracelet « anti-rapprochement » à sa remise en liberté.

Une inspection diligentée sur le suivi de ce mari violent et récidiviste, en 2021, avait relevé une série de « défaillances », tandis qu'une enquête de l'inspection française des services de police pointait fautes et erreurs d'appréciation. Cinq policiers ont été sanctionnés.

L'affaire a conduit le gouvernement français à préconiser une révocation automatique des policiers et gendarmes condamnés définitivement pour certains faits, dont les violences intrafamiliales.

Parallèlement au dossier pénal, la famille de la victime a lancé une procédure pour « faute lourde » contre l'État français.


Quatre ans après le féminicide retentissant de Chahinez Daoud, brûlée vive près de Bordeaux (sud-ouest de la France), le procès de son ex-mari pour assassinat s'est ouvert lundi à Bordeaux, l'accusé se disant victime d'un complot ourdi pour le « détruire ».Mounir Boutaa, 48 ans aujourd'hui, est jugé jusqu'à vendredi devant la cour d'assises pour avoir tué, en mai 2021, son épouse qui cherchait à le quitter après avoir déposé plusieurs plaintes pour violences. Il est accusé de lui avoir tiré une balle dans chaque jambe, d'avoir aspergé son corps d'essence et mis le feu avec un briquet, après avoir surveillé depuis l'aube la victime, âgée de 31 ans.L'ouvrier maçon franco-algérien était sorti de prison fin 2020 après une condamnation pour des faits de strangulation et de menace avec un couteau sur...