L'ancien ministre de l’Économie, Amine Salam, au cours d'une conférence de presse en septembre 2021. Photo Dalati et Nohra
L'ancien ministre de l'Économie a dénoncé samedi les « attaques dont il fait l'objet », notamment après le député Farid Boustany a déposé une plainte contre lui pour « détournement de fonds, extorsion et gaspillage de l'argent public ».
La justice libanaise a interdit jeudi soir à Amine Salam de quitter le territoire, après une demande d'ouverture d'une information judiciaire visant l'ex-ministre de l'Économie auprès du parquet de Cassation par des membres de la commission parlementaire de l'Économie. Selon une source judiciaire contactée, le procureur général de la République Jamal Hajjar doit transférer la requête des députés au parquet financier.
Dans une conférence de presse, M. Salam s'est dit surpris par les campagnes menées contre lui, les accusant de déformer son image et de répandre de fausses accusations de corruption pendant son mandat au ministère de l'Économie. Il a affirmé s'être heurté à la résistance de systèmes bien établis et de « mafias » qui ne voulaient pas de réformes.
L'ancien ministre a mis en évidence plusieurs facteurs qui, selon lui, ont conduit à la campagne dont il a fait l'objet. Tout d'abord, il a affirmé avoir travaillé sur des réformes législatives et administratives, en particulier la loi sur la concurrence, qui a mis fin au droit d'exclusivité des agences. Selon lui, cette loi, qui visait à améliorer l'économie libanaise, promouvoir la concurrence et faire baisser les prix, a été soutenue par le FMI et les organisations internationales. Ensuite, il a déclaré avoir réactivé la Commission de contrôle des assurances et relancé ses travaux.
M. Salam a accusé M. Boustany, qui est aussi président de la Commission parlementaire de l'Économie et du Commerce, d'être l'un des principaux opposants à la loi sur la concurrence en raison de ses intérêts commerciaux dans des agences exclusives et des compagnies d'assurance. « M. Boustany aurait pu être l'un des premiers à être affecté par notre approbation de la loi sur la concurrence et les agences exclusives, car il est le propriétaire des plus grandes compagnies et agences exclusives au Liban », a-t-il déclaré.
Suite aux propos d'Amine Salam, Farid Boustany a affirmé que la Commission de l’Économie est celle qui a approuvé la loi sur la concurrence et que la nomination du directeur de la Commission de contrôle des assurances a été faite « sous une forte pression de la commission parce que le ministre était à l'aise avec l'absence de directeur afin qu'il puisse continuer à la diriger sans aucune surveillance ni contrôle ». « Quant aux autres accusations qu'il a portées contre moi, elles font plutôt sourire. Nous avons fait notre devoir et le pouvoir judiciaire est l'arbitre final, alors que l'ancien ministre s'adresse au pouvoir judiciaire », a-t-il conclu.
Un article publié jeudi par le journal libanais al-Modon indique que la démarche contre le ministre Salam et l'un de ses conseillers est en partie liée à un dossier déjà en cours d'examen par le Parquet financier, concernant l'implication présumée de son frère et de l'un de ses conseillers dans une affaire d'abus de pouvoir et d'extorsion visant des compagnies d’assurance. Une source proche de l'ancien ministre avait précédemment déclaré à L'Orient-Le Jour qu'Amine Salam se présentera personnellement devant le procureur général pour « rejeter fermement les accusations portées contre lui », que ce soit dans l'affaire de l'assurance ou pour le gaspillage de fonds publics.
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