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Lifestyle - Les séries de ramadan

« Bil Dam », la série libanaise événement des nuits du ramadan

La série libanaise d’Eagle Films, écrite par Nadine Jaber et réalisée par Philippe Asmar, cartonne depuis le début du mois de mars. Un véritable phénomène de société qui a même touché un public francophone.

« Bil Dam », la série libanaise événement des nuits du ramadan

De gauche à droite : Maguy Bou Ghosn, Badih Abou Chacra, Cynthya Karam, Rafic Ali Ahmad et Julia Kassar. Photos DR/Montage L’OLJ

Les liens du sang ne font pas toujours une famille. C’est la réalité, parfois dure, parfois plus douce, que le feuilleton libanais Bil Dam (Dans le sang) explore en ce mois de ramadan au fil de ses 30 épisodes. Un récit captivant signé Nadine Jaber, et dans lequel les protagonistes sont pris dans la tourmente de leurs liens de parenté parfois complexes, de leurs choix pour se créer un foyer et d’un mal-être existentiel qui les habite jusque dans le sang. C’est le talk of the town depuis le 1er mars, on en parle au supermarché, dans les salons, dans la rue, chez le coiffeur. On s’inquiète pour Hanine, on pleure avec Adla, on craque pour le Dr Adam, on accompagne Ghalia dans sa quête.

Regardée par des milliers de téléspectateurs sur la chaîne MTV et sur la plateforme Shahid où elle se classe parmi les feuilletons les plus suivis au Liban et dans le monde, la série, produite par Eagle Films et réalisée par Philippe Asmar, doit certainement son succès à « un mix d’éléments », comme l’affirme Nadine Jaber à L’Orient-Le Jour. « C’est le fruit d’un travail d’équipe soudée, réalisé avec beaucoup d’amour, dit-elle. Je crois qu’une série ne peut réussir sans quatre éléments-clés : le scénario, la production, la réalisation et de bons acteurs. C’est ce qui fait la force de Bil Dam.

« En ce qui concerne le scénario, j’ai voulu traiter de nombreux sujets comme celui du trafic d’enfants qui est souvent florissant dans les pays en crise, et qui est un commerce parfois hypocritement assimilé à de nobles causes comme l’adoption. Mais aussi d’autres problèmes comme la congélation d’ovules, la stérilité, le mariage mixte ou encore la thalassémie. Quant au suspense croissant au fil des épisodes, c’est lui qui pousse le public à réfléchir, à analyser et à s’impatienter, et contribue sûrement à l’engouement des fans. »

La trame du feuilleton démarre quand Ghalia Saad, une avocate interprétée par Maguy Bou Ghosn, découvre que sa petite fille est atteinte de thalassémie. Un événement qui va bouleverser son monde, ses certitudes, et révéler au grand jour un vieux secret. Celui d’avoir été, avec ses parents, victimes d’une fraude le jour de sa naissance, il y a 45 ans, quand elle a été échangée avec un autre bébé dans des circonstances douteuses. L’enquête qui commence alors la mènera au cœur d’un réseau mafieux de trafic d’enfants.

Si les événements s’enchaînent à un rythme effréné, accompagnés de drames, mélodrames et coups de théâtre , Bil Dam est surtout porté par un casting de choix qui met à l’honneur autant des acteurs de théâtre confirmés depuis longtemps, que de jeunes talents déjà adoptés par le public et qui ont su une nouvelle fois le toucher.

Touchante Marilyne Naaman, qui incarne le personnage de Hanine. Photo Rony Hanna


C’est le cas de Marilyne Naaman, qui incarne le personnage de Hanine, une infirmière dont la famille a été décimée par des tragédies successives. Si elle doit sa vie à un don d’organe fait par sa mère, elle doit renoncer à ses rêves à cause d’un frère irresponsable, superbement bien campé par Wissam Farès. « Les gens s’identifient à Hanine parce qu’elle incarne une belle nature qui refuse de se plier face aux défis de la vie, même quand tout va mal, confie Marilyne. Elle le fait avec tendresse et bonté, tout en gardant ses valeurs. » « Ce rôle a été un véritable challenge et il aura certainement un impact sur ma carrière d’actrice, tout comme le feuilleton Aa Amal l’an dernier a fait décoller ma carrière de chanteuse », ajoute l’artiste dont les titres avaient alors connu une popularité immédiate. Avec Bil Dam, Marilyne Naaman est ravie de mélanger ses deux passions, puisqu’elle interprète également la chanson du générique, intitulée Ana Min, sur un générique irréel, presque magique, imaginé par Élie Khater.

Cynthya Karam a créé le buzz avec son interprétation de Adla. Photo Rony Hanna


Galerie de portraits et d’acteurs

Autre personnage attachant, sinon le plus attachant, même si c’est un rôle secondaire, celui de Adla, une femme naïve, entre sourires et larmes, simple, simplette avec son accent villageois, qui se promène sur le quai du port avec Ghadi, une poupée qu’elle appelle tendrement « mon fils ». Incarnée par la talentueuse Cynthya Karam, dont le jeu a été salué par la critique et par le public, avec des vidéos et des reposts qui ne cessent d’envahir la Toile, c’est sans aucun doute le casting phare de la série. « Je suis tellement heureuse en tant qu’actrice de constater que Adla, que j’ai créée avec Nadine Jaber, a été si bien accueillie, affirme Cynthya. Adla a touché les cœurs, elle incarne simplement l’enfant en chacun de nous, que la société n’a pas encore corrompu. Elle est le soleil de la série. Les gens en oublient même son physique disgracieux car au fond, c’est une belle personne. Elle est fragile, et ils ressentent le besoin de la protéger et me le font savoir. Dans la rue, on m’arrête aujourd’hui pour me demander des nouvelles de Ghadi et me conseiller de me méfier de Mérouén ! » Si le talent de l’actrice n’est plus à prouver, elle crée pourtant la surprise en ce ramadan chez un public qui la retrouve sur le petit écran après quatre ans d’absence, avec ce personnage haut en couleur et en émotion. « Certaines personnes me découvrent pour la première fois, ce que je comprends. Ce ne sont pas des habitués du théâtre où j’ai choisi d’être présente toutes ces années. La télévision est une plateforme beaucoup plus importante et plus rapide qui offre une plus grande visibilité. Aujourd’hui, ce succès prouve que le public sait apprécier le vrai talent. C’est un pari que j’ai gagné grâce à Maguy Bou Ghosn, et Eagle Films. »

Bil Dam, c’est aussi des visages familiers du petit écran. Le casting multigénérationnel réunit ainsi des acteurs comme Badih Abou Chacra, Bassem Moughnié, Roula Beksmati, Jessy Abdo, Saïd Serhan, Wissam Farès, Carole Abboud, Taline Abou Rjeily, mais aussi de grands noms comme Rafic Ali Ahmad, Julia Kassar, Gabriel Yammine, Samara Nohra, Janah Fakhoury, Elsie Ferneiné et Nawal Kamel, qui se voient enfin offrir des rôles à la hauteur de leur talent et de leur expérience. « Meryl Streep avait bien 60 ans quand elle a joué Mamma Mia, mais au Liban il est assez nouveau voir des acteurs de tous âges endosser des rôles importants », confie Nawal Kamel. « Nadine Jaber a mis en place des générations différentes, et chaque personnage a son vécu, son histoire, ce qui enrichit l’histoire », ajoute-t-elle, assurant que sa passion pour son métier d’actrice est restée intacte après toutes ces années, et malgré la fatigue des longues journées de tournage. « Ce succès est important pour l’industrie télévisée libanaise. Je n’ai jamais douté de nos capacités, mais nous attendions la confiance des producteurs, des télévisions et des plateformes pour le prouver. »

Carol Abboud parfaite dans le rôle d’Assia. Photo Rony Hanna


Cent pour cent libanais

Les séries produites par Eagle Films sont nombreuses et la vedette Maguy Bou Ghosn est devenue une figure incontournable du mois de ramadan. L’an dernier, son feuilleton Aa Amal, écrit également par Nadine Jaber, avait connu un grand succès, en réunissant un casting similaire. À une différence près, celle d’avoir un réalisateur et un acteur syriens à l’affiche. Les années précédentes, le nombre d’acteur non libanais était encore plus important. Avec Bil Dam, le producteur Jamal Sannan prouve qu’il est possible à une série cent pour cent libanaise de s’imposer sur des plateformes comme Shahid et de connaître un important succès régional. « Je n’ai jamais douté de la capacité des feuilletons locaux à briller, même face à la forte concurrence des séries arabes, confie-t-il à L’Orient-Le Jour. Depuis le début de ma carrière, je me suis investi au cinéma dans des productions intégralement libanaises, avec des films qui ont fait le tour du monde arabe et des feuilletons comme Thawrat al-Fallahin, Thawani, al-Chakikatan, Assouad et d’autres. Jusqu’à Bil Dam qui connaît une popularité arabe sans précédent avec des chiffres record au Liban et dans le monde. »

Jessy Abdo, Maguy Bou Ghosn, Rafic Ali Ahmad et Julia Kassar sous la direction de Philippe Asmar. Photo Rony Hanna


« L’industrie libanaise va bien et elle aura sa place comme toutes les autres, ajoute Sannan. Elle pave aujourd’hui la voie car nous avons prouvé que nos stars sont capables d’exceller et de briller. Nos scénarios sont percutants, nos réalisateurs sont différents, notre production à la hauteur et notre identité est si riche qu’elle a beaucoup à offrir. Avant la guerre civile, l’industrie dramatique télévisée libanaise était très répandue dans le monde arabe. Aujourd’hui, elle revient en force grâce aussi à la fidélité du public arabe qui apprécie nos stars locales bien établies dans le paysage télévisé régional, et aux talents découverts grâce aux séries panarabes. Au final, ce n’est pas la nationalité du feuilleton qui compte mais sa valeur et sa qualité artistiques, son authenticité. »

Une authenticité que l’actrice Carol Abboud essaie d’incarner dans chacune de ses scènes et qui contribue également au succès de la série. Alors que le tournage se poursuit actuellement afin de boucler les derniers épisodes, l’actrice se délecte du retour des téléspectateurs qui réussissent, selon elle, à discerner tous les non-dits de son personnage, la gynécologue Assia, maillon fort de la mafia du trafic d’enfants. « C’est un personnage central car il pourrait détenir la clé du problème. Mais c’est aussi un personnage un peu en retrait, qui voudrait passer inaperçu et qui se cache derrière cet imper qu’elle ne quitte pas. Assia est complexe, différente, psychologiquement fragile. J’ai beaucoup travaillé avec le coach Antoine Achkar pour bâtir ce personnage de manière crédible et dans les nuances tout en créant une certaine empathie. »

Et c’est justement dans toutes ces nuances que la série fait évoluer ses personnages en essayant de leur faire justice, et de pousser, à travers eux, au changement. « Oui, la télévision est un outil qui peut avoir un impact sur la société, affirme Nadine Jaber. L’an dernier, suite au feuilleton Aa Amal, la députée Paula Yacoubian a proposé un projet de loi pour dénoncer la violence faite aux femmes. Il est vrai que le changement n’arrive pas toujours et que ce n’est pas à nous, artistes, de le faire, mais nous pouvons apporter notre lumière là où la société refoule ses problèmes. Il est de notre devoir de hausser la voix. »

Les liens du sang ne font pas toujours une famille. C’est la réalité, parfois dure, parfois plus douce, que le feuilleton libanais Bil Dam (Dans le sang) explore en ce mois de ramadan au fil de ses 30 épisodes. Un récit captivant signé Nadine Jaber, et dans lequel les protagonistes sont pris dans la tourmente de leurs liens de parenté parfois complexes, de leurs choix pour se créer un foyer et d’un mal-être existentiel qui les habite jusque dans le sang. C’est le talk of the town depuis le 1er mars, on en parle au supermarché, dans les salons, dans la rue, chez le coiffeur. On s’inquiète pour Hanine, on pleure avec Adla, on craque pour le Dr Adam, on accompagne Ghalia dans sa quête.Regardée par des milliers de téléspectateurs sur la chaîne MTV et sur la plateforme Shahid où elle se classe parmi les feuilletons...
commentaires (4)

Depuis la Suisse on peut la regarder où ?

Dr. Marie-Christine Gailloud-Matthieu

09 h 26, le 18 mars 2025

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Commentaires (4)

  • Depuis la Suisse on peut la regarder où ?

    Dr. Marie-Christine Gailloud-Matthieu

    09 h 26, le 18 mars 2025

  • Lugubre, déprimant et tous les autres adjectifs synonymes. Franchement, lorsque nous avons autant de gros problèmes au quotidien, ce serait plus judicieux de plus de légèreté. A l’instar des syriens, des égyptiens qui , même dans leurs séries TV de société, ils intègrent des séquences de rires, de légèretés pour pour aérer et distraire. Ce qui est le but me semble-t-il. En tout cas, bravo pour le succès mais svp, produisez aussi des séries légères et mettez y le paquet sur les plans financiers et médiatiques. C’est un avis parmi d’autres en tout cas.

    LE FRANCOPHONE

    09 h 52, le 17 mars 2025

  • Bravo.

    Moi

    08 h 41, le 17 mars 2025

  • Est ce une série vue par un seul segment de la population ou fait elle la jonction entre partis politiques diamétralement opposés?

    Zampano

    07 h 18, le 17 mars 2025

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