Le leader druze et chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a mis en garde lundi contre les rapprochements effectués dernièrement par les autorités israéliennes vers les druzes de Syrie et a appelé ces derniers à « préserver leur identité arabe », lors d'une réunion « exceptionnelle » tenue à Beyrouth en présence du cheikh Akl druze Sami Abi el-Mona (la plus haute instance religieuse de cette communauté), de responsables politiques et de dignitaires religieux. 

« Le sionisme utilise les druzes comme soldats et officiers pour opprimer les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Aujourd'hui, ils veulent s'étendre vers Jabal el-Arab (région druze dans la province de Soueida en Syrie). C'est là le grand défi, soit nous préservons notre identité arabe de laquelle nous puisons notre force, de Sultan al-Atrache (leader de la révolution syrienne de 1925 à 1927) à Kamal Joumlatt (fondateur du PSP), en passant par Chakib Arslane (homme politique syrien qui prônait le nationalisme arabe), soit certains seront tentés et suivront le plan sioniste », a mis en garde M. Joumblatt. « Je vais me rendre en Syrie (...) pour insister sur le rôle de référence de Damas et l'unité de la Syrie », a-t-il encore dit.

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Lors d'une conférence de presse dimanche, Walid Joumblatt a annoncé qu’il se rendrait en Syrie après avoir sollicité un rendez-vous auprès de Ahmad el-Chareh, le président par intérim. Il a accusé Israël de tenter d’exploiter les communautés, y compris la communauté druze, pour « fragmenter la région ».

Le leader druze, qui avait été la première personnalité politique libanaise de haut rang à visiter la Syrie après la chute du régime de Bachar el-Assad, avait mis en garde dimanche contre les déclarations du ministre israélien de la Défense Israël Katz, qui a agité samedi soir la menace d'une intervention militaire en Syrie contre les nouvelles forces de Damas « si le régime portait atteinte aux druzes », en particulier la communauté druze de Jaramana, près de la capitale syrienne. « Nous ne permettrons pas au régime terroriste de l'islam radical en Syrie de nuire aux druzes », avait ainsi déclaré M. Katz, cité dans un communiqué publié par son ministère. Les propos de M. Katz intervenaient après des tensions vendredi à Jaramana, une région druze près de Damas, après la mort d’un agent des forces de l'ordre dans une fusillade à un poste de contrôle établi par une milice druze ayant refusé d’intégrer l’armée régulière.

Prenant la parole au cours de la réunion lundi, le cheikh Akl druze a dénoncé pour sa part « les forces israéliennes qui tentent d'attirer les druzes, sous prétexte de les protéger, et qui essaient de mettre en oeuvre leurs projets expansionnistes ». « Les demandes du Jabal restent l'unité de la Syrie », a-t-il lancé.

Il a par ailleurs appelé les druzes syriens « à ne pas se laisser entraîner dans le chaos voulu par leurs ennemis, à ne pas accepter de se détacher de leur environnement arabe et musulmans et à ne pas se laisser entraîner par les plans sionistes qui essaient de diviser la Syrie, en vue de diviser le monde arabe et de l'affaiblir. « Les Arabes doivent faire face à ce projet destructeur avant qu'il ne soit trop tard », a-t-il souligné.

L'armée israélienne s'était déployée sur le versant syrien du mont Hermon, dans le Golan, quelques heures après la chute du régime Assad, le 8 décembre 2024, une région qui abrite des membres de la communauté druze syrienne.