Le président américain Donald Trump monte à bord d'Air Force One à la base aérienne navale Joint Reserve Base New Orleans en Louisiane, le 9 février 2025, alors qu'il retourne à Washington, DC, après avoir assisté au Super Bowl. Roberto Schmidt/AFP
Le Kremlin a jugé mardi qu'une « partie significative » de l'Ukraine voulait être russe et s'est montré satisfait des propos de Donald Trump, qui évoquait la veille la possibilité que l'Ukraine devienne « russe un jour ».
Le président américain a dit lundi que l'Ukraine pourrait, à l'avenir, « être » ou « ne pas être » russe, expliquant que Washington devait donc « sécuriser » l'argent versé à Kiev faute de certitude sur l'issue du conflit.
Réagissant à ces déclarations qui brouillent encore plus les cartes quant à la position de la nouvelle administration, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a assuré qu'elles reflétaient « une réalité ». « Le fait qu'une part significative de l'Ukraine veuille devenir la Russie et soit déjà devenue la Russie, c'est une réalité », a jugé M. Peskov, en référence aux annexions de quatre régions ukrainiennes revendiquées par Moscou à l’automne 2022.
La Russie a annexé les régions de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia à l'issue de votes en pleine zone de conflit, dénoncés par Kiev et l'Occident comme des simulacres. En 2014, elle a aussi annexée la péninsule de Crimée. « Les gens qui, malgré de nombreux dangers, faisaient la queue et votaient lors du référendums pour rejoindre la Russie: cela correspond largement aux propos du président Trump », a soutenu mardi Dmitri Peskov.
L'armée russe contrôle une partie de ces régions du sud et de l'est du pays, où les forces ukrainiennes résistent de plus en difficilement aux attaques russes depuis l'offensive massive de février 2022.
Contacts diplomatiques
Le président américain, qui s'est engagé à mettre fin rapidement au « carnage » mais sans jamais dire comment, a fait ses nouvelles déclarations lundi sur Fox News, en évoquant de possibles négociations de paix. « Ils pourraient arriver à un accord, ils pourraient ne pas arriver à un accord. Ils pourraient être russes un jour, comme ils pourraient ne pas être russes un jour », a-t-il affirmé.
Il a répété vouloir obtenir un accès aux minerais stratégiques de l'Ukraine en compensation de l'aide financière et militaire massive fournie à Kiev depuis 2022, lorsque Joe Biden était encore à la Maison Blanche. « Je veux récupérer » cet argent, a dit M. Trump, ajoutant avoir réclamé à Kiev l'équivalent de 500 milliards de dollars de minerais, des métaux notamment utilisés dans l'électronique. « Au moins comme ça on ne se sent pas idiot. »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré la semaine dernière que son pays était prêt à recevoir des investissements américains dans ce secteur.
En outre, les contacts doivent s'intensifier dans les jours à venir entre Washington et Kiev. M. Zelensky doit rencontrer vendredi le vice-président américain J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, où sont également annoncés l'émissaire spécial américain sur l'Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d'Etat Marco Rubio. M. Kellogg doit ensuite se rendre le 20 février à Kiev.
Kiev redoute tout règlement du conflit qui ne comprendrait pas d'engagements militaires fermes -- comme une adhésion à l'OTAN ou le déploiement de troupes de maintien de la paix --, estimant qu'il ne ferait que permettre au Kremlin de préparer sa prochaine attaque.
Le président Vladimir Poutine considère que des pourparlers ne pourront avoir lieu que si l'Ukraine dépose les armes, cède les territoires revendiqués par Moscou et renonce à rejoindre l'OTAN. Kiev rejette ces conditions, qui constituent de facto une reddition.
Frappes nocturnes
Kiev est donc dans une position difficile, sans certitude sur la pérennité de l'aide américaine alors que depuis un an l'armée russe progresse, malgré de lourdes pertes, face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et manquant d'armements.
Mardi, Moscou a revendiqué la prise d'un nouveau village dans la région ukrainienne de Donetsk (est), celui de Iassenové, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de la région de Dnipropetrovsk, que les forces russes pourraient atteindre prochainement pour la première fois.
Russes et Ukrainiens ont aussi frappé de nouveau les infrastructures énergétiques adverses dans la nuit de lundi à mardi, causant notamment l'incendie d'un site industriel russe et des coupures d'électricité et de gaz en Ukraine.
Moscou bombarde régulièrement les villes et le réseau énergétique d'Ukraine. Kiev réplique en lançant des attaques contre des sites énergétiques et militaires en territoire russe.
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