Rechercher
Rechercher

Culture - Expositions

Et si l’on retrouvait le chemin des galeries beyrouthines ?

En ce prometteur mois de janvier, voilà la scène artistique libanaise qui se réactive. Les galeristes ont repris en premier leur calendrier de programmation pour offrir à leurs visiteurs de quoi remettre des couleurs à leurs jours. Coup d’œil sur certaines de leurs propositions. 

Et si l’on retrouvait le chemin des galeries beyrouthines ?

Une œuvre en collage de papiers peints par Haibat Balaa Bawab exposée à la galerie Art on 56th. Avec l'aimable autorisation de la galerie Art on 56th

La vie heureuse dans les collages de Haibat Balaa Bawab

Une œuvre en collage de papiers peints par Haibat Balaa Bawab exposée à la galerie Art on 56th. Avec l'aimable autorisation de la galerie Art on 56th

Elle a baptisé son exposition chez Art on 56th « Timeless Traditions »* (Traditions intemporelles). Et pour cause, dans cette nouvelle cuvée d’œuvres, Haibat Balaa Bawab s’est concentrée sur la représentation d’un certain art de vivre à la libanaise. À savoir la tradition des invitations, des réceptions mondaines ou des réunions familiales. Parcourir l’accrochage de ses toiles, c’est passer d’un jardin ensoleillé où évoluent des groupes amicaux à des tablées champêtres et des ambiances festives en pleine verdure. Ses personnages aux visages quasiment sans traits et aux silhouettes mouvantes semblent rejouer en version contemporaine les Déjeuners sur l’herbe et autres œuvres bucoliques des impressionnistes. Sauf que la particularité de cette artiste septuagénaire réside dans sa composition en patchworks de motifs, peints et collés sur la toile. Celle qui fabrique elle-même les différents sortes de papiers, en jouant sur le rendu de leurs couleurs et textures, réussit dans cette série, réalisée entre fin 2023 et fin 2024, à diffuser ce souffle joyeux et insouciant d’une vie heureuse libanaise dans lequel elle se réfugiait mentalement durant cette très sombre année. Une bouffée d’allégresse qu’elle communique avec brio aux visiteurs de son accrochage.

*Chez Art on 56th ; Gemmayzé, rue Youssef Hayek, jusqu’au 8 février.

À lire aussi

Envie de culture libanaise en France ? Découvrez nos trois recommandations

Quelque chose de doux-amer à la galerie Tanit

Une sculpture de Pistoletto trône au centre de la galerie Tanit de Beyrouth. Photo Z.Z.

Pour avoir expérimenté au cours de ces derniers mois au Liban toute la palette des émotions douces-amères, c’est sur ces tonalités-là que la galeriste Naïla Kettaneh-Kunigk a conçu sa première exposition de l’année. Justement intitulée « Bittersweet Symphony »*, elle réunit, dans son espace beyrouthin, une sélection d’œuvres d’une vingtaine d’artistes avec qui elle a collaboré. Certes, pour les fidèles de la galerie Tanit, la visite aura un goût de déjà-vu, puisqu’ils retrouveront des pièces d’artistes réguliers de la maison, à l’instar de Zena Assi, Abed el-Kadiri, Mojé Assefjah, Ghassan Zard, Nadim Karam ou Élie-Philippe Schehadé, entre autres… Mais ils pourront aussi, comme pour les nouveaux visiteurs, redécouvrir des œuvres issues d’accrochages plus anciens et plus rares.

Ils pourront ainsi se laisser emporter par le discours parfois insolite, d’autre fois plus engagé, émanant de certaines des pièces exposées. Comme cette sculpture du célébrissime Michelangelo Pistoletto, figure majeure de l’Arte Povera, évoquant un sommier de lit compressé incluant des cages à lapin et tout à la fois un nœud papillon géant en métal, ou ce magnifique dessin au charbon tout en violence suggérée de l’artiste sorti des geôles syriennes, Youssef Abdelké.

Sans compter les peintures de troncs de palmiers par Nabil Nahas, des œuvres empreintes de poésie de Ricardo Brey, l’un des pionniers du New Art cubain, ou celles à l’ironie anticonsumériste mordante de l’américain « postpop » David Kramer. Du doux et de l’amer à savourer en fonction des goûts de chacun.

*À la galerie Tanit de Beyrouth, Mar Mikhaël, jusqu’au 20 février.

La fleur au bout des jours sombres chez Daisy Abi Jaber

Des cactus et des villes chez Daisy Abi Jaber. Avec l'aimable autorisation de la galerie Mark Hachem

Cela faisait quelques bonnes années que Daisy Abi Jaber n’avait plus présenté ses œuvres en galerie. La voilà de retour chez Mark Hachem, à Beyrouth, avec une cuvée de 27 acryliques et techniques mixtes sur toiles dans lesquelles ses aficionados retrouveront certains des symboles qui ont fait sa signature. À savoir : les cœurs, les oiseaux, les tulipes et autres fleurs qui émaillent d’une note juvénile et poétique ses compositions hyper graphiques aux détails complexes et masses de couleurs ceintes d’un sinueux tracé noir retranscrivant son monde intérieur, oscillant entre angoisses et rêveries.

Pour cette artiste au pinceau émotionnel, il y a toujours quelque chose de profond, de caché à découvrir derrière l’image que nous captons des êtres et des choses. D’où le titre de son exposition « Behind the Image »*. Des débris de verre coloré ramassés de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 vont naître les compositions de ses peintures. Dans un geste spontané, l’artiste commence par les assembler, en les cernant de plomb tordu, pour créer de petites sculptures en vitrail aux formes libres et poétiques. Des sortes de haïkus de motifs qu’elle va retranscrire sur toile, dans une interaction sensible entre formes, couleurs et sentiments. Sa manière à elle de noter l'instant qui bouleverse, émeut ou surprend.

*À la galerie Mark Hachem, Beyrouth, jusqu’au 30 janvier.

Lire aussi

Quand Katanani « (re)tisse » et « brode » en fils barbelés les Portes de la Galilée

Mazen Rifaï, l'amoureux des couleurs

Une acrylique sur toile signée Mazen Rifaï (50 x 50cm ; 2023). Avec l'aimable autorisation de la galerie Agial

On connaît ses paysages de plaines aux couleurs lumineuses, ses variations autour des vastes étendues de la Békaa, source inépuisable d’inspiration pour cet artiste et architecte, fils de Baalbeck. Dans sa nouvelle cuvée d’acryliques sur toile baptisées « Amorous Colors »* (Couleurs amoureuses), Mazen Rifaï continue d’explorer « le secret et la magie qui transforment le paysage mémoire en paysage abstrait », dit-il.

Sauf que dans ce récent travail, le peintre sexagénaire s’est aventuré vers de nouveaux terrains de jeu de formes et de tonalités contrastées. Claires et sombres, douces et dures. Elles restent toutefois dotées de cette lumière particulière au Liban. Il y a un souffle d’âme dans cette série de paysages réinventés en espaces nouveaux et inattendus. Des espaces qui parfois semblent en mouvement et d’autres fois prennent, sous un regard aiguisé, des courbes féminines. « Ces corps de femmes dans lesquels il y a toutes les saisons des arbres », glisse l’artiste au souffle poétique. Et qui, sur les cimaises de la galerie Agial, à Hamra, accroche aux côtés de cette nouvelle série de peintures, de diverses dimensions, des tapisseries reprenant des compositions plus anciennes, plus dans la tradition paysagère moderniste de laquelle Mazen Rifaï est issu.

Une exposition qui offre aux visiteurs une plongée dans un bain de couleurs, où tout n’est que nuances et harmonies…Bienfaisantes.

*À la galerie Agial, rue Abdel-Aziz, Beyrouth, jusqu’au 22 février.

La vie heureuse dans les collages de Haibat Balaa Bawab Elle a baptisé son exposition chez Art on 56th « Timeless Traditions »* (Traditions intemporelles). Et pour cause, dans cette nouvelle cuvée d’œuvres, Haibat Balaa Bawab s’est concentrée sur la représentation d’un certain art de vivre à la libanaise. À savoir la tradition des invitations, des réceptions mondaines ou des...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut