
Un système de défense antimissile lors d'un exercice militaire dans un lieu non divulgué en Iran. AFP PHOTO/IRANIAN ARMY OFFICE/HANDOUT publiée le 12 janvier 2024
L'Iran et les principales puissances européennes (Allemagne, France et Royaume-Uni) ont entamé lundi soir deux jours de discussions « sérieuses, franches et constructives » en Suisse sur le programme nucléaire iranien, à une semaine de l'investiture de Donald Trump.
Ces discussions à Genève, dans un lieu tenu secret, se déroulent moins de deux mois après des négociations entre l'Iran et des représentants des trois pays européens dans la même ville suisse, à un moment où les Occidentaux s'inquiètent de l'avancement du programme nucléaire iranien.
« Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Majid Takht-Ravanhchi et ses homologues de l'E3 (Allemagne, France et Royaume-Uni, ndlr) se sont rencontrés lundi soir », a rapporté l'agence de presse iranienne ISNA. « Ils ont discuté de questions d'intérêt mutuel, notamment des négociations pour la levée des sanctions, de la question nucléaire et de la situation préoccupante dans la région », a ajouté l'agence sans plus de détails.
Plus tard, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des Affaires internationales, Kazem Gharibabadi, a qualifié les discussions de « sérieuses, franches et constructives ». « Nous avons discuté d'idées impliquant certains détails dans les domaines de la levée des sanctions et du nucléaire qui sont nécessaires pour un accord », a-t-il déclaré sur X. « Les parties ont convenu que les négociations devaient reprendre et que pour parvenir à un accord, toutes les parties devaient créer et maintenir une atmosphère appropriée. Nous avons convenu de poursuivre notre dialogue », a-t-il ajouté.
Les diplomaties des trois pays européens ont confirmé dans des messages identiques sur X que « les directeurs politiques britannique, français et allemand ont à nouveau rencontré leurs homologues iraniens à Genève aujourd'hui (lundi, NDLR) ». « Les discussions ont été sérieuses, franches et constructives. Dans un contexte difficile, nous avons discuté de nos préoccupations et réitéré notre engagement en faveur d'une solution diplomatique. Nous sommes convenus de poursuivre notre dialogue », ont ajouté les capitales occidentales.
Le ministère allemand des Affaires étrangères » avait auparavant fait valoir à l'AFP que « ce ne sont pas des négociations ». Il s'agit seulement de « consultations », a renchéri l'Iran.
Pour Téhéran, « l'objectif principal de ces pourparlers est de lever les sanctions contre l'Iran », a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, ajoutant que Téhéran était également « à l'écoute des sujets que les autres parties veulent aborder ».
La réunion est « le signe que les pays de l'E3 continuent d'œuvrer en faveur d'une solution diplomatique au programme nucléaire iranien, dont l'état d'avancement est extrêmement problématique », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
Téhéran a annoncé début décembre commencer à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, l'un des plus importants du pays, dans le centre de l'Iran, « avec notamment pour effet à terme d'accroître significativement le taux de fabrication d'uranium enrichi jusqu'à 60% », selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU datée du 6 décembre, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé leur vive « préoccupation » et exhorté la République islamique « à mettre immédiatement fin à son escalade nucléaire ». Les trois pays européens ont évoqué le possible recours au mécanisme réimposant des sanctions contre l'Iran « pour l'empêcher d'acquérir l'arme nucléaire ».
La résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui endossait l'accord de 2015 conclu entre l'Iran et les pays de l'E3 ainsi que les Etats-Unis, la Russie et la Chine, expire en octobre 2025, dix ans après l'entrée en vigueur de l'accord.
« Principal défi stratégique »
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a récemment indiqué que son pays prendrait des mesures afin de rassurer « quant au caractère pacifique » de son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions.
Selon l'AIEA, l'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour la production d'énergie, et nient vouloir se doter de l'arme atomique, ce dont doutent fortement les pays occidentaux.
Les discussions interviennent à un moment où les groupes alliés de l'Iran au Moyen-Orient sont grandement affaiblis après des mois de guerre avec Israël.
Vient s'ajouter le retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, de Donald Trump, artisan d'une politique dite de « pression maximale » envers l'Iran durant son premier mandat (2017-2021).
Les tensions autour du programme nucléaire iranien sont montées en flèche sous la présidence de Donald Trump, quand les Etats-Unis se sont retirés de l'accord de 2015 qui offrait à Téhéran un allègement des sanctions en échange d'une limitation de ses ambitions nucléaires.
L'Iran a adhéré au pacte jusqu'au retrait unilatéral de Washington en 2018, puis a commencé à revenir sur ses engagements. Toutes les tentatives pour le raviver ont échoué ces dernières années.
Depuis la prise de fonction en août du nouveau président réformiste iranien, Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l'accord.
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