Le décalage s'annonce frappant. La réouverture de Notre-Dame de Paris ce week-end, voulue fastueuse par Emmanuel Macron pour célébrer les "fiertés françaises", voire en faire un rendez-vous diplomatique majeur, tombe en plein milieu d'une nouvelle tempête politique pour le président et le pays.
Samedi, le chef de l'Etat prendra la parole sur le parvis de la cathédrale reconstruite après l'incendie du 15 avril 2019, avant que ses portes ne s'ouvrent pour une cérémonie liturgique. Le lendemain, il assistera à la première messe en public.
Ce déroulé a fait l'objet d'intenses négociations avec le diocèse : l'Elysée voulait un discours présidentiel à l'intérieur de l'édifice religieux, mais cette option faisait soulever plus d'un sourcil, au sein de l'Eglise comme chez les défenseurs de la laïcité.
Finalement, c'est le 29 novembre qu'Emmanuel Macron s'est exprimé dans Notre-Dame, lors d'une inspection finale aux allures de pré-ouverture, qui a permis au monde de découvrir à la télévision son lustre retrouvé.
L'occasion pour lui de souligner, une fois de plus, que malgré tous ceux qui disaient "que ça ne serait pas possible, que c'était fou, que c'était arbitraire, qu'on allait mal faire", le "chantier du siècle" a bien été bouclé en cinq ans, comme il s'y était engagé.
Pari réussi
Une manière de féliciter les artisans... et lui-même, aussi, pour ce pari réussi. Au risque d'en faire trop, persiflent certains parmi ses détracteurs.
"Il a mis en place une organisation qui a permis d'y arriver. Qu'il essaie d'en tirer un profit ou s'en réjouir, ce n'est pas anormal", concède un poids lourd du gouvernement, qui n'est pourtant pas macroniste. "Dieu sait qu'il y a un certain nombre de choses qui me cassent les bonbons de la part du chef de l'Etat, mais là je trouve qu'il a été formidable", a aussi déclaré le maire de Béziers Robert Ménard, anciennement proche du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), sur la chaîne BFMTV.
De ses sept visites, depuis 2019, celle-ci avait un goût particulier. La dernière, sans casque ni combinaison de chantier.
Comme il l'a verbalisé, Emmanuel Macron voit ces travaux titanesques comme une "métaphore de la vie de la Nation". Qui lui a plusieurs fois permis de distiller des messages politiques à peine subliminaux. "Vous avez montré au monde que rien ne résiste à l'audace", a-t-il lancé vendredi aux artisans, saluant leur "esprit de fraternité unique" dont il espère qu'il "perdure" dans un pays fracturé comme rarement.
En avril 2023, en pleine crise sur sa réforme contestée des retraites, il avait glissé, au cœur des échafaudages: "Tenir le cap, c'est ma devise".
Trump présent
Mais quel est son "cap" en cet automne ? Le président a perdu une bonne partie de son pouvoir lorsqu'il a dissous l'Assemblée nationale en juin. Et le Premier ministre qu'il a dû aller chercher parmi ses opposants, Michel Barnier, a été renversé par les députés mercredi soir.
Lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier, le chef de l'Etat prédisait que 2024 serait l'année des "fiertés françaises", ponctuée par les Jeux olympiques de Paris puis la réouverture de Notre-Dame, emblème d'une France "capable, quand elle s'unit, de résister, de se relever".
Les JO, cet été, avaient été une parenthèse enchantée après la phase mouvementée de la dissolution et des législatives. Les cérémonies de ce week-end se déroulent elles en pleines négociations sur le nom du futur chef de gouvernement.
Emmanuel Macron espère au moins en profiter pour en faire un rendez-vous diplomatique d'ampleur, la politique étrangère étant l'une des prérogatives qu'il conserve et laboure intensément.
Une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement assisteront samedi à la réouverture de la cathédrale, dont le président élu des Etats-Unis Donald Trump, selon une liste non exhaustive publiée jeudi par la présidence française. La venue de ce dernier constituera son premier déplacement à l'étranger depuis sa victoire à la présidentielle du 5 novembre.
L'actuel président américain Joe Biden sera représenté par son épouse Jill. Parmi les têtes couronnées attendues figurent le couple royal belge, Philippe et Mathilde, ainsi que le prince Albert de Monaco. Invité il y a un an, le pape François, que le président français tutoie et aime rencontrer, a lui décidé de ne pas venir, retirant un peu d'éclat à ce moment.
Le décalage s'annonce frappant. La réouverture de Notre-Dame de Paris ce week-end, voulue fastueuse par Emmanuel Macron pour célébrer les "fiertés françaises", voire en faire un rendez-vous diplomatique majeur, tombe en plein milieu d'une nouvelle tempête politique pour le président et le pays.
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