À peine quelques jours après la dernière visite de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth, c’est le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, qui est attendu bientôt à Beyrouth. Il pourrait même être suivi par son homologue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, selon les informations de L’Orient-Le Jour. Au vu du contexte dans lequel elle intervient, cette visite s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux pour consolider le cessez-le-feu scellé il y a une semaine entre le Hezbollah et Israël. Il pourrait s’agir d’un pas en avant vers la mise sur les rails du comité de surveillance de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité (qui prévoit notamment le retrait du Hezbollah des zones au sud du fleuve Litani), comme le stipule le texte de l’accord du 27 novembre. Le comité en question inclut les États-Unis, la France, le Liban, Israël et la force intérimaire des Nations unies.
Dans une perspective un peu plus large, le séjour de M. Lecornu et l’éventuelle visite de M. Barrot au Liban représentent une nouvelle opportunité pour Paris pour « affirmer son rôle et sa présence sur la scène locale », pour reprendre les termes d’un diplomate français qui a souhaité garder l’anonymat. À ce stade, les milieux officiels et diplomatiques libanais évitent de fixer une date précise à l’arrivée du ministre à Beyrouth. Ce qui semble sûr, en revanche, c’est qu’il devrait arriver quelques jours après la nomination du représentant de la France au sein du comité de surveillance. Selon les informations de L’OLJ, il s’agirait du général de brigade Guillaume Ponchin. Si les milieux diplomatiques français évitent de commenter, ils soulignent toutefois que l’agenda de M. Lecornu prévoit des entretiens avec le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun.
Vendredi, le numéro un de l’institution militaire s’était entretenu avec le président du comité de surveillance, le général américain Jasper Jeffers. Selon une personnalité proche de Yarzé, il s’agissait d’une réunion « protocolaire » durant laquelle les deux hommes ont abordé la question de la mise en application du cessez-le-feu. Mais à ce stade, aucune mesure ne peut être prise à l’égard d’Israël que le Liban officiel accuse de « violer » le cessez-le-feu, notamment au Liban-Sud, le comité de supervision n’ayant pas encore entamé officiellement sa mission, explique une figure proche de Yarzé.
Berry en colère
Ce dernier point irrite Nabih Berry, qui a négocié l’accord avec l’émissaire américain Amos Hochstein au nom du Liban officiel, mais aussi et surtout du Hezbollah. « Les destructions, les frappes et le survol de l’espace aérien libanais sont une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu. Que fait le comité censé surveiller l’application de l’entente ? » s’est indigné le chef du législatif dans des propos rapportés lundi par son bureau de presse, après un entretien avec Joseph Aoun. « Ce comité est appelé à commencer sa mission urgemment et contraindre Israël à cesser ses infractions à l’accord et, avant tout, à se retirer du territoire libanais », a encore dit Nabih Berry.
De source diplomatique occidentale, on apprend que la mission du comité en question devrait être longuement discutée lors du séjour de M. Lecornu au Liban, surtout que le président Emmanuel Macron s’est personnellement exprimé à ce sujet à plusieurs reprises. « Entre-temps, les contacts sont en cours avec Israël dans le but de mettre fin à ces entorses », souligne une source diplomatique. L’OLJ a appris dans ce cadre que Jean-Noël Barrot est entré lundi en contact avec son homologue israélien, Gideon Saar, pour protester « assez vivement » contre les récentes activités de l’armée israéliennes au Liban-Sud.
Parallèlement, la France semble convaincue que le retour au calme sur le terrain va de pair avec la relance des institutions, à commencer par la présidence de la République. C’est dans ce cadre que s’inscrirait l’éventuelle visite de Jean-Noël Barrot à Beyrouth. D’autant plus qu’elle devrait avoir lieu après la visite d’État d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite, entamée lundi et qui se prolonge jusqu’à mercredi. Un déplacement durant lequel la situation au Liban devrait être un des principaux points au menu des discussions entre le locataire de l’Élysée et le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane.
Un cessez-le-feu, avec un hezb qui ne rêve que d'une chose, prendre sa revanche et continuer à en découdre avec l'aide des pasdarans... c'est biscornu !
19 h 59, le 03 décembre 2024