Les courtiers en données, ou vendeurs de données, sont des entreprises qui collectent des informations personnelles sur les consommateurs et les vendent à d’autres entreprises.
« Internet n’est pas aussi anonyme qu’on pourrait le croire. Chaque clic, chaque recherche, chaque achat… toutes ces activités laissent des traces numériques ». Ces propos ne sont pas ceux d’un défenseur de la vie privée, mais de Jason Adler, ingénieur logiciel chez Repocket.
Peut-être l’ignorez-vous, mais vos interactions en ligne peuvent très bien finir entre les mains de courtiers en données. Ces entités recueillent, emballent et revendent des informations personnelles sur des individus à travers le monde. Vous vous demandez peut-être : « Comment est-ce possible ? » Analyse de ce phénomène sur la réalité de notre ère numérique.
L’économie des données
Jason Adler explique : « Pensez à internet comme à un immense centre commercial. Chaque magasin dans lequel vous entrez, même juste pour regarder, prend note de votre visite. » Cette visite se transforme en données, qui sont ensuite échangées et vendues au sein d’un vaste réseau d’entreprises, connues sous le nom de courtiers en données. Ces entités travaillent en coulisses sur internet, extrayant des informations précieuses sur les utilisateurs et leurs activités.
Alors, que collectent précisément les courtiers en données ? Voici quelques exemples : historique de navigation web, habitudes d’achat en ligne, activité sur les réseaux sociaux, conversations par e-mail, localisation de l’utilisateur, informations démographiques…
Les courtiers en données
Pourquoi les courtiers en données sont-ils si présents dans notre société actuelle, dominée par la technologie ? Adler pointe deux raisons principales :
– Demande économique : les entreprises sont toujours à la recherche d’un avantage concurrentiel. Des informations détaillées sur les clients peuvent souvent le fournir.
– Avancées technologiques : les outils et systèmes modernes rendent la capture, le stockage et l’analyse des données plus faciles et moins coûteux que jamais.
« Ces facteurs ont permis au courtage de données de devenir une industrie de plusieurs milliards de dollars. C’est le pétrole qui alimente l’économie numérique », explique l’ingénieur.
Confidentialité et réglementation
Bien que l’économie des données ait ses avantages, elle soulève de sérieuses préoccupations en matière de confidentialité. « Les gens se sentent violés lorsqu’ils découvrent l’étendue du commerce des données. Les consommateurs ont peu de contrôle sur ce qui est collecté, qui le détient et ce qu’ils en font », insiste Jason Adler.
Beaucoup plaident pour une réglementation plus stricte du secteur. Cependant, les tentatives pour le contrôler se sont avérées difficiles compte tenu de la nature internationale d’internet.
Un monde axé sur les données
Il semble que les courtiers en données soient là pour rester. Alors, que peuvent faire les utilisateurs pour protéger leur vie privée ? Le spécialiste propose quelques conseils pratiques : être conscient de son empreinte numérique ;
penser toujours aux informations que l’on partage en ligne ; utiliser les outils disponibles ; appliquer les paramètres de confidentialité ; enfin, utiliser des modes de navigation qui ne suivent pas les données et opter pour le cryptage lorsque c’est possible.
Il faut en outre songer à la sécurité informatique, à savoir mettre régulièrement à jour ses logiciels, utiliser des mots de passe complexes et rester méfiant face aux communications non sollicitées.
Comme le dit Jason Adler : « À l’ère du numérique, vous ne pouvez pas totalement échapper aux courtiers en données, mais vous pouvez certainement leur rendre la tâche plus difficile. »
Le monde est entré dans une ère de numérisation intense. Défendre les droits à la vie privée et la protection des données personnelles ne vise pas à freiner le progrès, mais plutôt à favoriser un environnement numérique qui respecte l’autonomie des individus. Alors que le monde s’engage davantage dans ce voyage numérique, il est judicieux de suivre certains conseils et de se rappeler que les clics et les frappes sur le clavier ne disparaissent pas dans l’éther. Ils se transforment en une grande entreprise, celle du courtage de données.
« La meilleure défense est la prise de conscience », conclut Jason Adler, rappelant que les interactions en ligne ne sont pas aussi privées que les gens aimeraient le croire.
Source : https://repocket.co/