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Dernières Infos - Justice

Viols en série en France : "Je suis un violeur", reconnaît le principal accusé


Un fourgon de l'administration pénitentiaire française arrivant au tribunal d'Avignon, le 17 septembre 2024. Photo AFP / CHRISTOPHE SIMON

« Je suis un violeur », a reconnu mardi Dominique Pelicot, accusé comme 50 autres hommes de viols sur son ex-femme Gisèle, à qui il a demandé pardon, lors de son procès dans le sud de la France.

« Elle ne méritait pas ça, je le reconnais », a déclaré depuis le box des accusés le septuagénaire au sujet de son ancienne épouse, dont il a fait la connaissance en 1971 et qu'il est accusé d'avoir droguée pour lui faire subir des viols au domicile familial de Mazan (sud) durant dix ans.

De retour après près d'une semaine d'absence pour raison de santé, l'accusé principal s'exprimait pour la première fois sur le fond depuis l'ouverture de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique à Avignon le 2 septembre.

Gisèle Pelicot, devenue une icône féministe pour avoir accepté que le procès soit public afin que « la honte change de camp », est restée stoïque tout le long de la prise de parole de son ex-mari avant d'elle-même se rendre à la barre pour brièvement témoigner.

« Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme » en qui « j'avais toute confiance », a-t-elle expliqué. « J'ai aimé cet homme pendant 50 ans, je lui aurais donné mes deux mains à couper », a confié cette femme qui a reçu le soutien de milliers de manifestants en France le week-end dernier.

Invité par la cour à réagir, Dominique Pelicot a alors dit: « Je suis coupable de ce que j'ai fait. Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, madame M. (l'épouse d'un co-accusé que Dominique Pelicot est accusé d'avoir violée, NDLR), de bien vouloir accepter mes excuses. Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable ».

« Je dois payer » 

« Elle était merveilleuse et moi j'étais à côté de la plaque », a-t-il déclaré, pendant que Gisèle le fixait, « Je l’ai bien aimée 40 ans et mal aimée 10 ans. Je n'aurais jamais dû faire ça (...) Je dois payer ».

Auparavant, il avait relaté son enfance et deux événements traumatiques qu'il dit avoir subis pendant sa jeunesse: un viol par un infirmier à l'âge de 9 ans, puis, sur un chantier quand il avait 14 ans, où il a selon lui été forcé de participer au viol collectif d'une jeune femme handicapée.

« De ma jeunesse, je ne retiens que des chocs et traumatismes. En 1971, il y a eu cette belle rencontre (avec Gisèle). C'était trop lourd à porter », a-t-il lâché en sanglotant.

« J'ai tenu 40 ans, j'étais très heureux avec elle, c'était le contraire de ma mère, elle était totalement insoumise. J'avais trois enfants, que je n'ai jamais touchés. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais », a-t-il ajouté.

Selon l'enquête, des photos de sa fille et de ses deux-belles filles, prises à leur insu et les montrant pour certaines nues, ont été retrouvées dans son ordinateur.

« Caroline, je ne t'ai jamais touchée, jamais droguée, jamais violée. C'est impossible », a-t-il lancé à sa fille, qui a exposé son choc après l'affaire et ses questionnements dans un livre intitulé « Et j'ai cessé de t'appeler papa ».

Dominique Pelicot « ne se dérobe pas » devant les faits « monstrueux » qui lui sont reprochés, a commenté son avocate, Béatrice Zavarro, à la pause de la mi-journée.

« Il constate plusieurs traumas de l'enfance, et il peut supposer que ces traumas de l'enfance ont conduit à cette personnalité-là. Mais en aucun cas il vient dire +Plaignez-moi, j'ai subi ça, donc fatalement il faut me pardonner de ce que j'ai fait à mon épouse+ ».

En sortant de l'audience du matin, Gisèle Pelicot a été chaleureusement applaudie par plusieurs personnes, qui lui ont offert un bouquet de fleurs.

« Gisèle, Gisèle ! », « Bravo madame » ou encore « Pour que la honte change de camp ! », ont scandé ces membres d'un public qui vient chaque jour nombreux assister au procès. Lunettes rondes sur le nez, elle a souri et les a remerciés, sans faire de déclarations.

« Ils savaient tous » 

Dominique Pelicot - qui documentait tous les viols, filmés et photographiés, dans des dossiers classés sur son ordinateur - avait déjà reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s'était encore jamais expliqué en détail depuis l'ouverture du procès.

Dominique Pelicot a affirmé de nouveau que les 50 hommes jugés à ses côtés, qu'il avait rencontrés par internet, savaient l'état d'inconscience de sa femme qu'il droguait avec de puissants anxiolytiques.

« Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire ».

Cinquante hommes âgés de 26 à 74 ans, pompier, infirmier, journaliste etc... originaires de villes et villages de la région, sont jugés dans cette affaire.

Certains nient les accusations de viols et affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d'un couple libertin.

« Je suis un violeur », a reconnu mardi Dominique Pelicot, accusé comme 50 autres hommes de viols sur son ex-femme Gisèle, à qui il a demandé pardon, lors de son procès dans le sud de la France.« Elle ne méritait pas ça, je le reconnais », a déclaré depuis le box des accusés le septuagénaire au sujet de son ancienne épouse, dont il a fait la connaissance en...