Le président iranien Massoud Pezeshkian était jeudi au Kurdistan d'Irak pour discuter coopération économique et sécuritaire, au deuxième jour d'une visite chez le voisin irakien visant à consolider un partenariat stratégique.
C'est la « première » visite au Kurdistan d'un chef de l'Etat iranien, s'est réjoui Nechirvan Barzani, président de la région autonome dans le nord de l'Irak, saluant un « jour historique ». Le déplacement illustre un réchauffement des relations, après des tensions exacerbées ces dernières années, marquées par des bombardements menés par Téhéran au Kurdistan.
A sa descente d'avion à l'aéroport d'Erbil, M. Pezeshkian a été accueilli en grande pompe par M. Barzani, tandis que les Peshmergas, les forces armées kurdes, se tenaient au garde-à-vous, fusils le long du corps.
Il s'est entretenu avec les dirigeants du clan Barzani, notamment le Premier ministre du Kurdistan, Masrour Barzani, ainsi que le patriarche et figure historique du pouvoir, Massoud Barzani.
« Nous souhaitons élargir la coopération économique et commerciale avec la région du Kurdistan irakien », a assuré le président iranien, selon un communiqué de ses services.
Ayant pris ses fonctions fin juillet, M. Pezeshkian s'est engagé à consolider les relations avec les pays voisins, pour atténuer l'isolement international de l'Iran et limiter l'impact des sanctions américaines sur son économie.
Son pays subit depuis des années des sanctions occidentales, en particulier après le retrait unilatéral des Etats-Unis, ennemi juré de Téhéran, de l'accord international sur le nucléaire iranien en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
Lors d'une réunion à laquelle a assisté le chef de la diplomatie irakienne Fouad Hussein, Nechirvan Barzani a évoqué « la volonté du Kurdistan de développer les relations et élargir la coopération avec la République islamique d'Iran dans tous les domaines », selon un communiqué de ses services.
« Pas une menace »
Les participants ont souligné « l'importance de préserver la paix et la stabilité dans la région », selon le texte.
« La région du Kurdistan ne constituera jamais une source de menace pour l'Iran et les pays voisins », ajoute le communiqué, précisant que Erbil « respecte l'accord de sécurité signé entre l'Irak et l'Iran. »
Les relations entre le Kurdistan irakien et Téhéran sont au beau fixe depuis plusieurs mois notamment grâce aux efforts engagés par les autorités irakiennes pour neutraliser les groupes armés de l'opposition kurde iranienne, installés depuis des décennies dans la région.
Ces dernières années, Téhéran a bombardé à plusieurs reprises des positions de ces groupes armés au Kurdistan. Mais après un accord signé en mars 2023 avec Téhéran, le gouvernement fédéral irakien a désarmé les groupes iraniens et les a éloignés des zones frontalières, en les transférant vers des campements.
L'Iran a accusé l'opposition kurde d'introduire clandestinement des armes en provenance d'Irak et de lancer des attaques contre les forces iraniennes. Il avait aussi accusé ces mouvements d'encourager les manifestations ayant secoué l'Iran après la mort en septembre 2022 de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini pendant son arrestation par la police des moeurs.
Jeudi, M. Pezeshkian s'est aussi rendu dans la deuxième ville du Kurdistan, Souleimaniyeh, où le pouvoir local est tenu par le clan Talabani, de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui entretient traditionnellement de bons rapports avec Téhéran.
La visite de trois jours du président, qui se termine vendredi, le conduira dans les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala (centre), ainsi qu'à Bassora, ville portuaire près de la frontière iranienne, où les deux pays vont construire une ligne de chemin de fer.
Le déplacement avait débuté mercredi dans la capitale Bagdad. Le président iranien et le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani ont assisté à la signature de 14 protocoles d'accord, visant à renforcer la coopération notamment dans le domaine de l'éducation, de l'agriculture, ou le partage des ressources naturelles.
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