Elle est partie comme elle a vécu : sans déranger personne, dans une discrétion absolue. Mais aussi dans l’inconfort d’un pays à la dérive, où elle ne se reconnaissait plus : d’une maison sans électricité avec un internet au compte-gouttes, dans la chaleur insupportable de l’été de Beyrouth, cette ville qu’elle a passionnément aimée comme nous tous et en dépit de tout.
Léa, ma Léa comme je lui disais affectueusement, tellement démunie mais tellement généreuse, tellement modeste mais d’une richesse d’âme édifiante, tellement cultivée dans un pays matérialiste, postait chaque jour une pensée, les résultats d’une recherche ou que sais-je sur Facebook, son dernier lien avec ses amis collectionneurs à qui elle posait, de temps en temps, des quizz qui les faisaient réfléchir parfois durant des semaines.
Je garde comme un trésor la voix de Léa dans de précieux enregistrements réalisés à l’occasion du décès de son ami d’enfance André Kassab. C’est Colette, la veuve d’André, qui m’a annoncé son départ. Elle m’a dit : ils vont reprendre leurs parties d’échecs. C’est la seule parole de réconfort qui a apaisé ma peine.
Adieu Léa et salue André de ma part.
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