
Archives de L’Orient littéraire, 28 avril 1962
Anne Mourani, dont nous republions ci-dessous deux poèmes, obtient en 1962, alors qu’elle a seize ans, le premier prix au concours de poésie organisé par l’Amicale des étudiants de l’École Supérieure des Lettres à Beyrouth. « Sa délicatesse d’âme, une certaine originalité du point de vue mélodique et rythmique, la nouveauté exquise des images lui valurent sans doute la consécration jalousement convoitée par 45 poètes dont plusieurs avaient déjà composé un émouvant chant de victoire. » (L’Orient littéraire, 28 avril 1962)
La dalle blanche
La Mère serre l’Enfant
L’Enfant serre la Poupée
De leurs yeux s’échappe
Un nuage d’amour et d’encens.
La Poupée, mains ouvertes,
Criait… criait…
La Mère et l’Enfant ne rêvent plus
Que d’une dalle blanche
Dans un champ de printemps.
La naissance de Vénus
Le reflet du ciel a vêtu
L’océan d’une dentelle marine
Où sommeillaient encore
Des fleurs de nuage.
Dans une envolée de neige
Elles s’effeuillèrent sur la berge dorée.
Alors, l’onde écarta l’écume universelle
Et comme une longue nuit qui doucement s’éveille
Comme un enfant qui de tout s’émerveille
Jaillit de l’orient l’algue aux formes neuves
Tout le regard d’un monde l’habillait…