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Dernières Infos - Conflit

Une unité de l'armée israélienne dans le viseur de Washington, colère de Tel Aviv

Le bataillon « Netzah Yehuda » est accusé par les États-Unis d'avoir commis de multiples violations des droits humains en Cisjordanie.

Des soldats israéliens à l'entrée d'un tunnel dans le cadre des opérations menées dans la bande de Gaza contre le groupe militant palestinien Hamas. Photo AFP publiée le 18 avril 2024 / HANDOUT / ISRAELI ARMY"

« L'armée israélienne ne doit pas être sanctionnée ! » Sur son compte X, Benjamin Netanyahu n'a pas tardé à s'indigner d'une décision qui marquerait une première historique dans les relations israélo-américaines. Comme annoncé depuis vendredi par plusieurs médias, une unité de l'armée de l'État hébreu, connue sous le nom de « Netzah Yehuda », est en passe d'être soumise à des sanctions américaines pour avoir commis de multiples violations des droits humains en Cisjordanie avant le 7 octobre 2023.

Ce bataillon d'infanterie est composé en grande partie de juifs ultraorthodoxes. Créée en 1999 pour inciter les jeunes hommes issus de cette communauté, toujours exemptée de service militaire, contrairement au reste de la population israélienne, il demeure la seule unité non-mixte de l'armée israélienne « par respect pour les recrues ultra-orthodoxes ne souhaitant pas servir avec des femmes », comme l'explique le Haaretz. « Netzah Yehuda » est également devenu le repère des colons illégaux des « hilltop youth » (jeunes des collines), une organisation de jeunesse d’extrême droite installée en Cisjordanie dont les membres sont rejetés par les autres unités.

Opérant de huit à dix mois en Cisjordanie occupée, ce bataillon est soutenu par des leaders de la politique coloniale, dont Bezalel Smotrich. Le ministre extrémiste, dirigeant du Parti sioniste religieux, avait vanté son prétendu « savoir-faire » sur les réseaux sociaux. « En tant que colon, je peux vous dire que les habitants sont heureux chaque fois que Netzah Yehuda est déployé dans leur secteur, avait-il écrit. Ils savent exactement quelle est leur mission, qui est l’ennemi et qui est leur frère. »

« Loi Leahy »

Ces sanctions constitueraient une première historique dans la mesure où elle mettrait un terme à toute forme d'assistance militaire américaine à l'intention de cette unité, dont les membres seront par ailleurs interdits de participer aux formations organisées par les États-Unis.

Interrogé samedi à ce sujet, Antony Blinken a expliqué que cette décision s'appuyait sur une loi votée en 1997 par le Congrès américain, la « loi Leahy », prévoyant l'interdiction de toute aide américaine à destination des unités de sécurité, militaires et policières d'un pays étranger lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains.

« C'est une loi importante que nous appliquons à tous les niveaux », a justifié le secrétaire d'État américain. « Lorsque nous menons ces enquêtes (...), cela prend du temps. Cela doit être fait très soigneusement, à la fois en matière de collecte des faits et de leur analyse, et c'est exactement ce que nous avons fait. Et je pense qu'il est juste de dire que vous verrez les résultats très bientôt », a-t-il poursuivi.

Les États-Unis auraient commencé à enquêter sur ce bataillon en 2022 à la suite d'incidents répétés concernant des membres de cette unité. Parmi eux, la mort d'un Palestino-américain de 78 ans, Omar Assad, ayant succombé à une attaque cardiaque après avoir été détenu dans des conditions illégales, avait convaincu les services américains de cibler ce bataillon.

Plus récemment, le 24 août 2023, quatre membres de « Netzah Yehuda » avaient été suspendus par leur état-major après la diffusion d'une vidéo les montrant en train de frapper des Palestiniens près de Ramallah. Des exactions déjà couvertes par Haaretz à l'époque, n'hésitant pas à qualifier ce groupe « de milice indépendante qui n’obéit pas aux règles de l’armée ».

13 milliards de plus pour l'armée israélienne

Alors que l'ambassade israélienne à Washington aurait été prévenue depuis plusieurs mois de l'imminence de cette annonce, celle-ci aurait largement « surpris » le cabinet de guerre et l'état-major israélien, selon Axios. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a dans la foulée organisé une réunion en urgence à ce sujet avec plusieurs officiers de l'armée israélienne avant de voler au secours de l'unité visée. « Les dommages causés à une unité affectent l'ensemble de notre armée, ce n'est pas une démarche bienvenue de la part de nos amis et alliés », a commenté M. Gallant dans un communiqué publié par son bureau dans la nuit de dimanche à lundi.

Après s'être entretenu avec le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, M. Gallant a déclaré étudier « les mesures à prendre pour empêcher la mise en œuvre » des sanctions. Tout comme Benjamin Netanyahu, qui a promis de son côté de « combattre de toutes (ses) forces contre quiconque voulant s'en prendre l'armée israélienne ».

Toutefois, cette affaire n'a pas remis en cause le soutien financier continu de l'État Américain à son allié israélien. Dans le même temps, la Chambre américaine des représentants a voté un nouveau plan massif incluant 13 milliards de dollars d'aide militaire à l'État hébreu, notamment pour renforcer le bouclier antimissile israélien, le « Dôme de fer », mis à rude épreuve par l'attaque iranienne du 14 avril dernier lancée en représailles de la frappe contre le consulat de la République islamique à Damas le 1er avril.

« L'armée israélienne ne doit pas être sanctionnée ! » Sur son compte X, Benjamin Netanyahu n'a pas tardé à s'indigner d'une décision qui marquerait une première historique dans les relations israélo-américaines. Comme annoncé depuis vendredi par plusieurs médias, une unité de l'armée de l'État hébreu, connue sous le nom de « Netzah Yehuda », est en passe...