Les députés suisses refusent que le pays participe à la task force du G7 sur les avoirs russes

Les députés en Suisse ont rejeté mercredi une proposition des Verts qui demandaient à ce que la Suisse participe au groupe de travail du G7 pour traquer les avoirs des oligarques russes en réponse à l'invasion de l'Ukraine.  Les députés ont rejeté par 101 voix contre 80 cette proposition à laquelle le Conseil fédéral (gouvernement) était également défavorable. 

"Compte tenu de sa neutralité militaire, la Suisse ne peut pas soutenir l'Ukraine en fournissant des armes", a déclaré Franziska Ryser, la députée écologiste qui défendait cette proposition durant la séance à la chambre des députés.  "Il est donc d'autant plus important que là - sur ce point sur lequel nous avons un levier - nous nous positionnions clairement", a-t-elle affirmé. 

La Suisse est une des plus grandes places au monde pour le négoce des matières premières et une des places financières les plus prisées "pour l'argent des oligarques russes", a argumenté la députée, soulignant que les avoirs déposés dans les banques suisses se montent, selon différentes estimations, entre 150 et 200 milliards de francs (154 à 206 milliards d'euros).  "Pourtant la Suisse n'a jusqu'à présent gelé qu'environ 7,5 milliards de francs", a poursuivi l'élue des Verts et il n'est donc "pas étonnant" que le pays fasse l'objet "de critiques", selon elle. 

Malgré sa neutralité, la Suisse s'était rapidement alignée sur les sanctions de l'Union européenne après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.  En avril 2023, les ambassadeurs du G7 à Berne avaient toutefois adressé un courrier au gouvernement suisse pour lui faire part de leurs inquiétudes quant aux risques de contournement des sanctions. Ils avaient exigé que la Suisse collabore davantage et rejoigne le groupe de travail mis en place en mars 2022 pour traquer les avoirs des soutiens du pouvoir de Moscou, sans parvenir à convaincre les autorités suisses.  

Lors de la séance mercredi à la chambre basse, Hans-Peter Portmann, député du groupe libéral-radical (droite libérale) a affirmé que la Suisse collabore déjà techniquement avec de nombreux pays et organismes, y compris avec ce groupe de travail appelé Repo. 

Mais rejoindre ce groupe risquerait d’affaiblir la position de la Suisse en tant que médiateur, a-t-il ajouté. Du fait de sa neutralité, la Suisse organise régulièrement des rencontres entre pays en guerre pour tenter de trouver une issue à leurs conflits.