Le 15 avril 2019, le monde entier assistait avec stupeur à l'incendie spectaculaire qui a ravagé Notre-Dame de Paris. Cinq ans plus tard, la cathédrale a retrouvé de sa splendeur et se prépare à rouvrir dans moins de huit mois. Sous les yeux des Parisiens et des touristes, la flèche de ce symbole de la chrétienté, conçue par l'architecte du XIXe siècle Eugène Viollet-le-Duc, s'était effondrée sur elle-même, ainsi qu'une partie de sa toiture. "Nous avons tous vécu le choc de la cathédrale après l'incendie, avec ces visions de désolation: les brèches béantes dans les voûtes, les décombres qui jonchaient le sol", se souvient Philippe Jost, le nouveau responsable du chantier de Notre-Dame depuis septembre.
L'incendie avait pris en fin d'après-midi dans les combles de la cathédrale, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et monument le plus visité d'Europe avec 12 millions de visiteurs par an avant le drame. En début de soirée, d'immenses flammes dévoraient une partie de la toiture du bâtiment, dégageant une épaisse fumée aux teintes jaunâtres. Les images, diffusées en direct sur de nombreuses chaînes d'information à travers le monde, et sur les réseaux sociaux, avaient suscité une vive émotion planétaire.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait réagi le soir même, tout comme l'ex-président américain Donald Trump, qui avait suggéré le largage d'eau par des bombardiers, sur le réseau social Twitter (renommé X depuis), manœuvre impossible selon la Sécurité civile française. Les quelque 400 pompiers mobilisés avaient lutté contre les flammes pendant presque 12 heures. Le feu, maîtrisé durant la nuit, s'est éteint peu avant 10H00 le lendemain.
846 millions d'euros de dons
Lançant le soir même une souscription nationale pour aider à la reconstruction de l'édifice, le président Emmanuel Macron avait dit vouloir que Notre-Dame de Paris soit rebâtie "d'ici cinq années", malgré les nombreux défis qui s'imposaient. Les appels aux dons s'étaient multipliés, et dans un grand élan de solidarité mondiale, ce sont au total à 846 millions d'euros qui ont été récoltés. Le chantier a été interrompu quelques semaines en raison du Covid en 2020.
Quatre ans plus tard, les principaux défis posés par sa restauration ont néanmoins été relevés, selon M. Jost, qui préside l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale depuis le décès, en août dernier, du général Jean-Louis Georgelin. Quelque 250 entreprises et des centaines d'artisans d'art, d'architectes et de professionnels ont travaillé dans ce chantier hors norme pour permettre la réouverture du chef-d'œuvre de l'art gothique.
Parmi les défis techniques, M. Jost cite, la reconstruction à l'identique, achevées fin mars, des charpentes de la nef et du chœur avec plus d'un millier d'arbres bicentenaires spécialement sélectionnés dans les forêts françaises. La cathédrale a également retrouvé sa flèche, avec sa croix et son coq, apposés au sommet en décembre. Le grand orgue -le plus grand de France- avait été épargné par le feu mais recouvert de poussière de plomb. Après nettoyage, ses 8.000 tuyaux ont été remontés un par un, et son harmonisation devrait durer six mois pour redonner sa "voix" à Notre-Dame. Concernant l'intérieur, la cathédrale a retrouvé une luminosité inconnue de mémoire de vivant: le nettoyage des murs, voûtes et décors est quasiment achevé.
D'ici l'été, les toitures de la nef, du chœur et de la flèche, la restauration des sols, ainsi que des travaux sur du mobilier d'art intérieur, doivent aussi être terminés. Et à partir de l'automne, le parvis et les accès seront dégagés et réaménagés en lien avec la Ville de Paris, chargée de restructurer les abords, qui doivent être verdis, à l'horizon 2028. L'appel à candidatures pour la création de vitraux contemporains, selon le souhait du président Macron, a été lancé mercredi. Ils ne devraient toutefois pas être installés dans la cathédrale avant 2026.
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