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Monde - CRISE DIPLOMATIQUE

L'Équateur dans la tourmente après le raid dans l'ambassade du Mexique à Quito

Des officiers des forces antiémeute et des agents de la police diplomatique se tenant devant l'ambassade équatorienne à Mexico, le 6 avril 2024. Yuri Cortez/AFP

L'Équateur est la cible d'une pluie de critiques à travers toute l'Amérique latine après l'irruption de policiers dans l'ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l'ancien vice-président équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui s'y était réfugié. L'intrusion vendredi dans l'ambassade, sans précédent récent dans le monde, a conduit le Mexique et le Nicaragua à rompre leurs relations diplomatiques avec l'Équateur. Elle a en outre été condamnée par les gouvernements de gauche d'Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, et même par l'Argentine du président ultralibéral Javier Milei. La plupart d'entre eux ont cité la convention de Vienne, qui garantit l'inviolabilité des ambassades.

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence temporaire de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé à une réunion d'urgence lundi. L'Organisation des États américains (OEA) a exprimé son rejet de « toute action qui viole ou compromet l'inviolabilité des locaux des représentations diplomatiques ». Des images diffusées par des médias locaux montrent l'entrée vendredi soir de policiers en uniforme dans l'ambassade où ils ont arrêté M. Glas, recherché par la justice, auquel Mexico venait d'accorder l'asile.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique », et affirmé son intention de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice. Dans la foulée, Mexico a annoncé la rupture immédiate des relations diplomatiques avec l'Équateur, suivi samedi par le Nicaragua. L'ancien président équatorien Rafael Correa, fugitif condamné à huit ans de prison pour corruption, a écrit sur le réseau X que « même dans les pires dictatures, l'ambassade d'un pays n'a pas été violée ».


Hors norme

Le gouvernement brésilien a, lui, condamné « dans les termes les plus fermes » l'opération policière, la qualifiant « de claire violation » des conventions internationales. Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a dénoncé une arrestation « illégale ». Une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi soir devant l'ambassade d'Équateur à Mexico, aux cris de « fasciste », surveillées par la police. L'ambassade mexicaine à Quito était quant à elle encerclée samedi par la police et le drapeau national a été retiré de son mât dans la cour du bâtiment, a constaté un photographe de l'AFP. Selon le gouvernement mexicain, les diplomates et leurs familles pourront quitter le pays par des vols commerciaux avec le soutien d'« ambassades amies ».

M. Glas, 54 ans, a été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (Sud-Ouest), selon des sources gouvernementales. Des images publiées dans les médias locaux montrent le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, crier « c'est un scandale ! » en courant derrière des véhicules quittant son ambassade. S'ensuit une bousculade, au cours de laquelle M. Canseco tombe à terre. « C'est totalement hors norme, je suis très inquiet qu'ils puissent tuer Jorge Glas », a dit M. Canesco à une télévision locale, encore tremblant.

Le Mexique avait accordé vendredi l'asile à Jorge Glas, réfugié depuis le 17 décembre dans son ambassade à Quito et visé par un mandat d'arrêt pour corruption présumée. Quito avait dans la foulée qualifié cette décision d'« illégale », dénoncé un « abus des immunités et privilèges » accordés à l'ambassade et une ingérence dans ses affaires intérieures. « Jorge Glas a fait l'objet d'une condamnation exécutoire et d'un mandat d'arrêt émis par les autorités compétentes », a commenté le ministère équatorien de la Communication.


Réponse aux critiques 

L'octroi de l'asile à M. Glas était intervenu au lendemain de la décision de l'Équateur d'expulser l'ambassadrice mexicaine à Quito, à la suite de critiques émises par le président mexicain sur la conduite de la présidentielle équatorienne de 2023. Mercredi, M. Lopez Obrador avait accusé les autorités équatoriennes d'avoir exploité l'assassinat du candidat d'opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l'élection du libéral Daniel Noboa à la présidence de l'Équateur, au détriment de la candidate de gauche Luisa González. Fernando Villavicencio a été abattu après un meeting de campagne dans le nord de Quito à quelques jours de l'élection du 20 août. Sept suspects ont été arrêtés pour ce crime, mais ont été tués en prison. Le gouvernement de l'Équateur, sous le joug de bandes criminelles qui se disputent les routes du trafic de drogue, avait jugé ces propos offensants.

Jorge Glas, ancien vice-président entre 2013 et 2017 sous l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d'avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme dévastateur en 2016. Dans une autre affaire, il avait été condamné en décembre 2017 à six ans de prison pour corruption dans un vaste scandale impliquant le géant de la construction brésilien Odebrecht. Il avait été libéré en novembre dernier.

L'Équateur est la cible d'une pluie de critiques à travers toute l'Amérique latine après l'irruption de policiers dans l'ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l'ancien vice-président équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui s'y était réfugié. L'intrusion vendredi dans l'ambassade, sans précédent récent dans le monde, a conduit le Mexique et le Nicaragua à...

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