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Moyen-Orient - Conflit Israël-Hamas

Dans un camp de tentes à Rafah, le tonnerre, la pluie et la peur

Des centaines de milliers de Palestiniens, chassés par les combats dans le reste du territoire, se sont réfugiés dans la ville de Rafah, collée à l'Egypte, et vivent dans des camps de fortune.

Une personne passe devant des vêtements en train de sécher sur un fil à linge à l'extérieur de tentes abritant des Palestiniens déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mars 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant du Hamas. Photo AFP/MOHAMMED ABED

Une pluie torrentielle s'est abattue dans la nuit de lundi à mardi sur Rafah, détrempant les matelas dans les tentes, frigorifiant leurs occupants. Et dans ce camp de fortune, les enfants terrorisés ne savent plus différencier le tonnerre et les bombardements.

L'humidité et le vent glacial ajoutent aux malheurs des habitants de la bande de Gaza, dévastée par plus de cinq mois de guerre. Peinant à trouver de quoi se nourrir, ils doivent aussi faire face au manque de vêtements et de couvertures au coeur de l'hiver.

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Entre les tentes posées sur le sable, des rigoles évacuent l'eau tombée toute la nuit. Des enfants en sandales, certains pieds nus, déambulent dans les flaques sous l'oeil sévère d'un Palestinien âgé: "Je vous ai dit plusieurs fois de ne pas jouer ici! C'est sale, ça va vous rendre malade!"

Une femme s'énerve à l'approche des journalistes. Désignant les enfants, elle crie: "Cet enfant, là, c'est le Hamas? Et lui, le Hamas? Et lui? Et lui?"

Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste palestinien responsable de l'attaque sanglante du 7 octobre en Israël qui a fait 1.160 morts, essentiellement civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles. L'opération militaire israélienne lancée en représailles a fait plus de 31.800 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Des centaines de milliers de Palestiniens, chassés par les combats dans le reste du territoire, se sont réfugiés à l'extrême sud, dans la ville de Rafah, collée à l'Egypte, et vivent dans des camps de fortune.

"Non, c'est le tonnerre"

Oum Abdoullah Alwan, déplacée de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, habite désormais avec 14 membres de sa famille sous une tente, et a passé une nuit épouvantable, une de plus. 

"Nous ne faisons plus la différence entre la pluie, le tonnerre et les bombardements. Les enfants criaient de peur. Nous avons été submergés par l'eau de pluie et nos affaires ont été trempées. J'ai demandé à mon fils: +C'est le bruit des obus?+ Il m'a répondu: +Non, c'est le tonnerre+", raconte-t-elle. La mère et ses enfants se sont blottis toute la nuit les uns contre les autres, pour faire taire la peur et "ressentir un peu de chaleur".

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Abir al-Chaer, une déplacée de Khan Younès, dans le sud, confond, elle aussi, "le bruit des bombardements, des avions à réaction et du tonnerre". Ses enfants, dit-elle, "ont développé une obsession psychologique pour les roquettes. Pour eux, chaque son est un son de roquette, même lorsque le rabat de la tente bat au vent".

A ses côtés, Akram al-Arian, également originaire de Khan Younès, montre le crâne infecté d'un de ses enfants, et le tas de vêtements sales et trempés qui s'entasse dans un coin de la tente. Lui aussi a eu peur pendant la nuit et a serré ses enfants contre lui, "comme une poule protège ses poussins".

Non loin, Aya aide son père, Mahmoud Saad, à entasser du sable et de la poussière autour de leur tente pour éviter de futures infiltrations. "L'hiver est une saison bénie, sauf chez nous à Gaza", soupire la jeune femme.

Une pluie torrentielle s'est abattue dans la nuit de lundi à mardi sur Rafah, détrempant les matelas dans les tentes, frigorifiant leurs occupants. Et dans ce camp de fortune, les enfants terrorisés ne savent plus différencier le tonnerre et les bombardements.

L'humidité et le vent glacial ajoutent aux malheurs des habitants de la bande de Gaza,...
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