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Le Conseil de sécurité de l'ONU se penche sur Haïti, menacée de « guerre civile » par des gangs

Le Conseil de sécurité de l'ONU se penche sur Haïti, menacée de « guerre civile » par des gangs

Des carcasses de véhicules calcinés devant le commissariat du carrefour de l'Aéroport, à Port-au-Prince, Haïti, le 5 mars 2024 après que des individus armés contrôlés par le chef de gang Jimmy "Barbecue" ont incendié les lieux. Photo AFP/CLARENS SIFFROY

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir mercredi une réunion d'urgence sur l'escalade de la violence en Haïti, où un chef de gang a assuré qu'une « guerre civile » sanglante aurait lieu si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionnait pas.

Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques de ce pays pauvre des Caraïbes: académie de police, aéroport et plusieurs prisons, d'où ont pu s'évader des milliers de détenus.

La zone de l'aéroport Toussaint-Louverture a de nouveau été le théâtre d'affrontements entre les forces de sécurité et des gangs dans la nuit de mardi à mercredi, selon une source policière.

Mais l'activité reprend de plus en plus dans les rues de Port-au-Prince, notamment autour des commerces, même si les administrations publiques et les écoles restent fermées, a constaté un correspondant de l'AFP.

Un influent chef de gang, Jimmy Chérizier, a assuré mardi à des journalistes que si Ariel Henry ne démissionnait pas et si la communauté internationale continuait de le soutenir, le pays allait « tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide ».

« Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous », a affirmé cet ancien policier de 46 ans, surnommé « Barbecue », entouré d'hommes armés et cagoulés.

Les groupes armés disent vouloir renverser le Premier ministre au pouvoir depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.

Dans un pays sans président ni parlement et où aucune élection n'a eu lieu depuis 2016, la question de son remplacement reste ouverte.

« Accélérer la transition » 

Sur le front diplomatique, les Etats-Unis pressent Ariel Henry d' »accélérer la transition » vers une nouvelle « structure de gouvernance » ouvrant la voie à des « élections libres et équitables », a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller.

Selon lui, les Etats-Unis attendent du Premier ministre qu'il fasse des « concessions dans l'intérêt du peuple haïtien » sans toutefois l'inciter à « démissionner ».

L'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield a évoqué « la mise en place d'un organe présidentiel de transition », estimant qu'il était « urgent » qu'Ariel Henry aille « dans cette direction ».

Absent depuis plusieurs jours d'Haïti après un déplacement au Kenya et n'ayant pu retourner à Port-au-Prince, Ariel Henry a atterri mardi à Porto Rico, selon la porte-parole du gouverneur de ce territoire américain des Caraïbes.

En réaction aux violences, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne de trois jours renouvelables jusqu'à mercredi inclus, pendant qu'Ariel Henry était à Nairobi pour tenter de mettre enfin sur les rails la future force multinationale destinée à aider la police haïtienne dépassée.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé cette semaine à « une action urgente », notamment pour financer cette mission multinationale qui doit « empêcher le pays de plonger encore plus dans le chaos ».

Un appel relayé mercredi par le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme. « La réalité est telle que, dans le contexte actuel, il n'y a pas d'alternative pour protéger la vie des gens », a déclaré Volker Türk, décrivant la situation comme « plus qu'insoutenable ».

« Niveau stupéfiant » de violence 

En raison des violences, de la crise politique et d'années de sécheresse, 5,5 millions d'Haïtiens, soit près de la moitié de la population, ont besoin d'assistance humanitaire. Mais l'appel aux dons de l'ONU, pour un montant de 674 millions de dollars pour 2024, n'est financé qu'à 2,5%.

Et l'escalade des derniers jours a forcé 15.000 personnes à fuir leur domicile à Port-au-Prince, selon l'ONU qui a commencé à leur distribuer nourriture et produits de première nécessité.

Après des mois de tergiversations, le Conseil de sécurité de l'ONU avait finalement donné en octobre son accord pour l'envoi en Haïti d'une mission multinationale menée par le Kenya qui veut envoyer 1.000 policiers. Mais son déploiement se fait toujours attendre, notamment en raison d'une décision de la justice kényane.

Pour accélérer la mise en oeuvre, Nairobi et Port-au-Prince ont signé vendredi un accord bilatéral, mais aucune date n'est avancée pour l'arrivée de la mission.

Fin février, cinq autres pays, dont le Bénin avec plus de 1.500 hommes, avaient notifié officiellement leur intention de participer à la mission sur le terrain.

Enlèvements, snipers sur les toits, violences sexuelles utilisées pour installer la peur... Début janvier, Antonio Guterres s'était dit « consterné » par le « niveau stupéfiant » de la violence des gangs qui ravagent le pays, notant que le nombre d'homicides avait plus que doublé en 2023, avec près de 5.000 personnes tuées, dont 2.700 civils.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir mercredi une réunion d'urgence sur l'escalade de la violence en Haïti, où un chef de gang a assuré qu'une « guerre civile » sanglante aurait lieu si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionnait pas.Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du...