Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Allemagne

Fuites dans l'armée: Berlin tente d'atténuer le scandale et plaide l'"erreur individuelle"

Un drapeau allemand. Photo AFP

L'Allemagne a cherché mardi à apaiser les esprits après le scandale d'écoutes de l'armée allemande par la Russie imputées à une « erreur individuelle » grave qui ne remet pas en cause, selon Berlin, la confiance des alliés.

La diffusion vendredi d'une conversation confidentielle de 38 minutes entre des officiers de haut rang de l'armée allemande sur l'aide militaire à Kiev a tourné à l'affaire d'Etat en Allemagne, et créé un malaise parmi les partenaires du pays.

Les premiers résultats de l'enquête ont montré que les « systèmes de communication de l'armée allemande ne sont pas et n'ont pas été compromis », a déclaré le ministre de la Défense Boris Pistorius lors d'une conférence de presse. L'un des participants, qui se trouvait à Singapour, a accédé à la vidéoconférence via « une connexion non autorisée, donc quasiment une connexion ouverte », conduisant à l'interception de la discussion par les espions russes.

Au même moment se tenait un salon de l'aéronautique, auquel participaient aussi des hauts gradés de pays européens alliés, soit « du pain bénit pour les services secrets russes », a expliqué le ministre, partant du principe que l'accès illicite à la discussion entre les officiers allemands via le canal commercial Webex « était le fruit du hasard dans le cadre d'écoutes à grande échelle ».

« Une discussion théorique »

Si Boris Pistorius a reconnu que ces fuites constituaient « une grave erreur qui n'aurait pas dû se produire », il juge toutefois « gérable » ce qui a été abordé dans cette conversation en termes de niveau de confidentialité.

« Il s'agissait seulement d'une discussion théorique » entre hauts gradés, sans « décision ou plan concret », a-t-il insisté lors d'une conférence de presse en Suède où il se trouvait en fin d'après midi. La discussion a notamment abordé l'hypothèse de la livraison à Kiev de missiles de longue portée Taurus, de fabrication allemande. Et ce alors même que le chancelier Olaf Scholz, pressé de toutes parts pour équiper Kiev, a catégoriquement rejeté l'idée de livrer ces puissantes armes de précision d'une portée de 500 km, par crainte d'une escalade du conflit sur le territoire russe.

Le dirigeant allemand avait aussi déclaré ne pas pouvoir suivre l'exemple des Britanniques et des Français, qui livrent des missiles de portée inférieure, en matière « de ciblage des armes ». Il avait laissé entendre que la Grande-Bretagne et la France fournissaient un appui aux Ukrainiens pour cibler leurs frappes, suscitant l'irritation de Londres.

En dépit de l'émoi causé par ces écoutes, « la confiance » des alliés à l'égard de l'Allemagne demeure « intacte », a dit M. Pistorius, affirmant n'avoir noté « aucun signe de méfiance » ou d' « irritation » dans ses échanges avec d'autres capitales depuis le début de cette crise.

Le « jeu de Poutine »

La Commission chargée des affaires de défense au Bundestag doit tenir une réunion extraordinaire lundi pour faire un point sur l'affaire, a déclaré sa présidente Marie-Agnes Strack-Zimmermann, membre du parti libéral (FDP) allié au gouvernement de centre-gauche d'Olaf Scholz. Les députés aborderont aussi la question de savoir « dans quelle mesure nos institutions sont préparées à une attaque hybride », a-t-elle déclaré.

Boris Pistorius a précisé qu'aucune conséquence individuelle n'était envisagée à ce stade dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par ses services. « Je ne vais pas faire le jeu (du président russe Vladimir) Poutine en sacrifiant mes meilleurs officiers », a-t-il précisé. Le Kremlin cherche à « creuser un fossé entre nous », y compris entre les différents partis politiques allemands et ceux qui souhaitent « plus ou moins de soutien à l'Ukraine », a insisté le ministre.

Lundi, Moscou avait dénoncé « l'implication directe » des Occidentaux en Ukraine. Et la Russie a inscrit la fondation allemande Friedrich Ebert, proche des sociaux-démocrates de M. Scholz, sur une liste d'organisations indésirables en Russie sous prétexte qu'elle menace « la sécurité nationale ».

La fondation, qui n'est plus présente en tant que telle sur le territoire russe depuis avril 2022, a rejeté ces accusations et dit « prendre des mesures » afin de « minimiser les risques de poursuites judiciaires » pour les citoyens russes qui coopèrent avec elle. Trois autres organisations allemandes ont également été placées sur cette liste.

L'Allemagne a cherché mardi à apaiser les esprits après le scandale d'écoutes de l'armée allemande par la Russie imputées à une « erreur individuelle » grave qui ne remet pas en cause, selon Berlin, la confiance des alliés.La diffusion vendredi d'une conversation confidentielle de 38 minutes entre des officiers de haut rang de l'armée allemande sur l'aide militaire...