Une famine dans la bande de Gaza "est quasiment inévitable, si rien ne change", a alerté une nouvelle fois l'ONU vendredi, les statistiques officielles faisant déjà état d'au moins 10 enfants morts de faim. L'ONU et les agences humanitaires ont des critères très précis pour déterminer un état de famine et elle n'a pas encore été déclarée pour le territoire palestinien malgré une situation catastrophique. Mais "une fois qu'une famine est déclarée, il est trop tard pour trop de gens", a insisté le porte-parole de l'agence de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke.
En Somalie en 2011, quand la famine a été officiellement déclarée, la moitié du nombre total de victimes qu'a fait la catastrophe était déjà morte de faim. "Nous ne voulons pas en arriver à cette situation et nous avons besoin que les choses changent", a-t-il déclaré lors du briefing régulier de l'ONU vendredi à Genève.
Le porte-parole de l'OMS, Christian Lindmeier, a indiqué que selon les statistiques officielles établies par les autorités du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza, une dizaine d'enfants ont été enregistrés officiellement comme étant décédés des suites de la malnutrition. Un chiffre certainement en-deçà de la réalité, a-t-il ajouté. Ces décès sont les signes précurseurs "qui sont extrêmement préoccupants, car la sécurité alimentaire avant ce conflit à Gaza n'était pas si mauvaise", a souligné le porte-parole d'OCHA.
"Les gens avaient de la nourriture, ils étaient capables de produire leur propre nourriture" et "la production de denrées alimentaires à Gaza même est presque impossible", ajoute t-il, soulignant qu'avant la guerre -menée par Israël contre le Hamas à Gaza depuis les attaques sans précédents du mouvement islamiste sur le territoire israélien le 7 octobre- "la pêche était une source importante de nutrition, de revenus, de pouvoir mettre à manger sur la table, qui a complètement cessé". "Les fondements mêmes de la subsistance quotidienne des gens sont détruits", dénonce t-il.
Evoquant la mort de plus d'une centaine d'habitants de la ville de Gaza au cours d'une distribution d'aide humanitaire jeudi, probablement victimes d'une combinaison de tirs israéliens et d'une immense bousculade, le porte-parole de l'OMS a souligné à quel point les gens devaient avoir faim pour prendre ce genre de risques. "Ce qui est important, c'est que les gens ont tellement besoin de nourriture, d'eau douce, de tout approvisionnement, qu'ils risquent leur vie pour obtenir de la nourriture, des fournitures pour subvenir aux besoins de leurs enfants et pour subvenir à leurs propres besoins", a-t-il lancé. "C'est le vrai drame, la vraie catastrophe".
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