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Dernières Infos - France

Accusé de propos haineux, un imam tunisien interpellé en vue de son expulsion de France

Un drapeau français. Photo d'archives AFP

Accusé d'avoir proféré des appels à la haine visant les femmes et les Juifs dans ses prêches, un imam tunisien du sud de la France, Mahjoub Mahjoubi, a été interpellé jeudi en vue de son expulsion, qu'il entend contester.

Installé en France depuis le milieu des années 1980, marié et père de quatre enfants, l'imam de la petite ville de Bagnols-sur-Cèze, Mahjoub Mahjoubi, était depuis plusieurs jours dans la ligne de mire du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait demandé dimanche le retrait de son titre de séjour.

Interpellé à la mi-journée sur la base d'un arrêté ministériel d'expulsion en présence de ses enfants et de son épouse, selon son avocat, Samir Hamroun, il a été emmené pour être transféré vers un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne.

« Sans la loi immigration, cela n'aurait pas pu être possible. La fermeté est la règle », a affirmé Gérald Darmanin, en fustigeant un « +imam+ radical aux propos inacceptables ».

Mahjoub Mahjoubi est visé notamment pour la diffusion d'une vidéo dans laquelle il qualifiait le « drapeau tricolore » -sans préciser s'il s'agissait du drapeau français- de « drapeau satanique » qui n'aurait « aucune valeur auprès d'Allah ».

Il s'était défendu lundi en évoquant un « lapsus », expliquant qu'il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb lors de la récente Coupe d'Afrique des Nations de football.

Toutefois, les prêches analysés « recèlent bien d'autres choses que ce pseudo lapsus », avait répliqué mardi le préfet du Gard, Jérôme Bonet.

De fait, selon l'arrêté d'expulsion, les propos reprochés à l'imam tunisien couvrent un champ bien plus large que ce débat autour du drapeau.

« Conception rétrograde et violente » 

Dans des prêches des 2, 9 et 16 février « portant sur les signes annonciateurs de la Fin des Temps », Mahjoub Mahjoubi « a véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l'islam, de nature à encourager des comportements contraires aux valeurs de la République, la discrimination à l'égard des femmes, le repli identitaire, les tensions avec la communauté juive et la radicalisation jihadiste », relève l'arrêté, consulté par l'AFP.

Les autorités françaises accusent aussi l'imam de « propos haineux et discriminatoires à l'égard des non-musulmans et de la société française », qu'il aurait décrite comme « belliqueuse et pourrie ».

Toujours selon l'arrêté ministériel, l'imam désignait devant ses fidèles « le peuple juif comme un ennemi ». Il appelait « à la destruction de la société occidentale jugée décadente » et faisait « l'éloge de la charia, seule loi légitime et juste à ses yeux », selon la même source. Le 2 février, il déplorait que « les mosquées ne produisent plus de combattants comme au temps du prophète ».

En plus d'enclencher la procédure d'expulsion, M. Darmanin avait demandé au préfet de signaler ces propos à la justice. Une démarche à l'issue de laquelle la procureure de Nîmes (sud) avait annoncé lundi avoir ouvert une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme ».

L'avocat de Mahjoub Mahjoubi a confirmé jeudi à l'AFP qu'il allait contester son expulsion.

Les imams « détachés » en ligne de mire 

Un imam marocain, Hassan Iquioussen, avait été reconduit en janvier 2023 vers le Maroc par la Belgique, où il s'était réfugié après son expulsion de France pour des « propos incitant à la haine et à la discrimination ».

Un ancien responsable algérien d'une mosquée fermée en 2018 en France pour apologie d'actes de terrorisme, Abderrahim Sayah, considéré par les autorités comme un « leader du salafisme », avait également été expulsé vers l'Algérie en juin dernier.

Début 2020, le président français Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de mettre fin à l'accueil des quelque 300 imams envoyés par divers pays et d'augmenter en parallèle le nombre d'imams formés en France. Depuis le 1er janvier dernier, la France n'accepte plus de nouveaux imams « détachés », envoyés par d'autres pays.

Accusé d'avoir proféré des appels à la haine visant les femmes et les Juifs dans ses prêches, un imam tunisien du sud de la France, Mahjoub Mahjoubi, a été interpellé jeudi en vue de son expulsion, qu'il entend contester.Installé en France depuis le milieu des années 1980, marié et père de quatre enfants, l'imam de la petite ville de Bagnols-sur-Cèze, Mahjoub...