Tensions Hezbollah/Israël : Gemayel met en garde contre un compromis "aux dépens" du Liban

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a mis en garde mercredi contre tout compromis au Liban-Sud qui se ferait « aux dépens du Liban », à l'heure où le Hezbollah et Israël s'affrontent quotidiennement depuis le 8 octobre 2023 au lendemain de l'opération « Déluge d'al-Aqsa » du Hamas contre l'Etat hébreu.

Cette mise en garde intervient alors que le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, mais aussi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ont dernièrement fait preuve d'ouverture en vue de négociations avec Israël autour de la frontière terrestre et la fin du conflit.

« Il est clair qu'Israël a intérêt à protéger ses frontières et que le Hezbollah a intérêt à rester en vie (...) De ce fait, les négociations pourraient servir ces deux groupes, mais nous avons peur que cela ne se produise aux dépens du Liban », a déclaré M. Gemayel, dans un communiqué distribué par les Kataëb, à l'issue d'une rencontre avec l'ambassadeur de France à Beyrouth, Hervé Magro.

Vendredi dernier, le secrétaire général du Hezbollah a entrouvert la porte à un règlement politique avec Israël pour stabiliser à long terme le Liban-Sud. À peine trois jours plus tard, le Premier ministre sortant Nagib Mikati lui a emboîté le pas. Dans une interview accordée à la chaîne al-Hurra, il a assuré son appui (et même celui du parti chiite) au « choix de la paix » et précisé les conditions de Beyrouth pour aboutir à un accord.

Cette ouverture importante intervient alors que l’émissaire américain Amos Hochstein, chargé de désamorcer l’escalade entre le Liban et Israël, est attendu à Beyrouth mercredi soir.

« Tout le monde attend la solution entre Israël et le Hezbollah, tandis que le Liban officiel est absent. Cette situation nous inquiète », a par ailleurs souligné Samy Gemayel. « Il ne faut pas faire de compromis au détriment de la souveraineté de l'Etat. Ce qui nous importe, c'est de mettre en œuvre la résolution 1701 pour empêcher toute agression (contre le Liban) mais aussi la 1559 pour que l'Etat prenne en main la stratégie de défense », a-t-il ajouté.

La résolution 1701 avait mis fin à la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël et appelé à un déploiement important de l'armée libanaise au Liban-Sud. La résolution 1559 de l’ONU appelle entre autres au désarmement des milices libanaises et non libanaises au Liban.

« Le Hezbollah devra faire face à de grands choix. Voudra-t-il continuer à vivre en retrait de l'Etat et des Libanais et à être en confrontation avec eux ? (...) ou voudra-t-il être un partenaire important ? », s'est encore demandé le chef des Kataëb.

Il a par ailleurs appelé à élire un président de la République, le pays étant sans chef de l'Etat depuis plus d'un an.