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Dernières Infos - Sommet de Grenade

Inquiétudes de Kiev et des Européens sur la poursuite de l'aide américaine


Des réfugiés arméniens du Haut-Karabakh dans la ville arménienne de Goris, le 30 septembre 2023. Photo AFP/DIEGO HERRERA CARCEDO

Réunis jeudi à Grenade autour de Volodymyr Zelensky, près de 50 dirigeants du continent européen ont exprimé leurs préoccupations sur le risque que la crise politique en cours à Washington fait peser sur l'aide américaine à Kiev.

Enchaînant les réunions bilatérales, le président ukrainien a reçu de son homologue français Emmanuel Macron la promesse d'un soutien « sans faille (...) aussi longtemps qu'il le faudra » ou de Madrid celle de nouveaux lance-missiles.

Mais même s'ils augmentent leur aide, avec un nouveau paquet de 50 milliards d'euros en discussions pour soutenir Kiev jusqu'en 2027, les Européens n'ont pas vocation à se substituer aux Américains, a averti le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

« Est-ce que l'Europe pourra combler le vide laissé par les Etats-Unis ? Evidemment, l'Europe ne peut remplacer les Etats-Unis », qui sont de loin les premiers fournisseurs d'armement à l'Ukraine, a insisté l'Espagnol.

C'est une « période d’élection difficile aux Etats-Unis » à un an de la présidentielle et « des voix discordantes » sur l'aide à l'Ukraine s'expriment, a dit, sans cacher son inquiétude, M. Zelensky, en affichant toutefois sa « confiance en l'Amérique ».

La poursuite de l'aide américaine à Kiev est suspendue à l'issue de la crise politique en cours à Washington, qui a entraîné mardi l'éviction du chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, en raison d'une fronde de l'aile droite de son parti opposée au déblocage de fonds pour l'Ukraine.

Car si le Congrès n'adopte pas, d'ici un mois et demi, un budget annuel comportant une nouvelle enveloppe pour l'Ukraine, Washington ne pourra la soutenir que « quelques mois » encore, selon la Maison Blanche. Une situation qui inquiète Joe Biden, a-t-il reconnu mercredi pour la première fois.

Face à ce soutien des Européens à l'Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a fustigé « l'hégémonie » occidentale et inscrit son assaut en Ukraine dans la mission de Moscou de « construire un nouveau monde ».

Un soutien qui pourrait être remis en cause par les nouvelles autorités slovaques. Bratislava a d'ailleurs décidé jeudi de geler sa décision sur l'aide militaire à l'Ukraine, en attendant le futur gouvernement de Robert Fico, considéré comme prorusse, qui y est opposé.

Flop sur le Haut-Karabakh

Très attendu sur le Haut-Karabakh, deux semaines après l'offensive éclair des forces azerbaïdjanaises qui a poussé la quasi-totalité de la population arménienne à fuir, ce troisième sommet de la Communauté politique européenne n'aura pas tenu ses promesses.

Une rencontre entre le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, devait en être l'un des points d'orgue.

Mais l'homme fort de Bakou, agacé par les marques de soutien européennes à l'Arménie, a fait savoir mercredi qu'il ne serait pas au rendez-vous. Son principal soutien, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a également fait faux bond.

« C'est dommage », a critiqué Josep Borrell. « Nous ne pourrons donc pas parler ici de quelque chose d'aussi grave que le fait que plus de 100.000 personnes aient dû abandonner à la hâte leur maison pour fuir un coup de force militaire ».

La conférence de presse finale a été par ailleurs annulée, officiellement en raison d'un problème d'agenda du Premier ministre britannique Rishi Sunak.

L'objectif de la CPE, imaginée par Emmanuel Macron, est de rassembler beaucoup plus large que l'Union européenne: au-delà des 27 membres du bloc, 20 pays ont été invités à ce sommet.

Derrière cet acronyme, on trouve des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l'UE: des candidats déclarés (et impatients) à l'adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi il y a sept ans de quitter l'UE avec fracas.

« L'absence d'Erdogan pour la deuxième fois consécutive » après le sommet de juin en Moldavie « affaiblit la CPE imaginée pour traiter avec Ankara dans un autre format que l'UE, pour laquelle sa candidature est gelée », souligne Sébastien Maillard, de l'Institut Jacques Delors.

Crise migratoire

Ce rendez-vous en Andalousie s'est porté également sur la crise migratoire, que Rishi Sunak et son homologue italienne Giorgia Meloni voulaient placer au coeur des débats.

Mercredi, les 27 se sont mis d'accord sur un texte destiné à organiser une réponse européenne en cas d'afflux massif de migrants dans un Etat de l'UE, comme au moment de la crise des réfugiés de 2015-2016. Un « tournant » important pour la dirigeants italienne d'extrême droite, qui s'est félicitée que l'UE « évolue vers une ligne plus pragmatique ».

Mais en attendant la finalisation d'une laborieuse réforme du système migratoire européen, l'Italie et le Royaume-Uni veulent agir au plus vite.

« Les niveaux d'immigration illégale vers l'Europe continentale sont au plus haut depuis près d'une décennie », a déclaré mercredi le Premier ministre britannique, parlant d'une « situation à la fois immorale et intenable ».

Selon Downing Street, Rishi Sunak et Giorgia Meloni devaient organiser une réunion en marge du sommet en vue d'annoncer « une action conjointe » sur ce thème.

Réunis jeudi à Grenade autour de Volodymyr Zelensky, près de 50 dirigeants du continent européen ont exprimé leurs préoccupations sur le risque que la crise politique en cours à Washington fait peser sur l'aide américaine à Kiev.Enchaînant les réunions bilatérales, le président ukrainien a reçu de son homologue français Emmanuel Macron la promesse d'un soutien...