
Le chef de l'Eglise maronite, Béchara Raï, lors d'une messe tenue à Dimane, le 27 août 2023. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak
Le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué dimanche le Parlement et le gouvernement, les appelant à respecter le pacte national ainsi que l'accord de Taëf, et à élire un président de la République au plus vite, se demandant pour quelle raison ce pacte est violé depuis dix mois.
"Si seulement les responsables politiques pouvaient écouter la parole de Dieu, surtout ceux qui ont la possibilité d'ouvrir le Parlement libanais et d'inviter les députés à se réunir pour des sessions consécutives dans le but d'élire un président de la République, conformément à l'article 49 de la Constitution", a affirmé le chef de l'Eglise maronite lors de son homélie dominicale à Dimane, siège d'été du patriarcat.
L'article 49 stipule que "Le Président de la République est élu, au premier tour, au scrutin secret à la majorité des deux tiers des suffrages par la Chambre des députés. Aux tours de scrutins suivants, la majorité absolue suffit", une procédure que le président de la Chambre, Nabih Berry, interprète en considérant que chaque nouvelle séance électorale est un nouveau premier tour.
Les propos du patriarche interviennent alors que le Premier ministre sortant Nagib Mikati est accusé par ses détracteurs, principalement les parties chrétiennes, de vouloir s'accaparer les prérogatives présidentielles et que le Parlement est sous le feu des critiques parce qu'il légifère en période de vacance présidentielle.
"Pourquoi le pays est-il privé d'un président ? Pourquoi le pacte national de 1943, consacré par l'accord de Taëf et qui stipule que le président doit être chrétien maronite, le chef du Parlement musulman chiite et le chef du gouvernement musulman sunnite, est-il violé depuis dix mois ?", a poursuivi le cardinal Raï. "Nous demandons à ceux qui violent ce pacte national : comment faites-vous pour trouver l'équilibre entre ces violations criantes et le Préambule à la Constitution qui stipule qu'aucune légitimité n’est reconnue à un quelconque pouvoir qui contredit le pacte de vie commune. Ceci ne s'applique-t-il pas au travail du Parlement ou du gouvernement ?", a-t-il dit.
"Nous avons abordé ce sujet car nous sommes attachés aux constantes nationales : les institutions constitutionnelles, le pacte national qui repose sur l'équité et le respect. Le Liban est un pays pour tous ses habitants, et sa souveraineté doit d'appliquer à l'ensemble du territoire", a encore déclaré le patriarche.
Douze séances électorales visant à élire un successeur à l'ex-président Michel Aoun se sont soldées par un échec, faute de consensus entre les groupes parlementaires. Le Hezbollah et le mouvement chiite Amal, dirigé par le président de la Chambre, soutiennent Sleiman Frangié, et le camp de l'opposition appuie l'ancien ministre des Finances et actuel responsable au Fonds monétaire international (FMI) Jihad Azour.