Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Pakistan

Le site de l'attentat suicide qui a fait 44 morts passé au peigne fin

Le personnel de sécurité examine le site de l'explosion d'une bombe dans le district de Bajaur de la province de Khyber-Pakhtunkhwa, le 31 juillet 2023. Photo Abdul Majeed/AFP

La police pakistanaise a passé au peigne fin lundi le site de l'attentat suicide qui, la veille, a fait au moins 44 morts et plus d'une centaine de blessés lors d'un meeting organisé par un parti islamique à quelques mois des élections.

Quelque 400 sympathisants du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F), allié clé de la coalition gouvernementale dirigé par un ancien islamiste dur, attendaient le début des discours lorsque l'auteur de l'attentat s'est fait exploser près de la scène. "J'ai vécu des scènes terribles: des corps sans vie éparpillés sur le sol tandis que les gens criaient à l'aide", a raconté à l'AFP Fazal Aman, qui se trouvait près de la tente où avait lieu le meeting lorsque la bombe a explosé.

L'attentat s'est produit dans la ville de Khar, dans le district de Bajaur (Nord-Ouest), à seulement 45 kilomètres de la frontière afghane. Cette région a connu une multiplication des attaques depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021. Le gouvernement pakistanais doit être dissous dans les deux prochaines semaines et des élections générales sont prévues d'ici la mi-novembre. 

Cet attentat n'a pas été revendiqué mais les talibans pakistanais, qui opèrent dans la région, ont nié en être à l'origine, affirmant ne pas s'en prendre aux forces de sécurité.  La section locale du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui n'a jusqu'à présent pas fait de déclarations au sujet de cette attaque, a déjà pris pour cible des rassemblements et des dirigeants du JUI-F. Lundi, des chaussures et des bonnets de prière tachés de sang jonchaient toujours le sol, ainsi que des boulons en acier et des roulements à billes provenant de la veste portée par l'auteur de l'attentat.

"Je perds courage"

Des morceaux de chair humaine restaient visibles, à 30 mètres de l'endroit où le kamikaze a fait exploser son dispositif. Des milliers de personnes ont assisté lundi aux premières funérailles, notamment celles de deux cousins âgés de 16 et 17 ans. "Il n'a pas été facile pour nous de soulever deux cercueils. Cette tragédie a brisé notre famille", a déclaré Najib Ullah, frère de l'un des garçons. "Nos femmes sont profondément choquées et dévastées. Lorsque je vois les mères des victimes, je perds courage". 

Cet attentat fait craindre une période électorale sanglante au Pakistan, qui connaît une grave crise politique depuis l'éviction du Premier ministre Imran Khan de son poste en avril 2022. Le dirigeant du JUI-F, Fazlur Rehman, ancien islamiste dur prônant l'application de la charia, a ces dernières années tenté de se montrer plus modéré en forgeant des alliances avec des rivaux laïques. 

Par le passé, il a facilité les pourparlers entre le gouvernement et talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), un groupe distinct des talibans afghans mais mû par une même idéologie islamiste. L'an passé, l'EI a dit être à l'origine d'attaques violentes contre des érudits religieux affiliés au parti, qui dispose d'un vaste réseau de mosquées et d'écoles coraniques dans le Nord et l'Ouest du pays. L'EI accuse le JUI-F d'hypocrisie pour avoir soutenu les gouvernements successifs et l'armée.

Pourquoi une telle violence ? 

Malgré sa capacité à mobiliser des dizaines de milliers d'étudiants religieux, le JUI-F n'a jamais rassemblé suffisamment de soutiens pour diriger seul mais est un allié-clé pour former toute coalition. "Il est important de se demander pourquoi les militants d'un parti politique à tendance religieuse ont pu faire l'objet d'une violence aussi bestiale", a noté le quotidien Dawn dans un éditorial lundi. "Quelle que soit la vision ultraconservatrice du monde du JUI-F, le parti a choisi de participer aux élections et d'agir dans le cadre des paramètres fixés par la Constitution pakistanaise".

Les attaques au Pakistan ont augmenté depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021, puis la fin du cessez-le-feu entre le groupe taliban pakistanais Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) et le gouvernement pakistanais fin novembre. En janvier, un homme, lié au TTP selon les autorités, avait fait exploser la bombe qu'il portait sur lui dans une mosquée à l'intérieur d'une base de la police à Peshawar (Nord-Est), tuant plus de 80 policiers. Les attaques touchent principalement les régions limitrophes de l'Afghanistan. Islamabad estime que certaines sont planifiées depuis le sol afghan, ce que Kaboul dément. Selon les analystes, les militants des anciennes zones tribales frontalières de l'Afghanistan se sont enhardis depuis le retour des talibans afghans. 

Bajaur est l'un des sept districts isolés qui bordent l'Afghanistan. La région a été un point névralgique de la guerre mondiale contre le terrorisme. Le Pakistan a connu autrefois des attentats à la bombe quasi quotidiens mais une vaste opération militaire lancée en 2014 a permis de rétablir l'ordre dans une large mesure. 


La police pakistanaise a passé au peigne fin lundi le site de l'attentat suicide qui, la veille, a fait au moins 44 morts et plus d'une centaine de blessés lors d'un meeting organisé par un parti islamique à quelques mois des élections.

Quelque 400 sympathisants du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F), allié clé de la...