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Dernières Infos - Economie

Turquie : nouvelle hausse, limitée, du taux directeur


Photo aérienne de la mosquée Sainte-Sophie à Istanbul, en Turquie, le 25 avril 2020. Photo AFP

La banque centrale turque a relevé jeudi son taux directeur de 15% à 17,5%, une hausse plus timide qu'espérée par les investisseurs et susceptible d'alimenter l'inflation et la chute de la livre turque.

"Le resserrement monétaire sera progressivement renforcé (...) si besoin jusqu'à une amélioration significative des perspectives d'inflation", a indiqué dans un communiqué la banque centrale, qui avait relevé en juin son taux directeur de 8,5% à 15%, une première hausse en plus de deux ans.

Ce nouveau relèvement, attendu, intervient au lendemain d'une tournée du chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan dans plusieurs pays du Golfe, où il a signé des accords estimés par certains analystes à 100 milliards de dollars.

Il porte la signature de la nouvelle équipe économique turque entrée en fonction après la réélection fin mai de M. Erdogan, pourtant ardent défenseur des taux d'intérêt bas.

Face à une inflation toujours proche de 40% et à la crise économique dont la Turquie peine à se sortir, le chef de l'Etat consent pour l'heure à la hausse des taux.Mais cette hausse plus limitée qu'attendue par certains investisseurs, suggère que le président turc ne laisse pas les coudées franches à la nouvelle gouverneure de la banque centrale, Hafize Gaye Erkan, et au ministre de l'Economie Mehmet Simsek, estiment les analystes.

"Terrible décision", a jugé Timothy Ash, économiste de BlueBay Asset Management, qui considère qu'elle donne raison aux observateurs selon lesquels le ministre et la gouverneure "n'ont pas de vrai mandat pour mener à bien un resserrement de la politique monétaire".  "Un taux à 17,5% lorsque l'inflation est autour de 40% et tend à la hausse est insuffisant", affirme l'économiste, pour qui "la livre va être mise à rude épreuve".

Rebond de l'inflation

L'inflation en Turquie a ralenti en juin à 38,2% sur un an, son plus bas niveau en dix-huit mois, mais les observateurs s'attendent à un possible rebond en juillet sous l'effet de la chute de la livre turque, qui a perdu le quart de sa valeur face au dollar depuis fin mai.

Jeudi en début d'après-midi, elle s'échangeait à près de 27 livres pour un dollar.

Après les élections, le gouvernement turc a réduit son dispositif de défense de la livre turque, artificiellement soutenue des mois durant par des ventes massives de devises pour lui éviter de dévisser. C'est pour tenter de redonner du tonus à son économie que le président Erdogan a effectué ce périple dans les pays du Golfe. Rien qu'aux Emirats arabes unis, où il a achevé sa tournée mercredi, il a signé des accords estimés à plus de 50 milliards de dollars, selon les médias d'Etat émiratis. Il s'était arrêté auparavant en Arabie Saoudite et au Qatar.

"La finalisation des accords avec les pays du Golfe vise probablement à limiter la réaction négative des marchés qui pourrait survenir après la réunion [sur les taux] du Comité de politique monétaire de la Banque centrale", estimait jeudi matin le professeur d'économie Hakan Kara, de l'université Bilkent d'Ankara, anticipant un relèvement limité du taux directeur.

L'annonce de ces accords avec les Emirats a permis mercredi après-midi à la livre turque de reprendre quelques couleurs face au dollar.  Mais la monnaie turque perdait de nouveau 0,5% jeudi face au dollar, à près de 27 livres pour un billet vert. 


La banque centrale turque a relevé jeudi son taux directeur de 15% à 17,5%, une hausse plus timide qu'espérée par les investisseurs et susceptible d'alimenter l'inflation et la chute de la livre turque.

"Le resserrement monétaire sera progressivement renforcé (...) si besoin jusqu'à une amélioration significative des perspectives d'inflation",...