Ghada Aoun de nouveau devant l'Inspection judiciaire pour avoir assisté à une conférence à l'étranger

La procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, a annoncé vendredi qu'elle était une nouvelle fois appelée à comparaître devant l'Inspection judiciaire, après avoir été accusée par le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, de s'être rendue à une conférence à l'étranger sans avoir obtenu d'autorisation préalable. 

"Le ministre de la Justice m'a déférée devant l'Inspection (judiciaire) parce que j'ai voyagé sans son accord pour assister à une conférence. Depuis quand faut-il demander une permission pour assister à une conférence ? Ce qui se passe relève clairement de la persécution", a écrit Ghada Aoun dans un tweet. "Le directeur du club (des juges) a attaqué deux fois le ministre à la télévision, sans être inquiété. Jusqu'à quand allez-vous continuer à persécuter la seule juge qui défend les opprimés face à une mafia qui a tout raflé ?", a-t-elle ajouté. 

Selon le quotidien libanais Nidaa al-Watan, le ministère de la Justice reprocherait à la magistrate d'avoir pris part à une conférence organisée à Bruxelles par une entité proche d'Israël. La presse faisait état, fin juin, d'une conférence intitulée "Quel futur pour le Liban ?" tenue au siège de l'Union européenne (UE), à laquelle a participé la magistrate, ainsi que l'ex-candidat aux législatives Omar Harfouche, qui fait l'objet de poursuites après une plainte pour diffamation déposée par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. 

Ghada Aoun, qui défraie souvent la chronique à travers des perquisitions filmées en direct, et des prises de positions polémiques dans les médias ou sur les réseaux sociaux, a été démise de ses fonctions par le conseil disciplinaire des juges début mai. Elle a présenté un recours contre cette décision et continue de traiter ses dossiers en attendant le verdict du Haut conseil de discipline, dirigé par le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Souheil Abboud. 

Réputée proche du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), elle a lancé des poursuites contre plusieurs banques, mais aussi contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé et son entourage. Elle est également engagée dans plusieurs affaires de lutte contre la corruption.