On a vu Pharrell Williams avec un disque de Varnish La Piscine : le rappeur derrière cet alias lunaire se démarque avec des courts métrages à la belle loufoquerie qu’il réalise pour accompagner sa musique.
L’artiste francophone, né à Genève dans une famille congolaise, défend actuellement sur scène son dernier minialbum, This Lake Is Successful (Ce lac a du succès).
Alors que, dans ses courts métrages il incarne un personnage à côté de ses pompes, le chanteur se révèle plus qu’à l’aise dans ses baskets sur scène, épaulé par un DJ et trois musiciens du groupe suisse L’Éclair. Le public réagit au quart de tour sur Cortezz, ancien titre inspiré par un modèle de chaussure d’une célèbre marque à la virgule.
À 29 ans, il a rejoint le label Ed Banger basé à Paris et dirigé par Pedro Winter, ex-manager des Daft Punk, qui a aussi dans son écurie des pointures de l’électro internationale, comme Justice ou SebastiAn.
Pedro Winter est un proche de Pharrell Williams. L’interprète du tube Get Lucky des Daft Punk (morceau qui fête ses 10 ans cette année) et désormais directeur artistique des collections homme de Louis Vuitton se sait filmé et posté sur les réseaux sociaux à chaque apparition publique. D’où le vinyle du Suisse ostensiblement sous le bras à la sortie d’un van de luxe.
Des films des années 1970
Mais au-delà de ce coup de pouce/coup de pub amical, le chanteur du hit Happy a croisé en studio Varnish La Piscine, et le courant est passé. Mais dur d’en savoir plus.
« Je ne pense pas que je sois prêt à en parler, c’est encore un peu personnel, ça s’est très bien passé, il faut y croire et se donner les moyens », lâche-t-il seulement par téléphone avant son passage à We Love Green.
« Mon premier choc musical plus jeune, c’était d’ailleurs Pharrell Williams, avec les Neptunes, NERD (premiers groupes de la star) puis en solo », glisse-t-il.
Il a appris chez son aîné à lustrer son emballage sonore, ce qui lui permet de distiller influences jazz, funk ou bossa nova dans son hip-hop.
Un talent qu’il a mis, comme Pharrell Williams, au service d’autres, puisqu’il signe les productions du rappeur suisse Makala, rencontré autour d’une partie de football.
« Varnish La Piscine, c’est l’enfant de la génération Pharrell Williams, également fasciné par la musique de films des années 1970 », décrypte François Moreau, du magazine français Les Inrockuptibles.
Situations absurdes
Qui le décrit comme une sorte de disciple de François de Roubaix, compositeur de BO, dont le thème du film Dernier Domicile connu (1970) fut samplé dans le succès de Robbie Williams, Supreme.
Plutôt que d’illustrer ses chansons avec de simples clips, Varnish La Piscine réalise ou coréalise des courts métrages diffusés par épisodes sur sa chaîne YouTube. On y retrouve un sens du détail à la Wes Anderson et un mystère à la David Lynch.
« Il est fasciné par Lynch, qu’il ne cherche pas à comprendre, attaché à la liberté d’interprétation, il y a aussi du Quentin Dupieux (réalisateur de films à non-sens), avec des situations absurdes, Varnish La Piscine, entre musique et images, crée un univers total », développe François Moreau.
Au cours de la discussion, le rappeur citera aussi Alfred Hitchcock, Federico Fellini ou Alejandro Jodorowsky (chantre du surréalisme au cinéma). Pas snob, il mentionnera également OSS 117 : Rio ne répond plus, la « musique y est super bien calée ».
Quand on l’appelle, il vient de finir le tournage d’une vidéo pour annoncer une prochaine date de concert à Paris à l’automne. « À suivre... » lit-on dans le plan final des films à suspense qu’il aime tant.
Philippe GRELARD/AFP