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Lifestyle - L'instant K à Cannes

Jour 12 : Palme d’or, polémiques et clap de fin

Du 16 au 28 mai, «L’Orient-Le Jour vous a invité dans les coulisses de la 76e édition du Festival de Cannes. Depuis la Croisette, nous avons ouvert grands les yeux et les oreilles, entre les montées des marches, les soirées grandioses et les murmures de cafés. Avant de refermer notre parenthèse cannoise, retrouvez le résumé de cette douzième et dernière journée.

Jour 12 : Palme d’or, polémiques et clap de fin

Stacy Martin, Anais Demoustier, Pete Docter, Pham Thien, Quentin Tarantino, Jonathan Glazer, Justine Triet, Kore-Eda Hirokazu, Koji Yakusho, Alma Poysti, Jussi Vatanen et Merve Dizdar posent pour la cérémonie de clôture du Festival. Photo Valery HACHE/AFP

Il n’est même pas 10 heures ce samedi 27 mai que les premiers « à bientôt » se font déjà entendre. À quelques heures de la si attendue remise des prix, journalistes, badauds et autres professionnels ne cachent ni leur tristesse ni leur soulagement en cette fin de festival. Après 12 jours à attendre en rang avant les montées des marches, les projections et les soirées, à écouter les critiques et analyses de films en compétition, admirer les touristes sniffer paillettes et glamour jusqu’à donner le vertige au plus tenace d’entre eux, il était temps que ça s’arrête. Cette 76e édition cannoise a tenu ses promesses. Les stars américaines ont enfin signé leur grand retour sur la Côte d’Azur après plusieurs années d’absence, sans pour autant oublier ou dénigrer le grand cinéma d’auteur. Comme tous les ans, les polémiques ont été nombreuses, de l’accueil réservé à Johnny Depp à la projection du dernier film de Catherine Corsini. Mais que serait Cannes sans ses scandales ?

À la prochaine « darling » !

Si la toute dernière montée des marches n’est prévue qu’à partir de 19 heures, les photographes et les plus curieux sont déjà installés devant les portiques de sécurité depuis l’aube. Croissant aux amandes dans un paquet suintant l’huile dans une main, chapeau de cowgirl sur la tête, Solange anticipe déjà son retour au travail. « Ce soir, je fais des selfies avec des acteurs et lundi, je me tape la discussion avec Karen de la compta, ça ne va pas être la même chose », explique celle qui dès le premier jour a accumulé les autographes avant de les revendre sur eBay. « Il faut bien vivre avec l’inflation ! ». Difficile d’imaginer ces personnages de fictions loufoques et colorés derrière un bureau. Et pourtant, badaud n’est pas leur métier. Ce samedi, au soir, ils détacheront tous leurs escabeaux attachés aux barrières en fer avec des cadenas à vélos pour mieux revenir l’année prochaine. Juste au-dessus, au sein du Palais des festivals, les journalistes se font la bise avant de rentrer dans leurs pays respectifs. « Ma chérie, je te fais signe à Venise pour la Mostra en septembre. N’oublie pas tes bottes de pluie cette fois ! », lance une reporter italienne à sa collègue avant son train pour Monaco où elle s’en va couvrir le dernier jour du Grand Prix de F1. On a vu plus rude comme vie… Dès dimanche, les résidents cannois reprennent leurs droits. Les pavillons, boutiques et cafés éphémères fermeront dès samedi soir. Fini les périmètres de sécurité à chaque coin de rue, les joggeurs et les promeneurs pourront enfin profiter plus tranquillement de la Croisette, tout comme les bichons et chihuahuas des retraités qu’ils n’osaient sortir par peur de les voir broyés par la foule.

Une dernière pour la route

« C’est officiel, il sera là ! ». Dans l’interminable file d’attente pour les personnes sans badge espérant, en cas de désistements, entrer dans le Palais pour la cérémonie de clôture, les nouvelles circulent vite. Dans l’après-midi, un e-mail annonce aux journalistes la liste des personnalités qui remettront les prix au cours de la soirée, parmi lesquels… Quentin Tarantino. Raison de plus pour se prendre un mauvais coup de soleil en smoking. Si l’après-midi se veut plutôt calme, l’euphorie regagne très vite la ville en cette fin de journée. Pour l’ultime montée des marches, la plus scrutée de toutes, tout doit se faire dans les règles de l’art. Quelques heures plus tôt, les lauréats ayant quitté la région ont été rappelés. Même si la raison pour laquelle ils sont invités à retourner illico à l’aéroport de Nice n'est pas dévoilée, l’indice est on ne peut plus clair. Pas de Kaouther Ben Hania ni de Hend Sabri en vue, le seul film arabe en compétition officielle ne sera pas primé. En revanche, la belle brochette du cinéma français engagé est bien là. Sur le tapis rouge, Anaïs Demoustier, Adèle Exarchopoulos et Leïla Bekhti réveillent les photographes restés sur leur faim ces deux derniers jours. Le jury présidé par Ruben Östlund revient enfin au grand complet pour monter les marches une dernière fois. Entre la Chinoise Fan Bingbing en Georges Hobeika et l’Américaine Brie Larson en Chanel, une Britannique que personne n’attendait, Ginger Spice herself, Geri Halliwell. Il fallait bien une figure pop-kitsch pour redynamiser tout ça.

L'actrice chinoise Fan Bingbing en Georges Hobeika pour la cérémonie de clôture du Festival de Cannes. Photo Loic VENANCE/AFP

Le Palmarès

Vient ensuite le temps de la cérémonie, l’occasion de retrouver une Chiara Mastroianni dans un exercice auquel elle est visiblement peu habituée. Sur la scène, se succèdent membres du jury plus ou moins connus et cinéastes de légende. Entre John C. Reilly et Orlando Bloom, il n’y a qu’un pas, ou plutôt six petites marches. Merve Dizdar repart avec le Prix d’interprétation féminine pour Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan, Koji Yakusho avec l’équivalent masculin pour Perfect days de Wim Wenders alors que Jonathan Glazer se voit attribuer le Prix du jury. En toute fin de cérémonie, Jane Fonda apparaît enfin pour livrer un discours fidèle à sa réputation d’actrice la plus engagée d’Hollywood. « C’est excitant de retrouver le Festival de Cannes. La première fois que je suis venue, c’était en 1963. Il n’y avait aucune femme réalisatrice en compétition à l’époque. Et ça n’était venu à l’esprit de personne que ce n’était pas normal ». Comme le destin fait bien les choses, la légendaire interprète attribuera, quelques secondes plus tard, la Palme d’or à une femme, Justine Triet en l’occurrence, pour son film Anatomie d’une chute.

Justine Triet reçoit la Palme d’Or des mains de Jane Fonda pour « Anatomie d'une Chute » le 27 mai 2023 à Cannes. Photo Christophe SIMON / AFP

En 76 ans de festivals, elle n’est que la troisième réalisatrice à recevoir ce prix, après Jane Campion et Julia Ducournau. L’occasion pour elle de rappeler la contestation populaire qui a traversé la France en raison de la réforme des retraites, elle n’hésitera pas à critiquer ouvertement le gouvernement français pour « sa marchandisation de la culture ». Un discours salué autant qu’il fut hué. Notamment par la ministre de la Culture, la Franco-Libanaise Rima Abdul Malak, qui n’a pas manqué de rappeler l’unicité du modèle de financement français. Le débat est relancé.

Le festival de Cannes s’achève donc sur ces quelques notes d’une polémique dont certains se seraient bien passé. En cette fin de soirée samedi, le tapis rouge n’a plus qu’une espérance de vie de quelques heures, les dernières embrassades ont lieu alors que les premiers vols pour Los Angeles affichent complets. La Croisette se vide bien vite. Cannes, c’est le ciné-glam. Si ces poussières d’étoiles éphémères semblent tout éclipser, c’est aussi une occasion de parler de sujets qui comptent et qui touchent tout le monde. Sur les dernières notes de musique qu’offre le Palais à ses festivaliers, on décroche notre badge du cou en se promettant de revenir dans un an, juste le temps qu’il faut pour retrouver ses esprits... Vive le glamour, vive le cinéma, vive Cannes !

Il n’est même pas 10 heures ce samedi 27 mai que les premiers « à bientôt » se font déjà entendre. À quelques heures de la si attendue remise des prix, journalistes, badauds et autres professionnels ne cachent ni leur tristesse ni leur soulagement en cette fin de festival. Après 12 jours à attendre en rang avant les montées des marches, les projections et les soirées, à écouter...

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