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Des actrices et des féministes fustigent le tapis rouge pour Depp

Des actrices et des féministes fustigent le tapis rouge pour Depp

Drapeau du Festival de Cannes. Photo Valery Hache / AFP

"La honte": un collectif d'actrices et d'acteurs, dont Julie Gayet et Laure Calamy, critique mardi le Festival de Cannes, qui déroule "le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent", en référence à Johnny Depp et à la réalisatrice Maïwenn.

Dans une tribune publiée par le quotidien Libération, ce collectif apporte également son soutien à l'actrice Adèle Haenel, qui avait officialisé il y a une semaine son arrêt du cinéma pour dénoncer une "complaisance" du 7e art vis-à-vis des agresseurs sexuels. Pour sa part, l'organisation Osez le Féminisme! appelle mardi à "boycotter" le festival, accusant le cinéma de "célébrer les agresseurs" et de "participer à la banalisation des violences masculines", en mettant en vedette Johnny Depp pour la cérémonie d'ouverture officielle.

"Nous sommes profondément indigné·e·s et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes", explique le collectif dans Libération. "En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d'exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création", ajoute le texte. Les 123 signataires soulignent que "le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit", un "système basé sur les principes de domination et de silenciation". Soutenant la décision d'Adèle Haenel, les signataires déplorent "le fait que ce milieu soit toxique au point de vouloir le quitter totalement". "Nous profitons de cette tribune pour dire avec elle: +LA HONTE+".

Parmi les signataires figurent la comédienne Ophélie Bau, une des stars du sulfureux "Mektoub, My Love: Intermezzo" d'Abdellatif Kechiche, estimant que son contrat n'avait pas été respecté concernant l'utilisation d'une scène de sexe oral non simulée entre elle et Roméo de Lacour. La 76e édition du plus grand festival de cinéma au monde est marquée par le retour de Johnny Depp dans le film d'ouverture "Jeanne du Barry", après qu'il a été écarté des plateaux de Hollywood ces dernières années à la suite des accusations de violences conjugales de son ex-compagne Amber Heard. Six ans après #MeToo, "le cinéma français ne cesse de montrer sa solidarité et sa complaisance envers les hommes accusés de violences, dont la carrière et la réputation restent préservées", dénonce Osez le Féminisme! dans un communiqué.

"Cette valorisation sociale, médiatique et professionnelle des agresseurs banalise les violences masculines, dans un mépris total des femmes et des enfants qui en sont victimes", juge l'association.

Contrat avec Dior

"La menace des +vies+ et +carrières brisées+ des hommes accusés de violences, ressortie complaisamment par les médias à chaque prise de parole courageuse de victimes, ne résiste pas à l'épreuve des faits", estime Osez le Féminisme!, évoquant un contrat de 20 millions de dollars signé par Johnny Depp avec Dior. Alors que 13 femmes ont dénoncé des agressions sexuelles et viols commis par Gérard Depardieu aux yeux de tous sur différents tournages, et qu'il est mis en examen pour viol depuis 2020, il enchaîne les films", dont "Umami" qui sort mercredi, poursuit l'association.

De son côté, la CGT a critiqué le choix du Festival de sélectionner le film de Catherine Corsini, "Le retour", après des soupçons de harcèlement et d'irrégularités concernant une scène explicitement sexuelle mais simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans. Faire ce choix montre que "les violences morales, sexistes et sexuelles ne sont pas un sujet pour le Festival de Cannes. Celles ou ceux qui les dénoncent n'ont pas voix au chapitre de la sacro-sainte création", insiste un communiqué. La CGT a apporté son soutien aux techniciens et comédiens qui ont "osé faire part à la production des conditions de tournage" et de "comportements inacceptables de (la) réalisatrice", saluant leur "courage malgré les intimidations".

"La honte": un collectif d'actrices et d'acteurs, dont Julie Gayet et Laure Calamy, critique mardi le Festival de Cannes, qui déroule "le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent", en référence à Johnny Depp et à la réalisatrice Maïwenn.Dans une tribune publiée par le quotidien Libération, ce collectif apporte également son soutien à l'actrice Adèle Haenel, qui avait...