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Interdiction pour les Afghanes de travailler avec l'ONU: une "affaire sociale interne", disent les talibans

Interdiction pour les Afghanes de travailler avec l'ONU: une

Des Talibans Afghans militants. Photo d'illustration AFP

L'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler avec les Nations unies est une "affaire sociale intérieure" à l'Afghanistan, a réagi vendredi le gouvernement taliban, après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution la dénonçant.

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté jeudi à l'unanimité une résolution condamnant en particulier la décision prise début avril par les autorités talibanes d'étendre aux Nations unies une interdiction empêchant les ONG d'employer du personnel féminin afghan, laquelle "compromet les droits humains et les principes humanitaires".

"Conformément aux lois internationales et à l'engagement fort des Etats membres (de l'ONU) de respecter les choix souverains de l'Afghanistan, c'est une affaire sociale intérieure à l'Afghanistan, qui n'a pas d'impact sur les Etats extérieurs", a répondu vendredi dans un communiqué le ministère afghan des Affaires étrangères. "Nous restons engagés à garantir tous leurs droits aux femmes afghanes, tout en soulignant que la diversité (des opinions) doit être respectée et non politisée", a-t-il ajouté.

Le Conseil a aussi, plus largement, appelé le gouvernement taliban à "rapidement" revenir sur l'ensemble de ses politiques restreignant les libertés fondamentales des femmes et exhorté "tous les Etats et organisations à utiliser leur influence" pour obtenir leur annulation. "Le monde ne restera pas silencieux pendant que les femmes en Afghanistan sont effacées de la société", a commenté l'ambassadrice des Emirats arabes unis Lana Zaki Nusseibeh, qui a rédigé le texte avec le Japon.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l'interprétation austère de l'islam qui avait marqué leur premier passage à la tête du gouvernement (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes. Les écoles secondaires et les universités sont fermées aux filles. Les femmes ont aussi été exclues de nombreux emplois publics et n'ont pas non plus le droit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

"La politique de pression a échoué"

Avant la réaction du ministère, Anas Haqqani, un haut responsable taliban, avait estimé sur son compte Twitter que "le Conseil de sécurité ne devrait pas continuer à appliquer la politique de pression qui a échoué".

"Toute position adoptée qui n'est pas fondée sur une compréhension profonde (de l'Afghanistan) ne donnera pas les résultats escomptés et sera toujours inefficace", a ajouté M. Haqqani, qui n'occupe pas de poste officiel mais est le frère de l'influent ministre de l'Intérieur, Sirajuddin Haqqani. Le ministère des Affaires étrangères a en outre appelé la communauté internationale à "lever les restrictions" financières qui pèsent sur l'Afghanistan, responsables selon lui de la grave crise économique et humanitaire traversée par ce pays.

L'ambassadeur de Russie aux Nations unies à New York, Vassili Nebenzia, malgré son vote en faveur de la résolution, avait regretté jeudi que les Occidentaux aient "bloqué" une approche plus "ambitieuse", en particulier sur la question des sanctions financières. "Si vous êtes sincères, pourquoi ne pas rendre les avoirs volés, sans conditions préalables", a-t-il lancé.

Après le retour au pouvoir des talibans, Washington a gelé sept milliards de dollars de fonds de la banque centrale afghane déposés aux Etats-Unis. En septembre, les Américains avaient annoncé la création d'un fonds en Suisse pour gérer la moitié de ces avoirs. Amnesty International a accueilli vendredi avec satisfaction le vote de la résolution mais a aussi déploré que celle-ci ne présente pas de "mesures concrètes" que les Etats membres des Nations unies pourraient prendre pour aider à rétablir les droits des Afghanes.

Depuis l'annonce de l'interdiction pour les femmes de travailler avec l'ONU, la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a entamé un examen du fonctionnement de ses opérations dans ce pays, qui doit durer jusqu'au 5 mai. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, organise de son côté les 1er et le 2 mai à Doha une réunion avec des envoyés de divers pays pour "redynamiser l'engagement international autour d'objectifs communs vers un chemin durable concernant la situation en Afghanistan".

L'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler avec les Nations unies est une "affaire sociale intérieure" à l'Afghanistan, a réagi vendredi le gouvernement taliban, après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution la dénonçant.
Les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté jeudi à l'unanimité une résolution condamnant en particulier la décision...