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Dernières Infos - Diplomatie

Yémen : plus de 300 prisonniers libérés au premier jour d'un vaste échange


Des prisonniers houthis libérés attendent de monter à bord d'un avion sous la supervision du Comité international de la Croix-Rouge, le 14 avril 2023 à Aden. Photo REUTERS/Fawaz Salman

Plus de 300 détenus de la guerre au Yémen ont été libérés vendredi au premier jour d'un vaste échange de prisonniers, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au lendemain de discussions sur une trêve dans le pays.

Le Yémen est le théâtre d'un conflit opposant depuis 2015 le gouvernement, soutenu par l'Arabie saoudite, aux rebelles houthis, appuyés par l'Iran, qui se sont emparés de vastes pans du territoire du nord et de l'ouest de ce pays, dont la capitale Sanaa. Fin mars, le gouvernement et les rebelles avaient conclu à Berne, en Suisse, un accord pour échanger plus de 880 prisonniers incluant des Saoudiens et des Soudanais, sur fond de réchauffement inattendu des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

Soixante-neuf personnes ont pris un avion de Sanaa à Aden, la capitale provisoire du gouvernement, dans le sud du pays, et 249 autres ont fait le trajet inverse au premier jour d'une opération devant s'achever dimanche et se dérouler dans plusieurs villes, a indiqué le CICR dans un communiqué. De nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans les deux aéroports pour accueillir un ou plusieurs proches.

"Double fête" 

A Sanaa, des dizaines de prisonniers sont descendus d'un avion, brandissant le poing en l'air en signe de victoire. Yahia Abou Korra a dit avoir attendu le retour de son fils "depuis cinq ans". Et à l'approche des célébrations de la fin du ramadan la semaine prochaine, il se réjouit de cette "double fête". A Aden, des cris de joie ont retenti quand sont sortis du premier avion l'ancien ministre de la Défense, Mahmoud al-Subaihi, et le frère de l'ancien président, le général Nasser Mansour Hadi. Le père d'un détenu, Nasser Al-Dhalei a parlé de "sentiments indescriptibles".

La dernière opération de cette ampleur remonte à octobre 2020, lorsque plus de 1.000 prisonniers avaient été libérés. L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a salué vendredi le début de l'échange tout en rappelant que "des milliers d'autres familles attendent toujours d'être réunies".

La guerre au Yémen provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d'épidémies, de manque d'eau potable et de faim aiguë. Plus des trois quarts de la population dépendent d'une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer. "Avec ce geste de bonne volonté, des centaines de familles déchirées par le conflit seront réunies pour le ramadan, apportant une lueur d'espoir au milieu de grandes souffrances", a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du CICR au Moyen-Orient. Cité dans le communiqué, il a émis l'espoir que "ces libérations donnent un élan pour une solution politique plus large".

Jeudi, une délégation saoudienne est repartie de Sanaa avec un "accord préliminaire" de trêve et la promesse de "nouveaux pourparlers", selon un responsable rebelle qui a souhaité garder l'anonymat.

"Discussions positives" 

Les discussions à Sanaa ont été "sérieuses et positives" avec des "progrès sur certaines questions", a assuré sur Twitter le négociateur en chef des houthis, Mohammad Abdelsalam. Selon des sources du gouvernement yéménite, qui ont requis l'anonymat, les discussions portent sur une trêve de six mois ouvrant la voie à une période de pourparlers de trois mois au sujet d'une transition qui durera deux ans, au cours de laquelle la solution finale sera négociée entre toutes les parties.

La trêve doit permettre de répondre aux deux exigences principales des rebelles: le paiement par le gouvernement des salaires des fonctionnaires dans les zones rebelles et la réouverture de l'aéroport de Sanaa, strictement contrôlé par l'aviation saoudienne.

L'année dernière, les parties avaient observé une trêve de six mois. Si elle n'a pas été officiellement reconduite après son expiration début octobre, la situation est restée relativement calme sur le terrain. "Seule la libération, sans conditions, de tous les prisonniers civils et non civils par les parties montrera un sérieux engagement envers la paix", a estimé Nadwa Dawsari du centre de réflexion Middle East Institute.

L'accord de Berne avait été conclu après un réchauffement des relations entre les deux poids lourds du Golfe, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui s'opposent sur divers dossiers, et parfois même par camps interposés comme au Yémen. 

Plus de 300 détenus de la guerre au Yémen ont été libérés vendredi au premier jour d'un vaste échange de prisonniers, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au lendemain de discussions sur une trêve dans le pays.Le Yémen est le théâtre d'un conflit opposant depuis 2015 le gouvernement, soutenu par l'Arabie saoudite, aux rebelles houthis, appuyés par l'Iran, qui...