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Dernières Infos - Syrie

Douze ans après, Assad revient parmi ses pairs arabes

Le président syrien, Bachar el-Assad, à Damas, le 19 avril 2021. Photo AFP / Syrian Presidency Facebook page

Douze ans après avoir été mis au ban des nations arabes, le président syrien Bachar el-Assad est en passe de regagner sa place parmi ses pairs, qui ont tenté sans succès de s'en débarrasser. Ce retour devrait aider le chef de l'Etat syrien à asseoir sa légitimité à la tête de son pays, ravagé par la guerre civile, même s'il n'en contrôle pas tout le territoire et si une issue au conflit semble encore très lointaine.

Neuf pays arabes se réunissent vendredi en Arabie saoudite, poids lourd du monde arabe, pour débattre d'un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, avant le prochain sommet prévu le 19 mai dans le royaume. Cette réunion intervient au lendemain d'une visite surprise du ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, en Arabie saoudite, pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

"Assad a simplement rejeté tout compromis et a attendu que ses ennemis jettent l'éponge, et cela a marché", constate Aron Lund, du centre de réflexion Century International. "Ils reviennent aujourd'hui l'un après l'autre pour lui serrer la main, et faire comme si la dernière décennie n'avait pas existé", ajoute-t-il.

Damas était isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. La guerre a fait environ un demi-million de morts, transformé près de la moitié des Syriens en réfugiés ou en déplacés et fait de la Syrie un terrain d'affrontement entre forces étrangères.

Le régime syrien avait été exclu de la Ligue arabe en 2011 et l'opposition avait même occupé le siège de la Syrie au sein de l'organisme lors d'un sommet en 2013. Le royaume saoudien avait rompu ses relations en 2012 avec la Syrie, où il a soutenu des rebelles au début du conflit, comme d'autres pays du Golfe.

Mais de plus en plus de pays arabes sont désormais en faveur d'une réhabilitation du régime syrien, alors qu'une nouvelle donne régionale se dessine, notamment avec le rapprochement entre l'Arabie et l'Iran, grand allié de Damas. Le séisme du 6 février qui a dévasté la Turquie et la Syrie a constitué une occasion pour le régime de Damas de reprendre langue avec l'Arabie, l'Egypte et d'autres pays arabes qui lui ont envoyé une aide humanitaire.

Difficile reconstruction
Assad mise sur une normalisation avec les pays arabes, notamment les riches monarchies du Golfe, pour obtenir des fonds nécessaires à la reconstruction de son pays exsangue. Mais "les sanctions américaines vont continuer de dissuader les investissements saoudiens ou émiratis dans les projets syriens ou la reconstruction", avertit Aron Lund.

Une normalisation avec le régime syrien impliquera également "une coopération accrue dans le domaine sécuritaire, notamment la lutte contre le trafic de drogue", explique l'analyste spécialiste de la Syrie Sam Heller. Au fil de la guerre, la Syrie s'est transformée en véritable narco-Etat et l'Arabie saoudite s'inquiète notamment du trafic de captagon, une drogue dont le royaume est devenu le plus grand marché.

Sur le plan politique, le rapprochement avec les pays arabes va également faire le jeu de Damas, car il devrait se répercuter négativement sur les interminables négociations en cours à Genève entre le régime syrien et l'opposition, selon Sam Heller.

"C'est exactement ce que voulait Damas", explique-t-il, rappelant que le régime de Bachar el-Assad "a toujours refusé de reconnaître les représentants de l'opposition". Le retour de la Syrie dans le giron arabe "envoie un message à l'opposition, selon lequel Assad va triompher en fin de compte et leurs appuis étrangers vont les trahir", estime Aron Lund.

"Pas de solution politique"
"Je ne crois pas qu'il y ait de solution politique sur la table en Syrie, il n'y en a jamais eu", tranche Aron Lund. "Et pour le moment, il n'y a pas de solution militaire non plus, en raison du rôle de blocage des forces impliquées en Syrie", ajoute-t-il. L'opposition politique syrienne n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les rebelles armés, eux, ne contrôlent plus que l'enclave d'Idleb, dans le nord, où la Turquie et les Etats-Unis sont également déployés.

Au cours des dernières années, et avec l'appui crucial de l'armée russe et de l'Iran, le régime syrien a repris le contrôle de la plus grande partie du pays. Pour l'opposant Mohammad Abdallah, qui dirige le Centre syrien pour la justice et la responsabilité (SJAC), "ce retour d'Assad au sein de la Ligue arabe montre qu'on essaye de ramener la région à la situation d'avant 2011", lorsque le Printemps arabe avait éclaté.
 "Mais cela ne marchera pas, car il reste beaucoup d'injustices à régler: les réfugiés, les déplacés, les disparus et les prisonniers", souligne-t-il.
Douze ans après avoir été mis au ban des nations arabes, le président syrien Bachar el-Assad est en passe de regagner sa place parmi ses pairs, qui ont tenté sans succès de s'en débarrasser. Ce retour devrait aider le chef de l'Etat syrien à asseoir sa légitimité à la tête de son pays, ravagé par la guerre civile, même s'il n'en contrôle pas tout le territoire et si une issue au...