Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Economie

Les actions des banques déstabilisées par des craintes autour d'un établissement américain


Les actions des banques déstabilisées par des craintes autour d'un établissement américain

Photo d'illustration REUTERS/Dado Ruvic/Illustration

Le secteur bancaire mondial souffrait en Bourse vendredi, conséquence des inquiétudes concernant les difficultés de l'Américain SVB Financial Group, un partenaire financier privilégié de nombreuses entreprises technologiques.

Cette "petite panique s'est déclenchée sur le thème du bankrun", une réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs de clients, explique à l'AFP David Bénamou, directeur des investissements d'Axiom Alternative Investments.

Cause première, l'annonce mercredi par SVB Financial Group, maison mère de la Silicon Valley Bank (SVB), d'une augmentation de capital de 2,25 milliards de dollars pour palier ses difficultés.

En milieu journée à la Bourse de Paris, le titre de Société Générale perdait 4,77% à 25,44 euros, BNP Paribas 3,02% à 60,75 euros et Crédit Agricole 2,94% à 10,97 euros.

Ailleurs en Europe, la banque allemande Deutsche Bank perdait 7,33%, la britannique Barclays 3,84%, l'italienne Intesa Sanpaolo 2,21% et la suisse UBS 3,19%.

Les banques cotées à Hong Kong et au Japon ont aussi été lourdement pénalisées.

Avec l'annonce des difficultés de SVB, lié à des importants retraits de clients, le directeur général du groupe financier les aurait exhorté "à ne pas retirer leurs dépôts de la banque et à ne pas semer la peur ou la panique", selon des sources citées jeudi par le Wall Street Journal.

Des retraits en nombre obligeraient la banque à céder des actifs pour obtenir la liquidité nécessaire. Si, parmi ces actifs, figurent des obligations émises il y a un an ou plus, leur valeur a fortement baissé depuis leur achat en raison de la hausse des taux d'intérêt.

Le groupe a vendu dans la précipitation un portefeuille de 21 milliards de dollars de titres financiers, ce qui lui a valu une perte estimée à 1,8 milliard de dollars.

Les investisseurs "ont aussi vu dans les difficultés de la banque l'impact de l'inversion de la courbe des taux (lorsque les taux à court terme sont plus élevés que ceux à long terme, NDLR)", a souligné dans une note Christian Parisot, du courtier Aurel BGC. Les banques empruntent généralement à court terme pour effectuer des prêts à moyen et long terme.

Sans compter qu'un autre acteur financier américain traverse une mauvaise passe: la maison mère de Silvergate Bank, présente dans les cryptomonnaies, avait annoncé mercredi que l'établissement allait être mis en liquidation.

Garde-fous

Ce mouvement baissier s'inscrit dans le sillage de Wall Street jeudi: Bank of America a perdu 6,20%, Wells Fargo 6,18% et Citigroup 4,10%.

Après avoir dévissé de plus de 60% jeudi, le titre du groupe SVB pourrait encore chuter de 45% vendredi selon les échanges électroniques précédant l'ouverture. Les cours des autres banques américaines s'annonçaient en légère baisse.

Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management, se veut rassurant, estimant dans une note "faible" le risque "d'un incident de capital ou de liquidité parmi les grandes banques".

Depuis la crise financière de 2008-2009 et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les banques doivent donner des gages de solidité à leurs régulateurs nationaux et européens. Elles doivent par exemple justifier d'un niveau minimal de capital plus important destiné à éponger les éventuelles pertes. Ce ratio de fonds propres durs, aussi appelé CET1, est l'œuvre des travaux du comité de Bâle, en Suisse.

L'Autorité bancaire européenne soumet également cinquante grandes banques du continent à des tests de résistance. Les résultats du dernier exercice, publiés fin juillet 2021, montraient que les établissements étaient bien en mesure d'encaisser sans trop de casse une grave crise économique. Il existe également à l'échelle européenne un fonds dit de résolution unique (FRU), alimenté par les banques et destiné à aider un établissement du secteur en cas de faillite.

En ultime recours et pour éviter un effet domino dévastateur, les gouvernements pourraient être tentés de sortir le portefeuille pour sauver un établissement jugé trop gros pour faire faillite (en anglais "too big too fail").

Les analystes observent également que cette correction survient après un début d'année plutôt faste pour les banques en Bourse: par rapport à leur valeurs au début de l'année, les cours sont encore en progression.

Le secteur bancaire mondial souffrait en Bourse vendredi, conséquence des inquiétudes concernant les difficultés de l'Américain SVB Financial Group, un partenaire financier privilégié de nombreuses entreprises technologiques.
Cette "petite panique s'est déclenchée sur le thème du bankrun", une réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs de clients, explique à l'AFP David...