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Dernières Infos - Ukraine

Poutine suspend un traité nucléaire et s'emporte contre l'Occident

 

Le président russe Vladimir Poutine, le 20 février 2023. Photo Sergei BOBYLYOV / AFP

Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, alors que le président américain Joe Biden a assuré que la Russie ne gagnera jamais en Ukraine.

Dans un discours d'une heure et quarante-cinq minutes rappelant l'époque de la Guerre froide par sa virulente rhétorique anti-occidentale, M. Poutine a aussi juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine.

Les Occidentaux veulent "en finir avec nous une bonne fois pour toutes", a tonné M. Poutine, accusant Washington et ses alliés européens de porter "la responsabilité de l'attisement du conflit ukrainien et de ses victimes".

Le président américain Joe Biden a de son côté fait une allocution très attendue, à Varsovie, où il s'est trouvé après une visite surprise à Kiev lundi à l'occasion de laquelle il a encore promis des armes aux Ukrainiens. "Notre soutien à l'Ukraine ne faiblira pas", "l'Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, jamais" et "reste libre", a-t-il martelé, parlant de "la volonté de fer de l'Amérique". "L'Occident ne complote pas pour attaquer la Russie comme Poutine l'a dit aujourd'hui", a assuré M. Biden. "Les millions de citoyens russes qui veulent seulement vivre en paix avec leurs voisins ne sont pas l'ennemi".

Vladimir Poutine "pensait que les autocrates comme lui étaient durs et que les dirigeants de la démocratie étaient mous, puis il s'est heurté à la volonté de fer de l'Amérique et des nations du monde entier qui refusent d'accepter un monde gouverné par la peur", a-t-il déclaré. "Il ne doit y avoir aucun doute: notre soutien à l'Ukraine ne faiblira pas, l'OTAN ne sera pas divisée et nous ne lâcherons pas", a assuré le président américain.

Le même jour, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé que les pays membres de l'UE allaient puiser dans leurs stocks pour accélérer les fournitures d'armes et de munitions à l'Ukraine.

"Irresponsable" 

M. Poutine a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires.

"Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start", a déclaré le président russe.

Une annoncé peu après atténué par son ministère des Affaires étrangères assurant dans un communiqué que "la Russie entend conserver une approche responsable et continuera, pendant la durée de vie du traité, à respecter strictement les limites quantitatives des armes stratégiques offensives".

Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir "prêtes à réaliser des essais d'armes nucléaires", au cas où les Etats-Unis en feraient en premier.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a jugé la décision de la Russie sur New Start "irresponsable", tout en assurant que les Etats-Unis "restent prêts à discuter sur les armes stratégiques" avec Moscou. Paris a rappelé que le traité New Start constituait "un instrument essentiel" de stabilité stratégique.

Londres a souligné que le contrôle des armements était "vital" pour la sécurité, cependant que le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a dit "regretter" la décision russe.

Un monde sans contrôle des armements nucléaires est "bien plus dangereux", a insisté de son côté Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres.

- "Sans pitié" -

M. Poutine a aussi juré de remplir "pas à pas, soigneusement et méthodiquement" les objectifs de son offensive en Ukraine qui a été marquée ces derniers mois par une série de revers militaires humiliants pour Moscou mais aussi, plus récemment, par de petites avancées dans l'est.

"Mais ils ne sont pas sans savoir qu'il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille", a ajouté le maître du Kremlin.

Pendant le discours de M. Poutine, les forces russes ont bombardé des immeubles à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, causant la mort d'au moins cinq civils, selon les autorités ukrainiennes.

La Russie "tue sans pitié la population civile", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les images diffusées après cette frappe montrent des corps, l'un recouvert par une bâche pour le cacher, gisant au sol à proximité d'un arrêt de bus et un supermarché détruit.

Soutien militaire chinois ?

Evoquant les sanctions qui frappent la Russie, M. Poutine a estimé mardi que les Occidentaux n'arriveraient "à rien", l'économie russe résistant mieux que prévu.

Signe que la répression interne accompagnant l'offensive militaire risque de s'aggraver, le chef de l'Etat russe a aussi averti que "ceux qui ont choisi de trahir la Russie" devaient "être tenus pour responsables devant la loi".

Dans la lignée de ses litanies présentant l'Amérique et l'Europe comme "décadentes", Vladimir Poutine a également accusé les Occidentaux d'avoir érigé "la perversion et la maltraitance des enfants, jusqu'à la pédophilie (...) en norme". Sans même attendre la fin de son discours, la Maison Blanche a dénoncé l'"absurdité" de la rhétorique anti-occidentale du président russe.

Les Occidentaux ont exprimé cette semaine leurs inquiétudes face à la possibilité que la Chine, partenaire de la Russie, lui livre des armes, une éventualité balayée par Pékin.

Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi est arrivé à Moscou et doit s'entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov mercredi, après un appel de Pékin à "promouvoir le dialogue" en Ukraine face à un conflit qui "s'intensifie et devient même hors de contrôle".

Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, alors que le président américain Joe Biden a assuré que la Russie ne gagnera jamais en Ukraine.Dans un discours d'une heure et quarante-cinq minutes rappelant l'époque de la Guerre froide par sa virulente rhétorique...