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Moyen-Orient - Coupe du monde

Au Qatar, les accords d’Abraham à l’épreuve du terrain

Depuis le début de la compétition de football qui se tient à Doha, les supporters arabes boycottent les journalistes israéliens. L’occasion de réitérer leur opposition aux traités de normalisation avec l’État hébreu. 

Au Qatar, les accords d’Abraham à l’épreuve du terrain

Des supporters agitent les drapeaux du Qatar et de la Palestine dans la ville de Gaza, le 20 novembre, jour de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde. Photo Reuters

Événement fraternel mondial mais aussi théâtre de tensions géopolitiques régionales, la Coupe du monde organisée au Qatar suit la tradition : tout ne tourne pas autour du ballon rond. Et les réactions des supporters face à la présence de journalistes israéliens venus au Qatar pour couvrir le mondial en sont peut-être l’illustration la plus frappante. Autorisés à se rendre à Doha dans le cadre d’un accord de circonstance passé entre le pays hôte et l’État hébreu, des présentateurs israéliens se font chambrer en plein direct par des supporters arabes, qui préfèrent parfois carrément boycotter l’antenne.

D’abord tout sourire face à la caméra, des fans marocains rangent soudainement leurs écharpes lorsqu’ils découvrent qu’un journaliste israélien filme la scène. « Nous sommes amis, vous avez signé l’accord de paix », lance le reporter, faisant référence aux accords d’Abraham, signés à partir d’août 2020 sous l’égide de l’administration américaine et garantissant la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn puis le Soudan et le Maroc. « Palestine oui, Israël non », crient les jeunes en s’éloignant d’un air faussement gêné. Premier Mondial à être organisé dans un pays arabe, la Coupe du monde au Qatar cristallise l’impopularité de ces traités de normalisation au sein même de la population des pays signataires. À l’époque de l’officialisation des accords d’Abraham, plus d’un million de résidents des pays concernés avaient signé une charte en ligne, les rejetant.

« Free Palestine »
Même son de cloche du côté des supporters libanais, médusés en apprenant qu’ils viennent de répondre à une chaîne de télévision israélienne : « Il n’y a pas d’Israël », clament-ils. D’autres brandissent le drapeau palestinien, systématiquement visible dans les tribunes des stades, scandant « Falestine » en chœur derrière le présentateur. Ce faisant, ils rejouent une séquence devenue virale où une correspondante arabophone de France24, en direct de Jérusalem, se fait prendre en grippe par un groupe de jeunes Israéliens l’insultant en hébreu. Espérant sûrement obtenir plus de succès, un journaliste israélien tente même, aux abords des stades de Doha, de duper la foule en se faisant passer pour un Équatorien. Mauvais calcul. « Free Palestine », lui assène-t-on en retour.

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« Les médias israéliens sont venus au Qatar en pensant qu’ils recevraient un accueil similaire à d’autres pays du Golfe avec qui ils ont normalisé. Mais au Qatar, ce n’est pas pareil, commente Rasha, Palestinienne de Gaza et activiste des droits de l’homme. Le pays a toujours tenu des positions très claires concernant la cause palestinienne. » Contrairement à certains de ses voisins du Golfe, le Qatar conditionne son rapprochement avec l’État hébreu au règlement de la question palestinienne, refusant jusqu’ici d’établir des relations diplomatiques. En vertu de ses engagements de pays hôte de la Coupe du monde cependant, Doha ne pouvait refuser l’accès aux supporters d’une quelconque nation. À l’issue de pourparlers en cours depuis des mois pour régler notamment la question de la présence de Palestiniens à bord de ces vols, une ligne aérienne directe mais temporaire a donc été autorisée à relier Tel-Aviv à la capitale qatarie et permettre aux quelque 10 000 visiteurs israéliens et palestiniens de se rendre au Mondial. Une normalisation de circonstance avec Israël qui ne trouve que peu de soutien auprès des résidents qataris, se mêlant volontiers à la vague de boycott.

Et cela ne risque pas d’émouvoir Rasha : « J’aurais évidemment fait de même. En tant que Gazaouie, je subis les attaques incessantes d’Israël, son siège, ses humiliations aux check-points, les pertes parmi les miens, se justifie la jeune femme. Cela fait partie d’un mouvement de boycott qui est nécessaire : la politique et le sport sont inséparables. » Professeure en langues étrangères, Wafa*, Palestinienne de 27 ans, se réjouit également depuis Gaza de l’hostilité de l’accueil réservé aux ressortissants israéliens : « En tant que Palestinienne, je veux que cela se répande dans le monde entier et pas seulement pour cet événement. Nous voulons que les principaux régimes cessent de normaliser leurs relations avec ce qu’on appelle Israël et nous aident à récupérer nos terres. » 

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*Le prénom a été modifié.

Événement fraternel mondial mais aussi théâtre de tensions géopolitiques régionales, la Coupe du monde organisée au Qatar suit la tradition : tout ne tourne pas autour du ballon rond. Et les réactions des supporters face à la présence de journalistes israéliens venus au Qatar pour couvrir le mondial en sont peut-être l’illustration la plus frappante. Autorisés à se rendre à Doha...

commentaires (7)

Qui sème le vent récolte la tempête !

Politiquement incorrect(e)

14 h 55, le 28 novembre 2022

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Commentaires (7)

  • Qui sème le vent récolte la tempête !

    Politiquement incorrect(e)

    14 h 55, le 28 novembre 2022

  • Heureusement que les dirigeants arabes (a part les nôtres) sont bien plus intelligents éduqués et visionnaires que leur population d’incultes , Si on leur donne la démocratie ils éliront tour des frères musulmans ou Hamas, feront la guerre a Israël, perdront encore plus de territoire et se mettront à pleurer de nouveau puis se défouleront sur ce qui reste de leur minorités et resteront à jamais dans les ténèbres. On a besoin de Ataturk, Sadate, Hassan ii ou MBS pour mater cette racaille,

    Liban Libre

    14 h 24, le 28 novembre 2022

  • .... des votes d'individus endoctrinés d'une compassion sélective qui éclipse le scandale de la majorité des Arabes Musulmans rendue invisible, inaudible, derrière l'épais rideau de fumée de la très lucrative Question Palestinienne exploitée par une bande d'opportunistes. Les Arabes Chrétiens .... là bas , ils n'en restent plus beaucoup et ça ne gène pas plus le Monde Arabe !

    Lillie Beth

    14 h 02, le 28 novembre 2022

  • J'ai cru lire "la dite cause palestienne " (???), une cause qui commença en 1917 quand la grande Bretagne a vendue la Palestine aux Rotchilds, et vous parlez de pacifier la région avec le government le plus extremiste de l'histoire de l'état sioniste (??), vous n'avez qu'à voir ce qui arrive au Quatar en ce moment, ça donne une idée de l'état d'âme furieuse des peuples Arabes, la paix est facile quand on est loin géographiquement, mais être collé à un voisin ignoble, c'est un destin qui est grave, très grave

    Raed Habib

    12 h 05, le 28 novembre 2022

  • Aujourd’hui, le monde entier est instable. Faut profiter pour stabiliser la région du PO. Si la guerre s’étend sur toute l’Europe d’une part… de l’océanie d’autre part ( chine/ japon/ corée) Il serait judicieux que notre région soit pacifiée et neutralisée face aux guerres nouvelles destructrices qui pointent à l’horizon. Aujourd’hui, il faut voir très loin. En cas de conflit… Les « autres » pays européens / américains / australiens etc…ne sont plus aussi sécurisés. D’où le besoin de pacifier la région totalement au delà des causes des uns ou des autres ( même si la dite cause des palestiniens est oubliée par les palestiniens eux-mêmes qui ont fait la paix depuis des décennies… à l’exception des islamistes ). Alors que le proche / moyen orient est en train de se pacifier… les autres continents reprennent connaissance avec la guerre ( malheureusement pour ces continents).

    LE FRANCOPHONE

    09 h 48, le 28 novembre 2022

  • Il ne faut pas oublier que ces accords ont été signés avec les dirigeants (non-élus) de ces pays, et non pas avec leur peuple… CQFD ou pas CQFD?

    Gros Gnon

    07 h 15, le 28 novembre 2022

  • Sur un plan strictement humain, il est sidérant de voir un régime comme le régime Israelien, opprimer, tuer de sang froid, humilier et encercler quelques 5 à 6 millions de Palestinians, Chrétiens et Musulmans qui forment la majorité des résidents, une vérité, qu' on refuse toujours d'admettre! Seuls les Druzes arabes font les rois, sont admis dans l'armée, au plus haut niveau, et sont, selon les résidents arabes, les patrouilles de sécurité "au beret vert", les plus redoutables vis à vis la population arabe. Bref un régime d'Apartheid extrême, qui ne doit en aucun cas avoir des sympathisants au Liban, qu' ont soit pour ou contre le Hezbollah. Qui nous dit que si ce régime réussissait un jour à occuper le Liban, et ses institutions, nous ne subiront pas le même sort? Pour ceux de nos compatriotes qui sont si ébahis par la normalisation, qu'ils observent la communauté juive Orthodoxe, qui vient juste de gagner 14 députés à la knesset. Quel bonheur pour Jésus, Marie, et Mohamad...

    Raed Habib

    06 h 38, le 28 novembre 2022

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