
Une affiche du président Michel Aoun à Mar Mikhael à Beyrouth, le 30 octobre 2022. Photo Joao Sousa/OLJ
Le président Michel Aoun a déclaré lundi, dernier jour de sa présidence, que "toutes les options" sont sur la table pour éviter une crise politique "dans les prochains jours", alors que le Liban entre officiellement mardi dans une phase de vacance au niveau de la présidence et du gouvernement, une première dans son histoire.
"Comme je l'ai déjà dit, je me réserve le droit d'utiliser toutes les options disponibles pour éviter la situation négative qui nous attend dans les prochains jours", a déclaré M. Aoun dans une interview au journal koweitien al-Anba'. "Le plafond de ces options est la Constitution", a-t-il ajouté, sans préciser le type de procédures qu'il pourrait mettre en œuvre. Critiquant les "rumeurs et mensonges" qui l'accusaient de vouloir rester à Baabda après la fin de son mandat présidentiel, il a dit avoir prouvé qu'il "ne restera pas une minute de plus" à son poste. "La porte est ouverte jusqu'au dernier moment pour rectifier la situation, que ce soit en élisant un nouveau président ou en formant un gouvernement de pleins pouvoirs" qui pourrait combler la vacance au niveau présidentiel jusqu'à l'élection d'un nouveau chef d'Etat, a-t-il ajouté. Concernant l'élection présidentielle, M. Aoun a également déclaré que "ce n'est pas un secret qu'elle nécessite un accord des groupes politiques au Liban". "Et c'est loin d'être le cas actuellement", a-t-il poursuivi. Dimanche, la veille de la fin de son mandat, M. Aoun a annoncé qu'il avait signé la démission du gouvernement et qu'il avait envoyé une lettre au Parlement pour l'informer de la procédure et lui demander de prendre les mesures nécessaires à ce sujet. En réponse à cette lettre, le président du Parlement, Nabih Berry, a convoqué les députés à une séance jeudi. Le gouvernement actuel était déjà considéré comme démissionnaire depuis mai, après les élections législatives. En conséquence, l'acte de M. Aoun est considéré comme purement politique et n'a pas de valeur constitutionnelle.
Mikati : La Constitution est claire
Selon la Loi fondamentale, l'autorité du président est transférée au gouvernement en place, mais M. Aoun et le Courant patriotique libre, qu'il a fondé et qui est actuellement dirigé par son gendre Gebran Bassil, s'opposent au transfert de l'autorité du président au gouvernement actuel, qui est chargé de la gestion des affaires courantes. Mais les tensions entre M. Aoun et son parti d'une part, et le Premier ministre désigné Nagib Mikati d'autre part, ont empêché la formation d'un nouveau cabinet. M. Aoun a accusé M. Mikati de ne pas vouloir former son nouveau cabinet et de discriminer le CPL dans les discussions sur les ministères. À cet égard, M. Mikati a déclaré dimanche qu'il lui semblait "préférable" que son cabinet continue à gérer les affaires courantes plutôt que de former une nouvelle équipe qui "pourrait ne pas obtenir la confiance" du Parlement. "Dès le début, Michel Aoun ne voulait pas que je forme un gouvernement", a lancé M. Mikati dans un entretien à la chaîne locale LBCI. "Une médiation était en cours ces derniers jours pour former un gouvernement, mais elle n'a pas abouti (...) et il était possible que le nouveau gouvernement n'obtienne pas la confiance (des députés). Pour cela, il me semblait préférable que le cabinet actuel continue de gérer les affaires courantes, parce que rien n'allait changer pour moi". Selon lui, "la Constitution est claire : le gouvernement dispose des prérogatives du président" en cas de vacance à la magistrature suprême. Le Premier ministre sortant a par ailleurs assuré "veiller à ce que tous les ministres demeurent à leur poste", alors que certains d'entre eux proches du camp aouniste envisageraient de boycotter leur ministère à partir du 1er novembre si un gouvernement n’est pas formé d’ici là. "Les ministres poursuivront leur travail. Je ne prétends pas pouvoir en désigner de nouveaux, et je suis sûr qu'aucun ministre ne demandera d'être exempté (de ses responsabilités)", a-t-il dit, estimant que "certains tentent de créer des bombes inexistantes". Le Premier ministre sortant a enfin noté qu'il ne convoquera son cabinet qu'en "cas de nécessité extrême". M. Mikati a reçu lundi le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, avant son déplacement en Algérie pour assister au sommet arabe prévu mardi et mercredi.
La diplomatie iranienne s'active
Sur le plan diplomatique, l'Iran a appelé lundi à la formation d'un gouvernement "fort et national". Dans un point presse, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanani a espéré que le Liban et "tous les mouvements politiques dans le pays, sur la base des intérêts nationaux", pourront former un cabinet "fort et national", selon des propos rapportés par l'agence officielle IRNA. Plus tôt dans la journée, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, avait reçu l'ambassadeur iranien à Beyrouth, Mojtaba Amani, avec qui il a discuté des "derniers développements".
Le Quai d'Orsay a de son côté rappelé que "le Liban traverse une crise économique, financière, sociale grave et inédite, qui requiert le bon et plein fonctionnement de toutes ses institutions pour prendre les mesures qui s’imposent pour redresser le pays et améliorer urgemment la situation des Libanais". "Dans ce contexte, la France appelle l’ensemble des acteurs libanais à prendre leurs responsabilités et à être à la hauteur du moment, pour le Liban et les Libanais. Elle appelle les députés libanais à élire, sans délai, un nouveau président de la République", conclut le communiqué du Quai d'Orsay.
commentaires (10)
La seule chose de pire que ton mandat qui puisse arriver à ce pauvre pays que tu as ruiné c’est qu’il y ait des faibles d’esprit qui accepteront d’élire ton gendre comme prochain président. A part ça nous ne pourrons pas tomber aussi bas
Liban Libre
18 h 56, le 01 novembre 2022