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La bataille de Severodonetsk fait rage, craintes de l'Ukraine pour le reste de son territoire


La bataille de Severodonetsk fait rage, craintes de l'Ukraine pour le reste de son territoire

De la fumée se dégageant d'un immeuble bombardé par une frappe russe dans la ville de Severodonetsk, en Ukraine, le 30 mai 2022. Photo ARIS MESSINIS / AFP

La Russie s'est lancée à corps perdu dans la bataille de Severodonetsk, une ville-clé de l'est de l'Ukraine en proie ce week-end à des "combats de rue", tout en cherchant toujours, selon Kiev, à avoir la mainmise sur l'ensemble du territoire ukrainien.

Pour le moment en tout cas, plus de 100 jours après le début du conflit, les troupes russes concentraient leur offensive sur le grand bassin minier du Donbass, une région orientale partiellement aux mains depuis 2014 de séparatistes prorusses et dont elles espèrent conquérir l'intégralité.

Une "guerre d'usure", a tranché le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, tandis que le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov, tout en reconnaissant qu'"il est encore impossible de prédire" quand elle se terminera, a de manière inattendue dans ce contexte lâché samedi: "selon mes prévisions optimistes, c'est réaliste cette année".

Et ce bien que "la Russie continue de faire des efforts pour occuper tout notre État", a-t-il ajouté devant un forum international sur la sécurité, le Kremlin rêvant selon lui de "rassembler les terres" qu'il considère comme "siennes", y compris "la Pologne, les Pays baltes, la Slovaquie et d'autres".

Situation confuse à Severodonetsk

Sur le terrain, la situation restait très confuse à Severodonetsk. La Russie affirmait samedi que des unités militaires ukrainiennes s'en retiraient, tandis que l'état-major de l'armée ukrainienne et le maire de cette cité, Olexandre Striouk, signalaient dans la soirée des affrontements en vue de complètement la reprendre.

Les troupes russes "ont réussi à entrer dans la ville et à s'emparer d'une bonne partie de celle-ci, en la divisant en deux. Mais nos militaires sont parvenus à se redéployer, à construire une ligne de défense. Actuellement, on fait tout le nécessaire pour rétablir le contrôle total" de Severodonetsk, a déclaré M. Striouk, évoquant des "combats de rue".

"Des unités de l'armée ukrainienne, ayant subi des pertes critiques au cours des combats pour Severodonetsk (jusqu'à 90% dans plusieurs unités), se replient vers Lyssytchansk", une localité voisine,a pour sa part proclamé le ministère russe de la Défense. Un peu plus tôt dans la journée, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, avait admis que "la situation dans toute la région" était "extrêmement difficile" : "Les combats se concentrent actuellement à Severodonetsk car (...) l'armée russe a mis tout son poids et ses réserves" dans cette bataille. "De premières informations indiquent qu'ils (les Russes) ont réussi à prendre le contrôle de la majeure partie de la ville. Mais nos forces les repoussent maintenant".

Severodonetsk, qui comptait avant la guerre quelque 100.000 habitants, et Lyssytchansk, situées à quelque 80 km de la capitale administrative régionale ukrainienne de Kramatorsk, sont des agglomérations-clés pour y parvenir.

Attaques dans le sud

Des attaques se sont produites parallèlement samedi sur d'autres fronts. Dans la région méridionale de Kherson, "des habitants ont quitté le village de Trudolyubivka" et les forces russes "continuent de bombarder les territoires occupés et les positions de l'armée ukrainienne", a annoncé la présidence ukrainienne, mettant en garde contre une crise humanitaire dans les zones aux mains des Russes.

En outre, "des entrepôts ont été endommagés" et il y a eu deux "victimes", selon Kiev, quand un missile de croisière russe a frappé une entreprise agricole dans le grand port d'Odessa, également dans le sud.

L'armée russe a de son côté affirmé avoir détruit "un point de déploiement de mercenaires étrangers" près de Datchnoe, dans la région d'Odessa, et deux centres de commandement ukrainiens et six dépôts de munitions dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Elle a aussi dit avoir touché avec des missiles un centre de formation d'artilleurs ukrainiens près de Stetskovka, dans la région de Soumy (nord), où des "instructeurs étrangers ont formé des militaires ukrainiens à l'utilisation d'obusier M777".

"Besoin d'aide"

Quatre militaires volontaires étrangers dont un Français ont été tués en combattant les troupes russes en Ukraine, a par ailleurs annoncé samedi la Légion internationale de défense de l'Ukraine, l'organisme officiel des combattants volontaires étrangers.

La Légion a cité les noms d'un Néerlandais, d'un Australien, d'un Allemand et d'un Français sans préciser la date ni les circonstances de leur mort.

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, les Russes ont triplé la portion du territoire ukrainien qu'ils contrôlent: avec la péninsule de Crimée et les régions occupées du Donbass et du sud de l'Ukraine, la Russie a désormais la mainmise sur près de 125.000 km2, soit 20% de la superficie de ce pays, selon le président Zelensky.

La situation restait par ailleurs très fragile dans les reprises par les forces ukrainiennes, comme à Horenka, en périphérie de Kiev (nord-ouest), où a eu lieu vendredi une distribution d'aide humanitaire Hanna Viniychuk, 67 ans, pleure en expliquant avoir tout perdu: "Quand l'appartement a été bombardé, je n'ai presque rien pu emporter et maintenant c'est trop cher de prendre le bus, donc je suis venue chercher dans les locaux de la mairie des produits de première nécessité". Tetyana Shepeleva, une responsable de la communauté d'Horenka, distribue l'aide humanitaire: "On a une liste de gens qui ont besoin d'aide gérée par l'armée, environ 5.000 personnes actuellement". Elle montre les cartons de l'Unicef entassés jusqu'au plafond : "Il y a des draps, des matelas, des plats préparés par le réseau World Center Kitchen. Les gens n'ont rien et tentent toujours d'avoir un peu plus".

"Solidarité" avec la Suède et la Finlande

Répliquant au président français Emmanuel Macron qui avait répété la veille qu'il ne fallait "pas humilier la Russie" "pour que le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie par les voies diplomatiques", le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a jugé samedi que cette position ne pouvait qu'"humilier la France". "Nous ferions tous mieux de nous concentrer sur la façon de remettre la Russie à sa place. Cela apportera la paix et sauvera des vies", a-t-il rétorqué à M. Macron, un des rares dirigeants internationaux qui essaie d'entretenir un dialogue avec le président russe Vladimir Poutine.

Dans le même temps, le chef d'état-major des forces américaines, le général Mark Milley, a affiché la détermination des Etats-Unis à soutenir la Suède et la Finlande avant leur adhésion à l'OTAN, à bord de l'USS Kearsarge, le plus grand navire de guerre américain ne s'étant jamais ancré dans le port de Stockholm. "Il est important pour nous, les Etats-Unis, ainsi que pour les autres pays de l'OTAN, de montrer notre solidarité avec la Finlande et la Suède avec cet exercice", a noté l'officier, parlant des manoeuvres navales annuelles de l'Alliance en mer Baltique "Baltops 22".

La Russie s'est lancée à corps perdu dans la bataille de Severodonetsk, une ville-clé de l'est de l'Ukraine en proie ce week-end à des "combats de rue", tout en cherchant toujours, selon Kiev, à avoir la mainmise sur l'ensemble du territoire ukrainien. Pour le moment en tout cas, plus de 100 jours après le début du conflit, les troupes russes concentraient leur offensive sur le grand...