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Après les émeutes, le président s'en prend à son puissant prédécesseur


Après les émeutes, le président s'en prend à son puissant prédécesseur

Le président kazakh Jomart Tokaïev . Photo d'archives YEVGENY BIYATOV/SPUTNIK/AFP

 Le président kazakh s'en est pris mardi à son puissant prédécesseur, pour la première fois après des émeutes sanglantes, et a annoncé le retrait imminent des troupes étrangères menées par la Russie, venues à la rescousse.

Kassym-Jomart Tokaïev a aussi nommé un nouveau cabinet ministériel, alors que ce vaste pays d'Asie centrale a été secoué la semaine dernière par des violences jamais vues depuis son indépendance en 1991. Celles-ci ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, et mené à l'arrestation de quelque 10.000 personnes.

M. Tokaïev a accusé son mentor et prédécesseur, Noursoultan Nazarbaïev, d'avoir favorisé l'émergence d'une "caste de riches" dominant cet Etat regorgeant d'hydrocarbures, une critique inédite à l'égard de celui qui détient le titre honorifique de "Chef de la Nation" et bénéficiait jusqu'ici d'un culte de la personnalité.

Lors des troubles, des manifestants avaient scandé leur colère contre l'ancien dirigeant de 81 ans. Depuis, les rumeurs sur une fuite à l'étranger de M. Nazarbaïev se sont multipliées, mais les autorités kazakhes n'ont donné aucune information sur sa localisation.

Si les émeutes sont qualifiées d'agression "terroriste" étrangère par les autorités, les violences avaient éclaté après des manifestations contre la hausse des prix du carburant, sur fond de dégradation du niveau de vie et de corruption endémique dans cette ex-République soviétique.

Des experts en droits humains de l'ONU ont dénoncé mardi une utilisation abusive du terme "terroristes" par les autorités kazakhes, condamnant également l'usage de la force meurtrière contre les émeutiers. La France, qui assure la présidence tournante de l'UE, a appelé à respecter "pleinement" la souveraineté du Kazahstan et au lancement d'un dialogue pour permettre une désescalade dans la crise.

 "Caste de gens très riches"

Lançant une attaque frontale contre son mentor, M. Tokaïev l'a accusé d'être responsable de l'apparition dans le pays d'une "caste de sociétés très profitables, de gens très riches". "Je pense que le temps est venu de payer un tribut au peuple", a-t-il affirmé. Il veut donc que les élites qui, "dans l'ombre", disposent "de fonds énormes", ainsi que les grandes entreprises, approvisionnent un fonds dont bénéficiera la population.

Premier signe dans cette direction, M. Tokaïev a annoncé mardi qu'il prévoyait de mettre fin à un monopole privé très critiqué sur le recyclage des déchets, lié à la fille cadette de M. Nazarbaïev, Alia, 41 ans. Une autre fille, Dinara et son mari Timour Koulibaïev, qui sont parmi les personnes les plus riches du Kazakhstan, contrôlent pour leur part la grande banque Halyk et ont un poids important dans le secteur clé du pétrole. La carrière politique de la fille aînée, Dariga, notamment au Parlement, a elle été marquée par une série de déclarations controversées, des informations lui prêtant également d'importants intérêts commerciaux.

Un des alliés de poids de M. Nazarbaïev, Karim Massimov, avait été arrêté samedi pour haute trahison après avoir été limogé de la tête des services secrets.

Retrait "progressif" des Russes

Les émeutes avaient conduit M. Tokaïev à appeler à la rescousse quelque 2.000 hommes d'une force militaire menée par la Russie. Selon lui, leur mission étant accomplie, leur retrait peut débuter cette semaine. "Le retrait progressif du contingent unifié de l'OTSC débutera dans deux jours. Ce processus ne prendra pas plus de dix jours", a dit M. Tokaïev.

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a indiqué de son côté mardi que le départ se ferait une fois la situation "totalement stabilisée" et "sur décision" des autorités kazakhes. Le commandant du contingent de l'OTSC, Andreï Serdioukov, a fait savoir qu'un plan était en cours d'élaboration pour transmettre aux forces kazakhes la garde des sites protégés par ses forces. Selon lui, le déploiement rapide de ce contingent a permis de "stabiliser la situation" dans le pays. Lundi, le président russe Vladimir Poutine avait assuré que les troupes de l'OTSC étaient là "pour une période limitée".

A Almaty, de nombreux habitants avaient accueilli ce contingent avec soulagement. "Je salue la coopération avec la Russie", a affirmé à l'AFP Roza Mataïeva, une professeure de 45 ans. "Je pense qu'il n'y a pas de menace pour notre souveraineté."

Les violences les plus graves ont eu lieu dans cette ville, la capitale économique, où de nombreux bâtiments publics ont été saccagés et des commerces pillés, tandis qu'émeutiers et forces kazakhes s'opposaient dans des affrontements armés.

 Le président kazakh s'en est pris mardi à son puissant prédécesseur, pour la première fois après des émeutes sanglantes, et a annoncé le retrait imminent des troupes étrangères menées par la Russie, venues à la rescousse.Kassym-Jomart Tokaïev a aussi nommé un nouveau cabinet ministériel, alors que ce vaste pays d'Asie centrale a été secoué la semaine dernière par des...