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Washington sanctionne le chef politique des Serbes de Bosnie, accusé de "déstabiliser" les Balkans


Washington sanctionne le chef politique des Serbes de Bosnie, accusé de

Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik lors d'une interview à Banja Luka, le 11 novembre 2021. REUTERS/Dado Ruvic/File Photo

Les Etats-Unis ont imposé mercredi des sanctions financières au chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, accusé de "menacer la stabilité" des Balkans avec son projet séparatiste dans ce pays divisé selon des lignes de fracture ethniques.

Jusqu'ici, l'Occident avait lancé des avertissements sans vraiment monter au créneau. Cette fois Washington décide de passer de la parole aux actes, alors que les menaces se sont accélérées fin 2021 contre les institutions collégiales de Bosnie nées de l'accord de paix de Dayton qui avait mis fin, en 1995, au conflit meurtrier dans cette ex-république yougoslave.

Les mesures punitives annoncées par le Trésor américain visent les "activités corrompues déstabilisatrices" de cet homme politique actuellement membre de la présidence collégiale de Bosnie, ainsi qu'une chaîne de télévision "sous son contrôle", Alternativna Televizija, dont le siège est à Banja Luka, chef-lieu de l'entité serbe. Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et leur accès au système financier américain bloqué.

De son côté, dans une offensive coordonnée, le département d'Etat a interdit d'entrée aux Etats-Unis l'ex-président d'une haute instance judiciaire de Bosnie-Herzégovine, Milan Tegeltija, et un élu, Mirsad Kukic, également pour "corruption".

Milorad Dodik a accéléré en décembre la mise en oeuvre de son projet séparatiste, approuvé par le Parlement de l'entité serbe de Bosnie.

Le 10 décembre, l'assemblée de la Republika Srpska (RS) a donné au gouvernement de cette entité un délai de six mois pour organiser légalement son départ de trois institutions cruciales communes à l'Etat central: l'armée, la justice et les impôts.

"Je n'ai pas peur"

Le projet a été dénoncé par les puissances occidentales mais Milorad Dodik, qui exerce actuellement la fonction de membre serbe de la présidence tripartite de la Bosnie, un pays qu'il méprise, semble avoir le soutien de Moscou.

Cette gouvernance tripartite inclut les représentants bosniaque et croate.

L'accord de Dayton a en effet mis fin à une guerre qui a fait 100.000 morts, mais aussi consacré la division de la Bosnie en deux entités, la RS et une entité croato-musulmane.

Dans les années qui ont suivi, un faible Etat central s'est doté d'institutions communes, armée, justice, impôts et renseignements, sous la pression des puissances occidentales.

"Les activités corrompues déstabilisatrices de Milorad Dodik et ses tentatives pour démanteler les accords de paix de Dayton, motivées par ses propres intérêts, menacent la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et de toute la région", a déclaré un sous-secrétaire au Trésor américain, Brian Nelson, dans un communiqué.

"Les Etats-Unis n'hésiteront pas à agir contre ceux qui s'adonnent à la corruption, à la déstabilisation, à la division sur le dos de leur propre peuple, mais aussi contre ceux qui rendent possibles et facilitent de tels comportements", a-t-il prévenu.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a d'ailleurs clairement menacé, dans un autre communiqué, de sanctionner d'autres personnalités.

Selon le Trésor, Milorad Dodik a "sapé" les institutions de Bosnie en "engageant la création d'institutions parallèles".

"En outre, Dodik a utilisé ses fonctions officielles" au sein de la présidence tripartite "pour s'enrichir personnellement grâce aux pots-de-vin et à d'autres formes de corruption", a-t-il estimé dans son communiqué. "Sa rhétorique ethno-nationaliste clivante reflète ses efforts pour promouvoir ses objectifs politiques et détourner l'attention de ses activités corrompues."

Pour frapper plus durement l'homme politique, Washington vise aussi la chaîne de télévision privée détenue, selon le Trésor, par une société "étroitement liée à la famille de Dodik" et sur laquelle il exerce personnellement "le contrôle en coulisses".

Dès décembre, Milorad Dodik, déjà soumis à des sanctions américaines depuis 2017, avait balayé la menace.

"On me dit qu'ils ont préparé des sanctions pour moi. OK, très bien. Je n'ai pas peur des sanctions", avait-il lancé, assurant qu'il ne renoncerait pas à son projet.

Jadis un modéré protégé des Occidentaux, aujourd'hui un nationaliste soutenu par la Russie, il accuse les premiers d'avoir au fil des années affaibli la RS en renforçant l'Etat central par des réformes imposées.

Les Etats-Unis ont imposé mercredi des sanctions financières au chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, accusé de "menacer la stabilité" des Balkans avec son projet séparatiste dans ce pays divisé selon des lignes de fracture ethniques.Jusqu'ici, l'Occident avait lancé des avertissements sans vraiment monter au créneau. Cette fois Washington décide de passer de la parole aux...