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Le prince héritier d'Abou Dhabi à Ankara : une visite réparatrice

Le prince héritier d'Abou Dhabi à Ankara : une visite réparatrice

Poignée de main entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan (d), et le prince héritier des Emirats arabes unis, Mohammad ben Zayed, le 24 novembre 2021 à Ankara. Photo AFP / Murat CETIN MUHURDAR / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE"

Le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammad ben Zayed Al-Nahyane dit MBZ, a été accueilli avec les honneurs mercredi à Ankara par le président turc Recep Tayyip Erdogan, ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les rivaux régionaux d'hier.

Signe des fortes espérances que suscitait cette visite, la première à ce niveau en Turquie depuis 2012, les chaînes d'information turques ont toutes diffusé en direct les premiers pas de MBZ sur le tapis bleu d'apparat. Elles ont fait de même en fin de journée, sans un mot de la part des deux dirigeants, qui ont signé apparemment plusieurs accords et contrats dont le contenu n'a pas été révélé.

L'offrande d'un chèque important, de plusieurs milliards de dollars, au bénéfice de la Turquie en plein marasme économique, a été notamment avancée par les observateurs.

Ce premier rendez-vous, qui devait permettre d'aplanir les nombreuses divergences entre les deux dirigeants qui aspirent à un rôle régional, tombait à point nommé - même s'il était préparé depuis l'été - au lendemain d'un nouveau plongeon historique de la livre turque.

La monnaie nationale a perdu plus de 40% face au dollar depuis le début de l'année et l'inflation frôle les 20%. Il s'agissait aussi de renforcer les liens économiques entre les Emirats arabes unis et la Turquie et d'ouvrir la voie à des investissements émiratis dans les grands projets du président Erdogan.

"Le but principal de cette visite est d'accroître les échanges commerciaux et les partenariats économiques grâce à des investissements profitables", a indiqué le ministre émirati de l'Industrie et des technologies avancées, Sultan al-Jaber, à la chaine locale TRT Haber. La Turquie est "un partenaire naturel" d'Abou Dhabi, a-t-il insisté.

Naturel mais souvent irrité, tant les divergences stratégiques sont restées nombreuses entre les deux capitales, comme sur le dossier libyen (chacun soutient un camp adverse), ou en Méditerranée Orientale (les Emirats avaient pris le parti de la Grèce et de Chypre).

Cette rencontre au sommet devait aussi permettre de réparer la relation "entre deux acteurs majeurs qui cherchent à s'affirmer de la région", selon Hasni Adibi, professeur de relations internationales à l'Université de Genève et directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM).

Des motifs de colère s'étaient accumulées au fil des dernières années, surtout depuis le coup d'état avorté de juillet 2016, quand le président Erdogan avait accusé MBZ d'en être l'un des instigateurs, le traitant de "pire ennemi de la Turquie".

Les liens s'étaient encore dégradés en 2017 lors du blocus du Qatar, proche allié d'Ankara, décrété par l'Arabie Saoudite et suivi par les Emirats.

Mais le président Erdogan, que ses coups de sang répétés ont fini par isoler sur la scène internationale, cherche désormais à se rapprocher des puissances régionales, même concurrentes. Et les deux pays savent aussi qu'ils ne sont plus en cour à Washington, bien moins en tous cas que sous la présidence de Donald Trump, note Hasni Adibi.

Le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammad ben Zayed Al-Nahyane dit MBZ, a été accueilli avec les honneurs mercredi à Ankara par le président turc Recep Tayyip Erdogan, ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les rivaux régionaux d'hier. Signe des fortes espérances que suscitait cette visite, la première à ce niveau en Turquie depuis 2012, les chaînes d'information turques...