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Le Bélarus assure vouloir rapatrier des migrants mais l'UE prépare des sanctions


Le Bélarus assure vouloir rapatrier des migrants mais l'UE prépare des sanctions

Des migrants à la frontière du Bélarus, le 14 novembre 2021. Photo Oksana MANCHUK / BELTA / AFP

Le Bélarus a affirmé lundi vouloir faire rentrer "chez eux" les migrants campant à la frontière avec la Pologne, des assurances laissant dubitative l'UE, qui veut sanctionner Minsk qu'elle accuse d'avoir organisé cette crise migratoire.

Deux à trois mille personnes souvent originaires du Kurdistan irakien, dont de nombreux enfants, se préparaient lundi à passer une nouvelle nuit dehors par des températures négatives. Des dizaines, voire des centaines d'entre eux, ont notamment rejoint lundi le poste frontière de Brouzgui au Bélarus, face à la ville polonaise de Kuznica. Des images diffusées par les médias bélarusses les montrent autour de feux de camp, s'allongeant dans des sacs de couchage à l'ombre de barbelés ou faisant face aux forces polonaises casquées et masquées qui gardent la zone frontalière.

Le ministère polonais de la Défense a accusé les forces bélarusses d'avoir "acheminé" ces exilés, alors que Varsovie craint que les migrants forcent le passage. La partie bélarusse a balayé ces accusations, assurant que ses gardes-frontières étaient là pour "assurer la sécurité". Réunis à Bruxelles lundi, les chefs de la diplomatie des pays de l'Union européenne ont prévu d'adopter des mesures punitives, estimant que Minsk a orchestré la situation en réplique à une précédente vague de sanctions décidée après la répression de l'opposition dans ce pays. Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a de nouveau nié toute responsabilité et a cette fois-ci même assuré vouloir le retour des migrants "chez eux". "Nous sommes prêts (...) à les mettre tous dans des avions qui les ramènent à la maison", a-t-il dit, selon l'agence d'Etat Belta, "un travail actif est en cours pour convaincre ces gens". Mais, a-t-il dit, "ils ne veulent pas rentrer. Il est clair qu'ils n'ont plus où rentrer, plus de domicile, et n'ont rien pour y nourrir leurs enfants".

 "Jamais fait ça" 

Les propos de M. Loukachenko n'ont pas semblé convaincre les ministres européens. Ceux-ci ont annoncé dans un communiqué avoir modifié le régime de sanctions de l'UE "afin de pouvoir répondre à l'instrumentalisation des êtres humains à laquelle se livre le régime bélarusse". De nouvelles annonces pourraient intervenir en fin d'après-midi. "Je n'ai aucune raison de croire que ce que (M. Loukachenko) dit est vrai", a déclaré le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis.

L'Allemand Heiko Maas a lui assuré que l'UE allait "durcir" ses sanctions. Les Européens accusent Minsk d'avoir organisé depuis l'été des mouvements migratoires depuis le Moyen-Orient vers les frontières polonaise et lituanienne pour se venger de sanctions occidentales. "Nous n'avons jamais fait ça et nous n'avons pas l'intention de le faire", a nié lundi M. Loukachenko, disant être prêt à se "défendre" en cas de mesures de rétorsion européennes.

Rapatriements ?

Il s'était précédemment dit prêt à couper le transit du gaz russe vers l'Europe, mais Moscou, suzerain de Minsk, avait rapidement minimisé la portée de la menace. Le président Vladimir Poutine avait cependant estimé que les Européens se devaient de renouer le dialogue avec les Bélarusses. La Russie a également rejeté les accusations de Varsovie, qui considère Moscou comme le véritable commanditaire de la crise migratoire, sur fond de tensions russo-occidentales.

Lundi, le Kremlin a encore jugé "erroné" d'imputer à Minsk la responsabilité de la crise et regretté que l'UE "fasse abstraction des idéaux européens d'humanisme" en ne portant pas secours aux migrants bloqués dehors dans le froid. Varsovie refuse de laisser passer ces milliers de personnes, alors que l'Union européenne a été déstabilisée à partir de 2015 par l'afflux de centaines de milliers de malheureux fuyant les guerres et la misère au Moyen-Orient ou en Afghanistan.

Si certains groupes ont franchi les barbelés ces derniers jours, ils ont souvent été interpellés et renvoyés au Bélarus. En parallèle, la compagnie aérienne bélarusse Belavia a annoncé que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol depuis Dubaï vers le Bélarus, sur "décision des autorités compétentes des Emirats arabes unis". La Turquie a imposé les mêmes restrictions la semaine passée. Enfin, le gouvernement irakien a annoncé l'organisation jeudi d'un premier vol de rapatriement de migrants irakiens "sur la base du volontariat".

Le Bélarus a affirmé lundi vouloir faire rentrer "chez eux" les migrants campant à la frontière avec la Pologne, des assurances laissant dubitative l'UE, qui veut sanctionner Minsk qu'elle accuse d'avoir organisé cette crise migratoire.
Deux à trois mille personnes souvent originaires du Kurdistan irakien, dont de nombreux enfants, se préparaient lundi à passer une nouvelle nuit dehors...