Paris a appelé vendredi les dirigeants libanais à se pencher en "priorité" sur les réformes qui permettraient une sortie de la crise dans laquelle le pays s'enfonce depuis deux ans, "et notamment dans le secteur de l'énergie", alors que le rationnement en courant électrique, en place depuis des années, est de plus en plus sévère depuis des mois.
Lors d'une conférence de presse au Quai d'Orsay, la porte-parole de la diplomatie française a une nouvelle fois exprimé "sa profonde préoccupation au regard des violences survenues (jeudi à Beyrouth) ayant fait plusieurs morts et de nombreux blessés, dans le contexte des récentes entraves au bon déroulement de l'enquête relative à l'explosion survenue dans le port de Beyrouth". Elle a rappelé "le soutien qu'a apporté (la France) à toutes les étapes de l'enquête libanaise et son attachement à ce que la justice libanaise puisse travailler de manière indépendante et impartiale, sans entrave et avec le plein soutien des autorités libanaises".
Les incidents meurtriers de jeudi, qui ont fait sept morts et au moins 32 blessés, se sont produits en marge d'un rassemblement de centaines de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, devant le Palais de justice, pour protester contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion du port, le 4 août 2020. Rapidement, la mobilisation a viré en scènes de guérilla, transformant des quartiers de la capitale en zones de guerre. Les circonstances exactes de ces violences restent assez confuses dans la mesure où l'on ignore qui a tiré lors de la manifestation et sur qui ont tiré les miliciens du Hezbollah et d'Amal. Les deux mouvements chiites ont accusé la formation chrétienne des FL de Samir Geagea d'avoir posté des francs-tireurs, mais les FL ont catégoriquement démenti.
La France "appelle l'ensemble des parties concernées au calme", a réitéré la porte-parole, qui a estimé que "la priorité doit aller aujourd'hui à la mise en œuvre des réformes urgentes et nécessaires pour permettre au Liban de sortir de la crise, notamment dans le secteur de l'énergie". Le fournisseur public Électricité du Liban (EDL) tourne au ralenti depuis 2019, la crise libanaise et ses problèmes structurels ayant considérablement perturbé sa capacité à financer son carburant.
La porte-parole française a par ailleurs souligné que Paris est "prêt à se mobiliser pour soutenir" un processus électoral démocratique lors des législatives de 2022, "avec ses partenaires européens".
Ces élections devraient se tenir en mars 2022, mais la date officielle n'a toujours pas été annoncée par les autorités. Le scrutin est considéré comme une opportunité pour de nombreux libanais de changer la classe politique au pouvoir, accusée de corruption et d'incompétence, surtout depuis le soulèvement populaire d'octobre 2019.
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