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Dernières Infos - Pédocriminalité en France

Le pape dit sa "honte", Macron exige "vérité et réparation"


Le pape dit sa

Le pape François à son arrivée pour une audience au Vatican, le 6 octobre 2021. Photo REUTERS/Yara Nardi

Le pape François a exprimé mercredi au Vatican "sa honte" au lendemain de la publication d'un rapport accablant sur la pédocriminalité au sein de l'Eglise de France, qui selon le président Emmanuel Macron démontre qu'il y a "un besoin de vérité et de réparation".

"Je désire exprimer aux victimes ma tristesse, ma douleur pour les traumatismes subis et aussi ma honte, notre honte, ma honte pour une trop longue incapacité de l'Eglise à les mettre au centre de ses préoccupations", a affirmé la pape lors de son audience générale hebdomadaire, répétant plusieurs fois ce mot en présence d'évêques français. "C'est le moment de la honte", a-t-il insisté. Evoquant "une épreuve dure mais salutaire", il a appelé "les catholiques français à assumer leurs responsabilités pour que l'Eglise soit une maison sûre pour tous".

De son côté, Emmanuel Macron a "salué l'esprit de responsabilité de l'Eglise française qui a décidé de regarder ce sujet en face comme l'avaient fait d'autres Eglises à travers l'Europe en particulier". "Je souhaite que ce travail puisse se poursuivre dans la lucidité et l'apaisement. Notre société en a besoin. Il y a un besoin de vérité et de réparation", a-t-il estimé devant la presse en marge d'un sommet européen en Slovénie.

Mercredi au Vatican, quatre évêques français ont prié en silence avec le pape François avant le début de l'audience générale. "Le pape, l'air grave, nous a invités à prier ensemble en silence pour les victimes. Compassion et silence, tels étaient les deux seuls mots du pape", a raconté l'un d'entre eux, l'évêque auxiliaire de Lyon Emmanuel Gobilliard, cité par l'agence de presse i.media. Au cours de l'audience, François s'est tourné vers les quatre évêques français au moment d'appeler tous les responsables religieux à "poursuivre tous leurs efforts pour que de tels drames ne se reproduisent plus".

 "Immense chagrin" 

Une commission indépendante, qui a enquêté sur l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Eglise catholique de France, a rendu publiques mardi des conclusions accablantes, évaluant à 216.000 le nombre des enfants et des adolescents victimes de clercs et de religieux depuis 1950. Si l'on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise (enseignants, surveillants, cadres de mouvements de jeunesse, etc.), le chiffre passe à 330.000, a dit son président, Jean-Marc Sauvé, en dévoilant le rapport de la Commission indépendante sur les abus dans l'Eglise (Ciase).

Dès mardi, le porte-parole du Vatican avait réagi à ces informations, évoquant l'"immense chagrin" du pape devant "cette effroyable réalité". Le président de la Commission pontificale pour la Protection des mineurs, le cardinal Sean Patrick O'Malley, a lui aussi exprimé mardi son "profond chagrin" et "demandé pardon" aux victimes.

Face à la multiplication ces dernières années des scandales d'agressions sexuelles commises par des religieux, le pape a réagi en plusieurs étapes. En décembre 2019, il avait annoncé la levée du secret pontifical sur ces crimes et délits. Les plaintes, les témoignages et les documents des procès internes à l'Eglise peuvent désormais être livrés aux magistrats de la justice civile. La même année, le pape a rendu obligatoire le signalement à la hiérarchie de l'Eglise de tout soupçon d'agression sexuelle ou de harcèlement.

En 2021, l'Eglise catholique a en outre remanié son droit en matière de sanctions pénales, qui datait de 1983, avec un article explicite sur les crimes sexuels commis par des prêtres contre des mineurs et des personnes handicapées. Est également puni tout prêtre - mais aussi désormais tout religieux ou laïc ayant un poste dans l'Eglise - qui conduit un mineur à "participer à des exhibitions pornographiques" ou qui conserve des images pédopornographiques.

Les victimes continuent toutefois à déplorer que le clergé ne soit pas obligé de dénoncer des faits auprès de la justice civile, sauf si les lois du pays l'obligent. Le secret de la confession demeure en outre absolu.

Le pape François a exprimé mercredi au Vatican "sa honte" au lendemain de la publication d'un rapport accablant sur la pédocriminalité au sein de l'Eglise de France, qui selon le président Emmanuel Macron démontre qu'il y a "un besoin de vérité et de réparation".
"Je désire exprimer aux victimes ma tristesse, ma douleur pour les traumatismes subis et aussi ma honte, notre honte, ma...