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Culture - Installation

Un jeu de clés pour ouvrir les portes du passé

Le MAIF Social Club accueille depuis le 3 septembre une installation immersive signée Tania el-Khoury et intitulée « Cultural Exchange Rate ». Une expérience sensorielle, esthétique et participative insolite, entre l’enquête sociale et le jeu de piste.


Un jeu de clés pour ouvrir les portes du passé

Le visiteur est invité à découvrir le contenu des capsules, que ce soit un document audio, une vidéo, un objet tactile, un aliment à goûter. Photo ©Ali Beidoun

Jusqu’au 11 septembre, le public parisien est invité à s’inscrire dans les différents créneaux proposés par le MAIF Social Club pour venir jouer les détectives dans les méandres migratoires du parcours familial de Tania el-Khoury, déployé sur trois continents. Chloé Tournier, responsable de la programmation de ce lieu d’exposition financé par l’assureur français du monde de l’éducation, de la culture et du secteur associatif, en rappelle la ligne éditoriale. « Nous sommes situés à deux pas de la place des Vosges, notre programmation est gratuite et vise à penser et interroger le monde d’aujourd’hui, autour de la notion de bien commun, à travers des projets artistiques pluridisciplinaires, des performances, des spectacles vivants, des ateliers, des conférences... Il y a quelques années, nous avons déjà accueilli le travail de Tania, intitulé As Far As My Fingertips Take Me, et cette performance avait été très appréciée du public, notamment la façon de poser des questions politiques et sociétales avec une grande poésie. Dans son travail, l’artiste tend à impliquer le spectateur physiquement et émotionnellement. »


Tania el-Khoury sur les traces d’un passé d’exil. Photo DR

Actuellement à New York, où elle dirige depuis avril 2021, avec Ziad Abu-Rish, l’OSUN (Open Society University Network, NDLR) Center for Human Rights and the Arts, au Bard College, Tania el-Khoury présente son travail comme une approche vivante de l’art, où le public est un agent actif de l’œuvre qu’il considère. « J’ai mis en place Cultural Exchange Rate en 2019, et j’ai déjà proposé le projet à Munich, New York, Athènes, Ljubljana et maintenant Paris. Après cette exposition, il sera entre autres montré à Vitry puis à Lyon », précise celle qui est cofondatrice du Dictaphone Group au Liban, un collectif de recherche et de performance visant à interroger la ville et son espace public.

La performance immersive proposée au MAIF Social Club provient d’une enquête généalogique et migratoire transversale, qui part d’un village du Akkar pour poursuivre son chemin à Mexico, aux États-Unis et en Europe. « J’ai essentiellement rassemblé des objets personnels qui appartenaient à ma famille, et d’autres éléments que j’ai trouvés au cours de mes voyages. J’ai également fréquenté des lieux plus officiels, pour retrouver le certificat de naissance de mon grand-père à Mexico par exemple, ce qui m’a fait découvrir la trace d’autres émigrés syriens et libanais dans les années trente », confie celle dont les recherches portent sur le potentiel politique de l’interactivité du public.


Chaque élément renseigne sur un aspect de l’histoire familiale de Tania el-Khoury. Photo ©Ali Beidoun

Des capsules de mémoire sensorielle pour appréhender l’histoire

Cultural Exchange Rate relève à la fois de la performance, des arts numériques, de la recherche historique et des sciences sociales, et se déploie dans un espace de mémoire intellectualisé et matérialisé sous la forme de casiers qui contiennent les traces d’un passé d’exil. « Par groupe de dix personnes, on entre dans une salle qui reconstitue un espace d’archives et on se voit remettre un jeu de clés ; leur ordre diffère selon les personnes et chacun est invité à découvrir le contenu des capsules, que ce soit un document audio, une vidéo, un objet tactile, un aliment à goûter... Chaque élément renseigne sur un aspect de l’histoire familiale de Tania el-Khoury », explique Chloé Tournier, qui insiste sur la dimension visuelle saisissante que dessinent les différents cheminements des visiteurs. « Les spectateurs sont amenés à se croiser dans le ballet chorégraphique de leurs parcours, qui aboutit à la découverte d’un mystérieux coffret, qui sera le support d’un échange collectif sur la grande table, placée au centre de l’espace de l’exposition », poursuit la responsable de programmation du MAIF Social Club.


Le parcours de 45 minutes proposé offre un contenu très riche, entre le témoignage historique et le vécu familial. Photo ©Ali Beidoun

« Ce qui m’intéresse, c’est d’explorer l’effet du franchissement des frontières dans la vie des hommes, et comment ce mouvement affecte la dimension économique. J’observe comment les gens passent naturellement d’un endroit à un autre pour survivre. Globalement, il s’agit de migrations et d’économies, essentiellement pour les minorités. Les clés manifestent le geste de découvrir des espaces fermés. Dans le cadre de mon poste actuel, je travaille sur la mise en place d’un festival autour des notions de nourriture, de souveraineté alimentaire et de développement durable », commente Tania el-Khoury, qui a déjà exposé son travail dans plus de trente pays.

Chloé Tournier se réjouit du vif succès que rencontre Cultural Exchange Rate. « Le parcours de 45 minutes proposé offre un contenu très riche, entre le témoignage historique et le vécu familial, et cette expérience artistique nous habite et continue à travailler bien après l’exposition. Je crois que le public apprécie la forme nouvelle de la proposition, entre la théâtralité et l’installation ; il y a une volonté de ne pas séparer l’approche intellectuelle de la dimension ludique, que nous avons tendance à opposer en France. Tania, qui a baigné dans d’autres cultures, réconcilie ces deux aspects, ce qui fait la singularité de son travail sur la scène contemporaine française », conclut Chloé Tournier.

Jusqu’au 11 septembre, le public parisien est invité à s’inscrire dans les différents créneaux proposés par le MAIF Social Club pour venir jouer les détectives dans les méandres migratoires du parcours familial de Tania el-Khoury, déployé sur trois continents. Chloé Tournier, responsable de la programmation de ce lieu d’exposition financé par l’assureur français du monde de...

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